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Cinq questions à Nicoletta Manni, Principal de la Scala de Milan, pour Le Lac des Cygnes d’Alexeï Ratmansky

Le ballet de la Scala de Milan est à Paris jusqu’au 13 novembre pour danser Le Lac des Cygnes d’Alexeï RatmanskyNicoletta Manni, Principal de la compagnie, danse le rôle d’Odette/Odile lors de cette tournée. Cette danseuse a eu une carrière météorique, entrée dans le corps de ballet de la Scala de Milan au printemps 2013 et Principal trois ans plus tard. Rencontre avec la ballerine pour parler de ce Lac des Cygnes, une reconstruction ambitieuse basée sur les notations Stepanov qui avaient minutieusement recensées la chorégraphie de Marius Petipa lors de la création de Saint-Pétersbourg. 

Nicoletta Manni et Timofej Andrijashenko-Le Lac des Cygnes-Acte 2.

Nicoletta Manni et Timofej Andrijashenko – Le Lac des Cygnes – Acte 2

Vous avez créé le double rôle d’Odette/Odile de ce Lac des Cygnes revu et revisité par Alexeï Ratmansky lors de la création à la Scala en juillet dernier et vous le reprenez lors de cette tournée à Paris. Qu’est-ce qui est fondamentalement différent pour vous dans cette production ?

En fait, c’était pour moi la deuxième fois que je travaillais avec Alexeï Ratmansky car j’avais déjà dansé sa version de La Belle au Bois Dormantqui est aussi au répertoire de la Scala et qui est également basée sur les notations Stepanov. J’étais donc déjà préparée à sa méthode de travail. Je dois dire que c’était très dur au début de revenir à ce style, tel qu’il était lors de la création du Lac des Cygnes, car le corps des danseur.ses.s n’est plus le même. C’est en particulier compliqué de danser à la même vitesse qu’à cette époque et d’utiliser les bras comme ils le faisaient. C’était donc un travail très dur pour parvenir à capter ce style et être aussi proche que possible de la production originale.

 

Quelles sont justement les difficultés pour s’approprier techniquement le travail d’Alexeï Ratmansky ?

Il y a tout d’abord la pantomime qui est soit très réduite, soit carrément inexistante dans les autres versions. Dans cette production, vous pouvez voir tous les épisodes de pantomime, ce qui permet au public de mieux comprendre le récit. Alexeï Ratmansky était particulièrement exigeant sur cet aspect du travail afin de nous approprier les bons gestes qui permettent de raconter l’histoire de manière très claire.

L’autre difficulté, c’est le tempo : cela va beaucoup plus vite que dans d’autres versions. Cela se voit d’ailleurs tout de suite : les jambes ne montent jamais au-delà de 90°, les attitudes sont très courtes car vous devez bouger vraiment très vite. Le rôle d’Odette est très différent si je le compare à la version de Rudolf Noureev que j’ai dansée auparavant. Dans la version d’Alexeï Ratmansky, elle est humaine, ce n’est pas un cygne et vous ne verrez pas sur scène les bras qui montent et descendent imitant le vol d’un oiseau comme on voit dans toutes les productions. Ici, Odette est une femme et Alexeï Ratmansky insiste aussi sur cette féminité. Personnellement, cela m’a permis de comprendre un autre aspect du rôle d’Odette. Et même si je danse dans l’avenir d’autres versions du Lac des Cygnes, j’aurai en moi cet acquis du travail avec Alexeï Ratmansky sur ce rôle et c’est très important. Cela n’a pas changé ma vision du rôle mais elle est beaucoup plus complète et j’emporterai cela dans mon travail à venir.

Nicoletta Manni en répétition avec Alexeï Ratmansky.

Nicoletta Manni en répétition avec Alexeï Ratmansky.

Comment se passait le travail en studio avec Alexeï Ratmansky ?

Il est extrêmement précis et en même temps très ouvert. Il peut demander par exemple de tourner la tête vers la droite, puis constater que cela ne fonctionne pas et changer. Il y avait plein de détails de ce genre pendant les répétitions. Et en même temps, il est très précis et sait parfaitement ce qu’il veut et ce qu’il veut voir sur scène. Il est aussi très particulier dans l’appréhension de la partition : il fait entendre absolument toutes les notes, il n’y a plus aucun espace libre et chaque pas doit s’ajuster très précisément à telle note. Il est aussi très exigeant sur cette partie-là du travail. Ce qui est agréable, c’est qu’il est toujours très calme dans le processus des répétitions : il sait ce qu’il veut obtenir mais jamais il n’élève la voix. Il est d’un calme olympien et cela lui permet d’arriver là où il veut arriver.

 

Est-ce que le travail avec vos partenaires est aussi très différent ?

Oui ! Il y a déjà dans l’acte II le fameux adage, qui dans cette version devient un pas de trois entre Odette, Siegfried et Benno, l’ami du Prince. Et puis, les danseurs font des pirouettes avec un seul bras. Cela n’a l’air de rien mais c’est très difficile pour eux. Il n’y a pas non plus de portés très hauts et cela aussi, c’est très exigeant physiquement. Et évidemment,  cela va toujours à toute allure.

 

Avez-vous préféré travailler le rôle d’Odette ou celui d’Odile ?

Habituellement, je préfère danser Odile car c’est une personnalité très forte et Odette est plus froide. Mais dans cette version, elle est vivante comme une femme réelle. Elle n’est pas un cygne dans cette production d’Alexeï Ratmansky, elle est une princesse !

 

Le Lac des Cygnes d’Alxeï Ratmansky par la Scala de Milan, à voir au Palais des Congrès de Paris jusqu’au 13 novembre.

 

Commentaires (1)

  • Great Post and Very Inspiring..

    Thanks for sharing

    Simon

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