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Cinq questions à Jean Guizerix, chorégraphe de la comédie musicale Passion au Théâtre du Châtelet

La comédie musicale Passion de Stephen Sondheim s’installe au Théâtre du Châtelet du 16 au 24 mars. Et l’affiche est prestigieuse, entre Fanny Ardant à la mise en scène ou Natalie Dessay dans le rôle principal de Fosca. Jean Guizerix, Danseur Étoile éclectique à l’Opéra de Paris de 1972 à 1990, fait aussi partie du projet en tant que chorégraphe. Rencontre pendant les dernières répétitions.

Répétition de Passion - Charlotte Arnould (Fosca jeune fille) et Damian Thantrey (Count Ludovic)

Répétition de Passion – Charlotte Arnould (Fosca jeune fille) et Damian Thantrey (Count Ludovic)

 

Comment êtes-vous arrivé sur Passion ?

Le directeur du Châtelet Jean-Luc Choplin m’a proposé d’être le chorégraphe de Fanny Ardant. J’avais une vraie admiration pour cette grande dame, mais nous ne nous étions jamais croisés. C’était un désir et un plaisir de rencontrer cette personne et sa réflexion, et de pouvoir tenter de l’aider. Fanny Ardant est très précise dans son travail de mise en scène et de direction des chanteur.se.s. Elle est arrivée en répétition en ayant prémédité beaucoup de choses, elle avait un cahier avec des croquis des scènes. C’est une personne pleine d’humour, d’intelligence, de finesse.

 

Passion n’a pas de grande chorégraphie. Quel a été votre travail sur ce spectacle ?

Fanny Ardant souhaitait que les chanteur.se.s et acteur.rice.s soient dans leur corps les plus aidé.e.s possible, les plus à l’aise. Il s’agit de comprendre les intentions et de comment aider les chanteur.se.s à les exprimer de façon physique et organique, dans la gestuelle. Je ne cherche pas à faire danser ces acteurs-chanteurs, je ne les transforme pas en danseurs. Je travaille à les faire se mouvoir, s’émouvoir, J’ai apporté dans la façon d’être, de se tenir, de s’attraper. Ce sont de grands professionnels, c’est une équipe américaine très rôdée. Et Natalie Dessay a un magnifique métier, c’est une personne très sensible et fine. Il y a eu beaucoup de complicité de travail.

 

Il y a aussi une danseuse dans la troupe, qui joue la jeune Fosca. Quel a été votre travail là-dessus ?

J’ai réglé une longue séquence de sept minutes, au moment du flash-back de l’héroïne Fosca. Elle se revoit jeune fille, revivant une grande humiliation face à l’amour de sa vie. La jeune Fosca est interprétée par une danseuse de 20 ans, Charlotte Arnould (ndlr : qui entre dans le cycle Étudianse du CNSMDP l’année prochaine). D’autres personnages se mêlent à la scène. J’ai aussi tout un travail à un certain niveau de l’occupation de l’espace, par rapport à des regroupements de soldats. Je ne cherche pas à faire passer un certain langage chorégraphique, plutôt une forme de rythmique et de qualité de mouvement. C’est à régler en fonction de la musique.

Répétition de Passion - Natalie Dessay (Fosca), Ryan Silverman (Giorgio Bachetti) et Erica Spyres (Clara)

Répétition de Passion – Natalie Dessay (Fosca), Ryan Silverman (Giorgio Bachetti) et Erica Spyres (Clara)

Vous n’aviez jamais travaillé sur une comédie musicale auparavant. Pourquoi cette envie ?

Et pourquoi pas ? Je suis toujours curieux de choses nouvelles qui ouvrent des horizons, qui font voir le langage du corps de façon un peu différente. J’aime faire des chorégraphies, mais aussi des mises en piste, des ateliers, enseigner à l’école du cirque, faire des recherches historiques sur des écrits de Saint-Léon. Toutes formes d’expérience m’amusent, c’est toujours excitant. Ma vie de danseur s’est située dans ces horizons très divers : j’ai dansé du baroque, Merce Cunningham, Giselle, Jerome Robbins, La Belle au bois dormant, Iouri Grigorovitch… Ma carrière a été hétéroclite et j’ai été heureux de ne pas me cantonner à une seule façon de faire.

 

Quel était votre rapport à la comédie musicale avant Passion ?

J’ai découvert West Side Story quand j’étais adolescent, j’ai vu les grandes comédies musicales : Crazy for You, On the Town, Pippin… Qu’est-ce que c’est beau ! J’en profite chaque fois que je passe à New York. L’école de la comédie musicale américaine est vraiment admirable, elle est d’un immense professionnalisme.

 

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