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Rencontre avec Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Léonore Baulac, Sujet à l’Opéra de Paris, a été choisie pour être la nouvelle égérie Merlet. Après avoir travaillé avec des Petits Rats, la marque de danse s’est donc tournée vers une danseuse de la compagnie, qu’elle va suivre pendant plusieurs années. Jeune talent du Ballet de l’Opéra de Paris, Léonore Baulac a été promue Sujet et a reçu le Prix AROP en novembre dernier, avant d’interpréter le rôle de Clara dans Casse-Noisette.

 

Découvrez les photos du shooting de Léonore Baulac pour Merlet au Palais Garnier : 

 

Entretien avec Léonore Baulac et Sophie Boardman, responsable Danse chez Merlet

Pourquoi Merlet a choisi Léonore Baulac ? Comment s’est déroulé le shooting ? Comment va se passer cette collaboration ? Rencontre croisée entre Léonore Baulac et Sophie Boardman, responsable Danse chez Merlet

 

Merlet a recommencé à avoir des égéries il y a trois ans avec des élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Pourquoi se tourner désormais vers une danseuse professionnelle ?

Sophie Boardman : J’ai initié ce projet lors de mon arrivée chez Merlet. Je voulais garder l’identité de la marque, qui a un public d’amateurs du débutant au pré-professionnel, en travaillant avec de jeunes espoirs. Il fallait des apprenties-danseuses avec une qualité technique de travail qui soit apparente sur les catalogues. L’on y remarque tout de suite les codes de la danse comme de longues jambes ou le cou-de-pied et ce travail à la française que représente l’École de l’Opéra.

Nous avons travaillé pendant trois ans avec Élisabeth Platel et des élèves de l’École de Danse. Nous avons eu ensuite envie de collaborer avec une professionnelle, qui pourrait autant nous apporter aussi bien en termes d’image qu’en termes de recommandation de produits. Pour rester dans les codes de Merlet, l’idée était de suivre non pas une Étoile, mais une jeune talent qui évolue. Nous souhaitions que cela soit un réel échange, pas uniquement un shooting photo. Nous voulons travailler sur du long terme avec la danseuse. Le contrat qui lie Merlet à Léonore Baulauc court d’ailleurs sur cinq ans.

 

Pourquoi avez-vous choisi Léonore Baulac ?

Sophie Boardman : Merlet voulait quelqu’un qui ait un potentiel d’évolution. Je suis l’actualité de la danse, je vais régulièrement voir des spectacles. J’avais remarqué Léonore Baulac, elle se démarque en scène. Elle correspond à l’image de Merlet, dans le sens où c’est une jeune danseuse en devenir, qui peut danser aussi bien du classique que du contemporain.

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Léonore, quelle a été votre réaction lorsque Merlet vous a contactée ? Quelle était votre image de cette marque ?

Léonore Baulac : Merlet m’a contacté en juillet 2014. J’étais évidemment très contente et flattée de représenter une marque de danse. On s’est rencontré pour en discuter. Cela a pris un peu de temps du côté de l’Opéra de Paris, qui était en plein changement de direction. Cela m’a laissé le temps d’y réfléchir. C’est une décision importante de représenter une marque comme celle-ci, d’en être l’image. Je portais des chaussons Merlet quand j’ai commencé la danse.

Sophie Boardman : Pour un autre projet, qui ne s’est finalement pas fait, nous avions contacté Mathilde Froustey qui partait aux États-Unis. La première chose qu’elle a faite a été de m’envoyer une photo d’elle petite avec des chaussons Merlet aux pieds. Tous les danseur-se-s commencent avec des Merlet !

 

Pourquoi avoir choisi le Palais Garnier pour le shooting ?

Sophie Boardman : Le Palais Garnier est un lieu emblématique dans le monde de la danse. L’idée du shooting est aussi de raconter une histoire, suivre Léonore Baulac sur une journée. Garnier est son lieu de travail. Il y a ainsi des photos dans le studio Noureev, plus axées sur l’ambiance d’une répétition. Puis on a shooté au Foyer de la danse, lieu de transition entre la répétition et le plateau. Léonore Baulac y pose d’ailleurs en tutu, comme juste avant de rentrer en scène. Elle regarde rarement l’objectif. On la voit se corriger dans la glace, dans une attitude de travail.

 

Le choix du tutu de Clara dans Casse-Noisette pour les photos, c’était comme une évidence ? C’est votre premier rôle d’Étoile.

Léonore Baulac : C’est une proposition de Sophie Boardman. Nous avons des contraintes, certains tutus ne sont pas toujours disponibles. Mon tutu de Clara l’était. Il est très beau, c’est un rôle qui compte beaucoup pour moi et il s’accorde très bien graphiquement au Foyer de la danse.

 

Comment s’est déroulé le shooting ? Il y avait beaucoup d’improvisations ou les poses étaient pré-définies ?

Léonore Baulac : Un peu des deux. Comme j’avais le tutu de Casse-Noisette, je voulais que les photos restent en accord avec le ballet. Je ne voulais pas faire des pas trop contemporains, néo-classiques, ou même trop emblématiques d’un autre ballet. Je suis restée dans le répertoire de Casse-Noisette, où il y a beaucoup d’arabesques.

Sophie Boardman : Pour les photos d’échauffement, Léonore Baulac faisait sa barre au ralenti. Sur d’autres, elle faisait une diagonale de Casse-Noisette et le photographe la prenait en vol. Il y a eu finalement assez peu de photos posées. Je voulais que les clichés soient dans le mouvement.

 

Les danseuses sont très critiques avec leurs photos de danse, remarquant chaque petit défaut. Comment cela s’est passé pour vous ?

Léonore Baulac : Dans mon travail quotidien, je travaille beaucoup avec la vidéo. Je suis donc régulièrement confrontée à mon image. C’est très dur au début, mais au bout d’un moment on arrive à se détacher, à s’habituer, même parfois à trouver des choses pas mal (rires). Ce travail permet d’évoluer énormément, et de ressembler à ce à quoi l’on voudrait ressembler, et donner ce que l’on a envie de donner.

Sophie Boardman : Lors du shooting, Léonore Baulac voulait faire et refaire le mouvement jusqu’à ce que le rendu soit parfait. C’est aussi ce que l’on attend d’elle. Il y a des photos que je trouvais parfaites, mais où Léonore Baulac remarquait une petite crispation dans le cou, un regard qui n’était pas au bon endroit, des petits détails qui ne sont pas forcément gênants lorsque l’on regarde le cliché mais qui sont importants pour les danseur-se-s.

Léonore Baulac : Le photographe David Herrero a vraiment su capter mes mouvements et mes intentions. Parfois, le photographe peut s’attacher beaucoup à ce qu’il y a autour, comme la lumière, et le-la danseur-se fait surtout attention à la perfection de son mouvement. Il faut être sur la même longueur d’onde. Une photo où la lumière est sublime mais où j’ai le pied en-dedans, ce n’est pas possible. Tout s’est très bien passé avec David Herrero, qui est un ancien danseur.

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Portez-vous des chaussons Merlet au quotidien ?

Léonore Baulac : Je n’en mettais pas avant, mais maintenant oui. Mes demi-pointes sont des Merlet. La marque m’a aussi fait parvenir les pointes Diva, que j’ai mises pour la première fois lors du spectacle de François Alu à Bourges. Changer de pointes est une des choses les plus difficiles qui soient pour une danseuse. Nous passons notre temps à les casser ou les broder pour qu’elles soient à nos pieds. J’ai trouvé énormément de points positifs à ces pointes Diva. Elles ont des bouts anti-dérapants, la semelle n’est pas du tout chancelante, on est bien à plat. À l’Opéra, nous n’avons pas de scène glissante. Mais les scènes de gala glissent généralement beaucoup. Quand on arrive sur une scène inconnue, où l’on a peu répété, dans de mauvaises conditions, c’est super d’avoir quelque chose de rassurant comme ses pointes, de pouvoir y aller en confiance.

Sophie Boardman : Nous allons aussi travailler dessus, avec les retours de Léonore Baulac, pour lui proposer des pointes qui conviennent parfaitement à ses attentes.

 

Comment vont se décliner ces photos ? Et comment cette collaboration va-t-elle évoluer ?

Sophie Boardman : Notre catalogue reste notre support phare et présente notre égérie. Il y aura une interview de Léonore Baulac, un portrait chinois, un édito qu’elle a écrit. Les clichés seront ensuite relayés sur les réseaux sociaux et notre site Internet Nous déclinerons quelques photos en posters ou cartes postales, vendues dans les boutiques de danse. Par la suite, pourquoi pas imaginer une ligne autour de Léonore Baulac ? Merlet est spécialisé dans les chaussons et accessoires. On peut imaginer des pointes Léonore, une petite gamme autour du chausson, des produits spécifiques imaginés à partir de ses demandes.

Léonore Baulac : J’ai déjà pensé à un sac répondant à des soucis pratiques que l’on a en tant que danseuse, comme celui de retrouver ses pointes. On peut imaginer un sac avec des compartiments pour les différentes pointes, pour que l’on puisse les repérer facilement, que l’on ne se demande plus quelle pointe va avec laquelle lorsque les paires se défont, lesquelles sont usées, neuves… C’est un problème très personnel, mon sac est très mal organisé ! (rires).

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

Léonore Baulac, nouvelle égérie Merlet

 

Léonore Baulac : “L’arrivée de Benjamin Millepied a tout changé pour moi”

Après cette rencontre autour de Merlet, place à la carrière de Léonore Baulac, qui a beaucoup évolué depuis quelques mois.

 

Être promue Sujet a-t-il changé beaucoup de choses dans votre quotidien ?

Pas pour l’instant, les distributions actuelles ont été faites avant le Concours. C’est très satisfaisant personnellement bien sûr, mais ce n’est pas le changement le plus important. Danser Clara l’a été beaucoup plus, et je l’ai dansée en tant que Coryphée. C’était une opportunité très surprenante, magnifique. Avoir un rôle d’Étoile, ce n’est pas un petit changement, que ce soit dans la vie comme dans l’organisation ou les répétitions.

Casse-Noisette - Léonore Baulac

Casse-Noisette – Léonore Baulac

Comment gérer la pression d’un passage aussi rapide du corps de ballet au premier rôle ?

Je me suis forcée à ne voir que le côté positif et à travailler pour faire le mieux possible sur cette opportunité. Je ne voulais pas me prendre la tête avec le stress et la jalousie. On peut très vite se détruire le moral à cause de ça, et j’avais justement besoin d’un bon moral. Le plus stressant a été au moment du Concours de promotion. J’avais déjà dansé Clara. Je savais qu’une déception aurait été très compliquée. Ça aurait été difficile pour moi d’aller ensuite en scène dans un rôle d’Étoile alors que je n’étais pas passé Sujet. De toute façon, le Concours, c’est toujours stressant (sourires).

 

Sur cette série de Casse-Noisette, vous alterniez le rôle principal et le corps de ballet. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?

Ce fut un tel un marathon que je prenais chaque jour l’un après l’autre. Les soirs dans le corps de ballet, je faisais du mieux que je pouvais. J’ai vraiment beaucoup aimé danser Clara. Mais c’était une telle pression, un tel stress qu’il y avait comme un petit soulagement d’être parfois dans la masse.

 

Un questionnaire a été envoyé à tou-te-s les danseur-se-s pour savoir s’ils souhaitaient garder le Concours de promotion. Qu’avez-vous répondu ?

Dans ma position, c’est compliqué de dire non. Mais je me suis plutôt prononcée contre le Concours, sans y être 100 % opposée. Le Concours donne faussement l’opportunité à tout le monde. Les choses ne se déroulent jamais de façon complètement objective. Et est-ce que l’on peut être objectif sur deux fois 1 minute 30 une fois dans une année ? Ce n’est pas vraiment représentatif d’un an de travail.

Le Concours peut être utile quand on est Quadrille ou parfois Coryphée, même si personnellement il ne m’a pas réussi. Lorsque l’on est Quadrille, il arrive que l’on monte très peu sur scène, ou dans des choses où l’on ne peut pas montrer sa façon de danser. Quand on danse le 24e cygne, il y a peu de chance que l’on nous regarde, en dehors du fait d’être en ligne. L’opportunité de se montrer pourrait très bien se faire dans un spectacle, ce serait moins traumatisant (rires). Mais c’est compliqué de donner une chance à tout le monde, c’est pour ça que je ne suis pas complètement contre. Pour les Sujets, c’est différent. Chaque année, quatre ou cinq peuvent monter. Elles ont toutes leurs chances dans des premiers rôles. Si l’on n’arrive pas à les départager avec ça, ce n’est pas sur 1 minute 30 que l’on va y arriver.

Leonore Baulac - Concours de promotion 2014, variation libre (The Four seasons)

Leonore Baulac – Concours de promotion 2014, variation libre (The Four seasons)

Est-ce que votre quotidien commence à changer avec Benjamin Millepied ?

Personnellement, cela a tout changé. Je ne dansais pas, et depuis son arrivée je me suis mise à danser. J’avais eu un changement quand je suis passée Coryphée, j’ai eu des petits rôles. Disons que ça a monté crescendo. Mais il m’a donné des opportunités que je n’aurais pas eues sans lui. Avoir un rôle d’Étoile, ce n’est pas un petit changement, c’est énorme. Mais ça l’est finalement pour tout le monde, car les choses n’avaient pas changé depuis 20 ans. Ce n’est pas forcément une question d’aller dans le bon ou le mauvais sens, c’est juste vraiment différent.

 

Les choses se mettent en place au niveau du changement de l’organisation de la journée, de la santé ?

Pour le déroulement de la journée, c’est en discussion. Il y aura une période de test pour savoir si ça nous ira. Le premier gros changement est que nous avons maintenant des masseurs présents tout le temps. Quand je me fais masser 2-3 fois par semaine les mollets, je ne vais pas avoir les mêmes douleurs que sans. Je me faisais déjà masser avant, mais à l’extérieur. Avoir des masseurs sur place, c’est un gros gain de temps, d’énergie et aussi de budget.

 

Qu’est-ce qui vous tente comme ballets la saison prochaine ?

Je trouve cette nouvelle saison assez excitante, il y a plein de choses nouvelles et beaucoup de néo-classique, un style que j’aime beaucoup et dans lequel je me sens bien. George Balanchine, Jerome Robbins, cela me plaît. Dans les nouveautés, j’aimerais beaucoup être sur la création de William Forsythe, mais je crois que c’est le cas de tout le monde ! Le fait qu’il devienne chorégraphe résident était vraiment inattendu, c’est la bonne surprise ! Beaucoup de danseurs et danseuses sont globalement excités par les mêmes choses. Il y a ensuite des points d’interrogation sur des chorégraphes que l’on connait moins.

Leonore Baulac - C,oncours de promotion 2013 - Variation libre - In the middle de William Forsythe

Leonore Baulac – C,oncours de promotion 2013 – Variation libre – In the middle de William Forsythe

Quels sont les rôles que vous rêvez de danser dans l’absolu, et avec qui ?

Je rêve de danser Juliette dans Roméo et Juliette, et si tout est permis avec Mathieu Ganio ! Puis Le Sacre du Printemps de Pina Bausch. C’est une expérience que j’aimerais vraiment vivre, peu importe le rôle et la place, et je trouve la musique vraiment grandiose. Mon troisième choix serait Giselle, avec Mathieu Ganio ou François Alu. Enfin, je rêve de la jeune sœur dans La Maison de Bernarda de Mats Ek, aux côtés de Stéphane Bullion. Donc trois de mes quatre ballets préférés sont programmés la saison prochaine !

Je suis à moitié-norvégienne, j’aimerais donc aussi danser sur la scène d’Oslo. Leur opéra est très beau. J’avais passé une audition là-bas en première division, je préférais danser à l’étranger que d’être la dixième surnuméraire, j’avais envie de danser rapidement. J’ai revu la troupe en septembre au Théâtre des Champs-Élysées avec un programme Jiří Kylián. J’ai eu un coup de foudre pour le ballet Gods and Dogs. Je rêve aussi de la Fenice, le superbe théâtre de Venise. Je n’ai pas du tout des goûts de luxe ! (rires).

 

Commentaires (3)

  • Joelle

    ITW très sympa et jolies photos ! On espère juste pour léonore qu’elle va (bien) s’habituer aux équipements Merlet !! 🙂

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  • Ornella

    Très sympathique cette Léonore. Trop contente qu’elle soit devenue égérie Merlet !

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  • Marc Acquaviva

    Léonore dans ” Le Sacre ” je meurs …!!! A la Fenice je ressuscite …!!!

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