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Sylvia de Manuel Legris au Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

Sylvia de Manuel Legris fait son entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, du 8 mai au 4 juin au Palais Garnier. C’est un retour attendu, aussi bien du danseur ancienne star de la Maison que du ballet, oublié à Paris depuis plusieurs décennies. Alors on se plonge dans Sylvia : petit historique de l’œuvre, présentation de la trame (et ça va à toute allure) et des personnages, et bien sûr notre traditionnel point sur les distributions.

 

Sylvia de Manuel Legris – Manuel Legris et Valentine Colasante en répétition

 

Sylvia, un retour attendu

Enfin un nouveau ballet classique à l’Opéra de Paris ! Même si Sylvia n’est pas en soi une création, voilà qui fait du bien dans le répertoire de l’institution et le rythme de la saison. Sur la superbe musique de Delibes, l’œuvre fut le tout premier ballet créé au Palais Garnier, en 1876, sur une chorégraphie de Louis Mérante. Sylvia inspira ensuite George Balanchine, Serge Lifar, Léo Staats ou Frederick Ashton, qui en fit une version de référence en 1952 pour le Royal Ballet.

Et à Paris ? Lycette Darsonval en fit une très belle production en 1979, qui ne fut pas reprise. En 1997, place à John Neumeier qui en proposa une version plus contemporaine et qui fit les beaux jours de la génération d’Étoiles des années 2000. Mais elle n’a plus été dansée depuis 2005, excepté des extraits lors de quelques galas. Hormis une tournée du Ballet National de Chine en 2009 avec une Sylvia traditionnelle (il faut voir ainsi les circonvolutions du répertoire !), ce ballet n’a ainsi plus été vu depuis 20 ans sur la scène du Palais Garnier qui l’a vu naître, presque 50 ans pour une version classique. Il était donc temps d’y remédier. José Martinez a ainsi fait appel à Manuel Legris, Étoile emblématique de la Maison de l’ère Noureev et Lefèvre, qui a monté une Sylvia classique en 2018 au Ballet de Vienne alors qu’il en était le directeur. La production est ensuite passée par le Scala de Milan, toujours sous sa direction. Avant d’arriver maintenant au Ballet de l’Opéra de Paris. Cette Sylvia sera donc, pour une large partie du public, une véritable découverte.

 

Sylvia de Manuel Legris – Amandine Albisson et Germain Louvet en répétition

 

Les personnages

Peu de vidéos circulent sur la Sylvia de Manuel Legris. Difficile donc de se faire idée, si ce n’est pas le synopsis détaillé de ce ballet en deux actes et un prologue. Dans ce décor champêtre, à l’inspiration mythologique assumée, cinq personnages dominent.

Sylvia – L’héroïne du ballet. Nymphes de la déesse Diane, et de ce que l’on comprend sa BFF et confidente, elle a juré comme sa reine de renoncer à l’amour. C’était sans compter sur l’arrivée d’Aminta, berger amoureux de Sylvia, qui se glisse vers le temple de Diane. Sylvia tombe en amour, aidée par le dieu Eros qui sait tirer ses flèches au bon moment. Après de multiples rebondissements, enlèvements et danses des nymphes, choisira-t-elle la fidélité à Diane ou l’amour d’Aminta ? Osons spoiler : elle choisira la deuxième solution. Le ballet tire sa trame de son déchirement intérieur entre Diane et Aminta, la sagesse de ce que l’on attend d’elle ou la vraie vie. 

Diane – Déesse de la chasse, elle règne sur ses Chasseresses et met à mal tous les hommes qui osent entrer sur son territoire. Mais Diane a un secret : Endymion. Jeune homme dont elle est terriblement amoureuse, qu’elle a endormi pour pouvoir le contempler dans toute sa jeunesse sans renoncer à ses vœux de chasteté. Le prologue s’ouvre sur son rêve, où Endymion se réveille et qu’elle peut se laisser emporter par l’amour. Elle choisira au final de rester fidèle à ses vœux, en opposition à Sylvia.

Aminta – Le Prince charmant – en fait un berger – du ballet. Il est beau, il est amoureux de cette mystérieuse Sylvia et il n’a peur de rien. Pas même d’aller la voir et de lui déclarer son amour, malgré le courroux de Diane. Par contre ne comptez pas sur lui pour sauver Sylvia des griffes d’Orion : elle se débrouille très bien toute seule. Ni même de défendre le temple de Diane toujours face à Orion : la déesse le fait très bien toute seule.

Orion – Ce qui nous amène à Orion, le Méchant de l’histoire, le Chasseur noir. Au premier acte, il enlève Sylvia avec ses sbires. Au deuxième acte, il boit trop ce qui permet à la nymphe de s’enfuir. Une fois qu’il a décuvé, sur la fin du ballet, il tente une deuxième tentative mais se fait pourfendre par les flèches de Diane.

Éros – L’électron libre, qui tire toujours ses flèches au bon moment et pas rancunier. Alors que Sylvia déverse sa colère sur lui avec son arc (elle touchera en fait Aminta, mais qui survivra grâce au jeune Dieu déguisé en sorcier), il lui lance une flèche lorsqu’elle regarde le berger : le sort d’amour est lancé. Il guide Aminta vers Sylvia tout au long du ballet, convainc Diane de laisser sa nymphe mener sa propre vie. C’est lui qui tire les ficelles.

Endymion – Le fantasme de Diane, endormi. Il ne se réveille qu’en songe, au prologue et à la fin du ballet. On pressent donc un petit rôle, mais qui doit marquer ses passages : il incarne le dilemme de Diane.

À cela s’ajoutent un Faune et une Naïade, que l’on devine être les meneurs et meneuses des deux groupes.

 

Sylvia de Manuel Legris – Roxane Stojanov en répétition

 

Les distributions

Amandine Albisson (Sylvia), Germain Louvet (Aminta), Marc Moreau (Orion), Guillaume Diop (Eros), Roxane Stojanov (Diane), Florent Melac (Endymion), Francesco Mura (un Faune) et Inès McIntosh (soliste Naïade) : les 8, 10 et 18.

La distribution cinq Étoiles pour la première et filmée, et chacun-e qui semble bien dans son emploi. Après une longue absence, Amandine Albisson est de retour pleinement sur le devant de la scène. Sa technique académique affutée et la certaine douceur de sa danse devraient convenir à ce genre de ballet. Germain Louvet a un peu fui les personnages de Prince un peu sage ces derniers temps, et avec un certain succès, dévoilant des talents d’acteur qu’on ne lui connaissait pas forcément. Comment va-t-il s’emparer maintenant de ce personnage un peu plus attendu ? Aux côtés de ce duo plutô bien assorti, Marc Moreau semble la bonne répartie pour un personnage plus noir, tandis que Guillaume Diop devrait déployer tout son charisme et sa jeunesse en Eros. Roxane Stojanov, au tempérament de feu (souvenez-vous de sa Myrtha) est une Diane naturelle. Les jeunes et virtuoses Francesco Mura et Inès McIntosh complètent cette distribution harmonieuse.

 

Bleuenn Battistoni (Sylvia), Paul Marque (Aminta), Andrea Sarri (Orion), Jack Gasztowtt (Eros), Silvia Saint-Martin (Diane), Marius Rubio (Endymion), Alexandre Boccara (un Faune) et Marine Ganio (soliste Naïade) : les 9, 14, 16, 21 et 23 mai. 

Bleuenn Battistoni et Paul Marque, c’est un joli duo en scène, très assorti, très école française, très Manuel Legris. Les voir ensemble dans Sylvia promet déjà d’être un régal, peut-être plus premier degré que d’autres duos. Promu Premier danseur il y a peu, Andrea Sarri est toujours très bon dans les personnages de caractère demandant du jeu. Si Silvia Saint-Martin vainc ses fragilités, elle a une autorité naturelle en scène qui conviendrait très bien à Diane. Marius Rubio et Alexandre Boccara ont un peu moins d’expérience mais ils font partie des jeunes Sujet sur qui on peut compter. L’expérience de Marine Ganio devrait faire le reste. Voilà donc un beau trio, qui se complète bien, à voir comment le tout prendra avec l’ensemble de la distribution.

 

Sylvia de Manuel Legris – Paul Marque et Bleuenn Battistoni en répétition

 

Valentine Colasante (Sylvia), Guillaume Diop (Aminta), Jérémy-Loup Quer (Orion), Jack Gasztowtt (Eros), Héloïse Bourdon (Diane), Lorenzo Lelli (Endymion), Keita Bellali (un Faune) et Hohyun Kang (soliste Naïade) : les 13, 15, 28 et 31 mai.

L’opposition Valentine Colasante/Héloïse Bourdon, voilà qui promet. L’Étoile devrait montrer une Sylvia différente des autres, plus mature, plus chasseresse que Nymphe. En Diane, Héloïse Bourdon est la reine de ce genre de personnage à fort tempérament, tout comme Jérémy-Loup Quer pour les rôles de caractère. Après Désiré où il fut magnifique, Guillaume Diop devrait être tout aussi enthousiasmant en Aminta. Lorenzo Lelli, Keita Bellali et Hohyun Kang sont de jeunes solistes virtuoses de luxe. Et au milieu, Jack Gasztowtt est un choix surprenant, lui que l’on imaginait plus en Orion. Il devrait lui aussi proposer un Eros différent des autres. Une très belle distribution sur le papier.

 

Sae Eun Park (Sylvia), Pablo Legasa (Aminta), Jérémy-Loup Quer (Orion), Lorenzo Lelli (Eros), Nine Seropian (Diane), Milo Avêque (Endymion), Chun-Wing Lam (un Faune) et Éléonore Guérineau (soliste Naïade) : les 17, 22 et 24 mai.

On ne va pas se mentir : la danse absolument raffinée et musicale de Sae Eun Park associée à la virtuosité comme le sens de l’humour de Pablo Legasa – que l’on a au passage tellement de plaisir à revoir dans un premier rôle – voilà qui envoie du rêve ! Un duo inédit et qui fait très envie. Après avoir assuré Désiré, Lorenzo Lelli a là une belle occasion de briller à nouveau. L’altière Nine Seropian devrait donner le ton en Diane, Milo Avêque continue à se faire la main sur des petits rôles et Chun-Wing avec Éléonore Guérineau assurent un beau duo de solistes. On a là un duo fort, accompagné d’une distribution un peu moins expérimentée dans l’ensemble, il faut que l’ensemble fonctionne.

 

Sylvia de Manuel Legris – Sae Eun Park et Pablo Legasa en répétition

 

Roxane Stojanov (Sylvia), Thomas Docquir (Aminta), Florent Melac (Orion), Nicola Di Vico (Eros), Bianca Scudamore (Diane), Alexander Maryianowski (Endymion), Shale Wagman (un Faune) et Clara Mousseigne (soliste Naïade) : les 27 et 30 mai, le 4 juin.

Roxane Stojanov assure Diane et Sylvia et c’est une très bonne chose : la jeune Étoile pourra montrer toute sa polyvalence. Avec Thomas Docquir, elle forme un couple harmonieux. Le Premier danseur, qui assure de nombreux premiers rôles, a encore besoin de franchir un palier pour espérer voir plus loin, Aminta pourrait être l’occasion. Florent Melac semble à son aise en Orion, Bianca Scudamore a une belle chance de briller en Diane, Shale Wagman et Clara Mousseigne devraient se démarquer… C’est sur le papier un peu plus éclectique, mais avec beaucoup de brio. 

 

Inès McIntosh (Sylvia), Francesco Mura (Aminta), Antonio Conforti (Orion), Shale Wagman (Eros), Silvia Saint-Martin (Diane), Marius Rubio (Endymion), Aurélien Gay (un Faune) et Hortense Millet-Maurin (soliste Naïade) : le 29 mai.

Que se passe-t-il lorsque les Étoiles partent en week-end de l’Ascension ? Les jeunes talents en profitent pour prendre leur place. Et les Balletomanes d’annuler leur voyage pour en être. Voilà en effet une vraie distribution de balletomaniaques, avec tous les futurs potentiels grands solistes dans la place. Inès McIntosh et Francesco Mura, qui se connaissent bien, auront à coeur de montrer de quoi ils sont capables pour leur unique date et être tout feu tout flammes. À moins que Shale Wagman, qui n’a décidément pas attendu longtemps dans le corps de ballet, ne leur pique la vedette en Eros, où il devrait montrer tout son talent ? Orion est idéal à Antonio Conforti pour qu’il montre tout son tempérament. Aurélien Gay et Hortense Millet-Maurin répondent toujours présents. Une très belle et excitante distribution de « petits jeunes ».

 

Sylvia de Manuel Legris – Inès McIntosh en répétition avec Claude de Vulpian

 
 
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Commentaires (5)

  • Val

    Je me souviens avec émerveillement de la version avec Noëlla Pontois retransmise à la télévision

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  • ANDRIEU

    Pareil pour moi, Noella Pontois inégalable dans mon cœur ! Je l’ai vu à Lyon en 77 je crois lors d’une tournée de l’Opera. J’ai malheureusement égaré le programme et la distribution, quelqu’un l’aurait il vu aussi ? Merci
    Catherine A

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  • florence CATTENATI

    sublime NOELLA!
    je n’ai vu que la variation du PIZZICATI qui est accessible sur INTERNET la grâce la musicalité une merveille!

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  • Del

    PAs de Dorothée Gilbert? Elle qui a dansé avec Manuel, je crois qu’elle a meme été nommée à ses côtés… c’est dommage.

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  • Sophie

    Assez déçue je dois dire. La chorégraphie était peu entraînante et je suis tombée sur un casting très décevant avec une Roxane Stojanov plate et sans entrain. 160€ la place pour un spectacle mediocre :je l’ai en travers de la gorges.

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