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[Festival La Maison Danse Uzès 2025] La danse à regarder et à vivre : Filipe Lourenço, Magda Kachouche, Alban Richard, Simon Le Borgne et Antonin Monié…

Pour la troisième édition du festival La Maison Danse Uzès, sa directrice Émilie Peluchon a invité de nombreux artistes à investir les lieux de la cité pleine de charme. Pendant quelques jours, jusque tard dans la nuit, la ville a donc vibré au rythme des propositions artistiques disséminées en différents points. Fidèle de ce festival si séduisant, à taille humaine et porté par une énergie communicative, DALP y a fait une escale durant le week-end de clôture. Au programme : 1km de danse comme une belle fête fédératrice, le travail de Filipe Lourenço ou d’Alban Richard, un bal populaire menée par Magda Kachouche ou une balade proposée par Simon Le Borgne et Antonin Monié.

 

1km de danse – Festival La Maison Danse Uzès

 

Il faut prendre le temps de se poser au festival La Maison Danse d’Uzès, qui s’installe chaque début du mois de juin dans cette belle ville du Gard. Profiter des performances aux quatre coins de la ville, revoir des artistes que l’on connaît bien dans un cadre différent, en découvrir d’autres sortant des sentiers battus, faire la fête dans les soirs doux de l’été qui s’annonce. Notre périple dans cette édition 2025 de ce festival commence samedi après-midi, avec le 1km de danse. Créée à Pantin en 2022 par le Centre national de la danse (CND), l’opération s’est déployée cette année dans dix villes en France avec le soutien du ministère de la Culture. À Uzès, le Centre de développement chorégraphique national La Maison Danse a choisi d’insérer cet événement festif au cœur de son festival. Associations de danse, conservatoires, artistes et chorégraphes, groupes d’amateur.rices avaient rendez-vous sur les trois scènes disséminées dans différents points de la ville : la promenade des Marronniers, le parc du Duché et le plan Saint-Étienne. Danse contemporaine, hip hop, tango, flamenco, jazz et même quadrille français (dansé et expliqué de façon passionnante par l’association Le Bal Saint-Loup très investie dans la préservation de ce patrimoine historique chorégraphique)… Des propositions très variées ont créé la rencontre entre les styles et les identités. Un moment de partage, de complicité et de bonheur de danser réunissant les générations.

Le principe de cet après-midi de danse ? Faire son programme, chausser ses baskets (!) puis déambuler de lieu en lieu. Pour commencer, Ø Grito de la danseuse et chorégraphe d’origine portugaise Filipa Correia Lescuyer, interprète remarquée chez Fouad Boussouf, est un bel hommage à ses origines. Dans un écrin situé à quelques mètres de la magnifique place aux herbes, accompagnée par le compositeur M-Pex, elle déploie un solo à la fois puissant et doux . Dans Je voudrais vous parler du corps, un extrait d’une performance dansée de Julie Vuoso et Nan Yadji Ka-Gara, les deux danseuses entament un dialogue avec le public par un amusant jeu de miroirs un rien trop court. Mais le moment le plus touchant de cette promenade roborative est proposé par la danseuse et chorégraphe Marion Carriau, artiste associée. De toutes les propositions, c’est de loin celle qui séduit le plus par sa simplicité virtuose. Sur le plateau installé au bout du parc du Duché, accompagnée de ses deux jeunes fils, elle livre une étape de travail tourbillonnante et remarquablement maîtrisée. Ditto to the sand interroge la maternité quand on est artiste. On a hâte d’en découvrir plus.

 

Cheb in situ de Filipe Lourenço – Festival La Maison Danse d’Uzès

 

La journée dansante se prolonge en soirée dans le Jardin de l’Évéché. Pour Cheb in situ de Filipe Lourenço – comprenez extrait de la boite noire du théâtre pour être dansé en lumière naturelle – deux musiciens font dialoguer musiques traditionnelles du Maghreb et mélange de pop, rock, funk et électro. Le compositeur François Caffenne et le musicien électronique et percussionniste Nuri se font face laissant entre eux l’espace aux danseurs de déployer la chorégraphie. Les notes viennent percuter et rebondir sur leurs corps prêts pour ce voyage.

D’abord ténu, le geste parti du bassin prend de plus en plus d’ampleur et s’empare progressivement de tout le corps des deux danseurs concentrés sur cette chorégraphie millimétrée. La symbiose entre Kerem Gelebek et Youness Aboulakoul se fait d’abord imperceptible, puis éclate dans un unisson jusqu’à l’explosion finale, revigorante et libératrice. Très à l’écoute les uns des autres, ce quatuor livre une performance hypnotique qui séduit et transporte.

 

Balatata de Magda Kachouche – Festival La Maison Danse d’Uzès

 

Après la pièce de Filipe Lourenço, l’ambiance est à la fête côté Bar du Jardin de l’Évéché. Un dance-floor a été installé dans cet endroit charmant où il est agréable de faire une pause entre deux propositions chorégraphiques. Commande de le programmatrice du festival, Balatata est une déclinaison hype du bal populaire. Objectif : tout le monde sur la piste de danse pour une célébration participative. Dès les premières notes, les spectateurs et spectatrices se précipitent tels des papillons de nuit attirés par les lumières vives. Le public est acquis. Il a envie de danser, de se défouler, de prendre part à ce grand moment de partage collectif.

Si certains hésitent encore, la chauffeuse de « salle » et ses acolytes sont là pour les dissuader de faire tapisserie. Magda Kachouche, crinière de lionne et legging pailleté, assure en ambianceuse montée sur ressorts. Elle est accompagnée de Gaspard Guilbert, compositeur et DJ qui jongle entre les époques musicales, de Jacky Medéfo, colosse adepte de voguing et de Bernadette Tisseau, brindille débordante d’énergie, méconnaissable en Nina Hagen durant la soirée. La fièvre du samedi soir s’empare de cette communauté dansante jusque tard dans la nuit.

 

Vivace d’Alban Richard – Festival La Maison Danse d’Uzès

 

Il faut se méfier de l’eau qui dort dit le dicton. Et ne pas trop se fier à l’apparente placidité du madison qui ouvre Vivace d’Alban Richard présenté le lendemain sur la Scène des marronniers. Aimant engager un dialogue intime entre danse et musique, le directeur du CCN de Caen en Normandie a conçu cette pièce à partir du tempo vivace qui qualifie sur les partitions musicales une invitation à jouer « avec entrain ». Ainsi, il propose à son duo de dupliquer cette pulsation sur différents styles : du baroque à la pop, des musiques traditionnelles à la musique électro. Dans ce marathon élaboré à partir de mouvements simples comme marcher, tourner, sauter, les corps sont mis à rude épreuve mais les deux interprètes sont de taille à résister. Imperturbables, ces deux plantes vivaces se plient à cette cadence implacable. On se laisse embarqué dans ce voyage musical et gestuel truffé de rebondissements.

Dans l’après-midi, Un monde-en-train-de-se-faire de Simon Le Borgne et Antonin Monié était annoncée comme une déambulation chorégraphique au cœur de la nature. Simon le Borgne s’étant blessé durant le travail de recherches, les deux danseurs ont proposé tout de même la balade qu’ils ont agrémenté de lectures de textes. Cette escapade qui nous a conduits sur les bords de l’Eure a constitué une parenthèse rafraichissante, quoiqu’un peu frustrante pour eux comme pour nous. Rendez-vous est donc pris pour une prochaine déambulation…

 

Un monde-en-train-de-se-faire de Simon Le Borgne et Antonin Monié – Festival La Maison Danse Uzès

 

Festival La Maison Danse d’Uzès 2025

1 km de danse, samedi 7 juin 2025. Parc du duché, scène des marronniers, plan Saint-Etienne.

Cheb in situ de Filipe Lourenço avec Kerem Gelebek et Youness Aboulakoul. Samedi 7 juin au jardin de l’Évéché. À voir dans le cadre de la 21e Biennale de la danse de Lyon.

Balatata de Magda Kachouche avec Jacky Medefo et Bernadette Tisseau. Samedi 7 juin au bar du jardin de l’Évéché. À voir le 14 juillet 2025 aux Subs de Lyon.

Vivace d’Alban Richard, dimanche 8 juin 2025 à la scène des Marronniers. À voir le 13 juillet à la tour du Pin puis en tournée.

Un monde-en-train-de-se-faire de Simon Le Borgne et Antonin Monié, dimanche 8 juin 2025.

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