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Soirée Roland Petit et Angelin Preljocaj – Ballet de l’Opéra de Rome

L’Opéra de Massy (qui a toujours une belle programmation danse) a eu la belle idée d’inviter le Ballet de l’Opéra de Rome dirigé par Eleonora Abbagnato. Pour l’occasion, l’Étoile de l’Opéra de Paris avait choisi un programme exclusivement français avec deux chorégraphes de générations différentes : Roland Petit et Angelin Preljocaj. Des créateurs qui ont une place de choix dans le répertoire du Ballet de Rome et qui permettent aussi à Eleonora Abbagnato d’exprimer son talent dans des œuvres qui ne sont plus à l’affiche parisienne ces dernières saisons.

Le Parc d’Angelin Preljocaj – Eleonora Abbagnato

Eleonora Abbagnato a noué une relation privilégiée avec Roland Petit comme Angelin Preljocaj. Déjà en janvier 2017, elle avait présenté au Théâtre des Champs Elysées La Chauve Souris de Roland Petit pour la première tournée parisienne du Ballet de Rome depuis qu’elle en a pris les rênes. Cette fois, c’est un programme composé de pièces plus courtes, offrant un beau panorama du style de Roland Petit et d’Angelin Preljocaj.

Et c’est ce dernier qui ouvre la soirée avec L’Annonciation, pièce semi-narrative mettant en scène l’annonce à Marie par l’ange Gabriel de sa grossesse miraculeuse. Ce ballet est donc essentiellement un duo interprété par deux danseuses  sur la musique de Vivaldi augmentée de celle de Stéphane Roy. Pièce courte qui permet à Georgia Calenda (Marie) et Federica Maine (l’ange Gabriel) de proposer une danse très juste et de s’emparer avec sureté du langage d’Angelin Preljocaj. L’Annonciation est une pièce plaisante qui convient à l’ouverture d’une soirée. Mais elle est loin d’atteindre les qualités des trois extraits du Parc qui suivent. Près de 25 ans après sa création, ce ballet reste l’un des sommets dans l’œuvre d’Angelin Preljocaj. Eleonora Abbagnato en livre une interprétation splendide soutenue par quatre danseurs du corps de ballet. On les sentait tendus et concentrés pour tenter de se jouer des difficultés techniques du pas de quatre des jardiniers, montrant moins de réussite lorsqu’il s’agit de danser avec Eleonora Abbagnato qui passe de mains en mains, de bras en bras. Mais l’Étoile parisienne concentre tous les regards tant elle possède cette œuvre. Elle le démontre avec force dans le  fameux pas de deux sur le deuxième mouvement du Concerto pour piano N° 23 de Mozart. C’est l’un des plus beaux duos amoureux jamais écrits par Angelin Preljocaj. Eleonora Abbagnato est magnifiquement servie par son partenaire, le Premier Danseur Claudio Cocino. Erotisme, sensualité, désir, tout est exprimé avec nuance, délicatesse et virtuosité. Le Parc est un chef-d’œuvre que l’on aimerait revoir en intégralité.

La Rose Malade de Roland Petit – Eleonora Abbagnato

Après l’entracte, place à un festival Roland Petit qui débute avec l’un de ses ballets les plus connus, L’Arlésienne sur la musique de Georges Bizet. Cette pièce narrative exige un interprète masculin exceptionnel. S’il ne manque pas d’agilité, le danseur invité chinois Wei Wang du Ballet de Berlin semble trop souvent débordé. Des réceptions hasardeuses qui se succèdent l’empêchant de trouver un rythme et de construire un personnage face à sa partenaire Sara Loro. La Rose Malade est un autre sommet dans l’œuvre de Roland Petit. C’est un court pas de deux de facture très classique sur la musique de Gustav Mahler, une œuvre résolument romantique qui sied parfaitement à Eleonora Abbagnato accompagnée cette fois du soliste Giacomo Castellana, pas tout à fait à l’aise dans son partenariat. Et c’est encore une fois l’Étoile italienne qui prend la lumière avec une danse raffinée très française.

Roland Petit est l’un des tout premiers à avoir chorégraphié des duos masculins, comme il le fit dans Proust ou les intermittences du cœur. Michele Satriano et Simone Agro, deux artistes du corps de ballet, sont les interprètes du pas de deux de Saint-Loup et Morel, un duo homo érotique fort bien exécuté, avec passion mais sans vulgarité. Il n’est pas certain que les lecteurs et lectrices attentives de Proust se soient un jour retrouvés dans ce ballet mais c’est une œuvre passionnante quand il s’agit de montrer le désir masculin.

Enfin  en point d’orgue, Eleonora Abbagnato revient sur scène avec Alessio Rezza pour l’inimitable Cheek to Cheek, toujours de Roland Petit, hommage au génial Fred Astaire. Reprenant le rôle créé pour Zizi Jeanmaire, Elonora Abbagnato est irrésistible en vamp hollywoodienne, perchée sur hauts talons dans les  superbes costumes à paillettes d’Yves Saint Laurent. Ça swingue à tout va sur la musique d’Irving Berlin. Rejoints ensuite par le reste de la troupe, le Ballet de l’Opéra de Rome offre un bis alors que la salle frappe des mains. Comment peut-on mieux terminer une soirée ?      

Cheek to Cheek de Roland Petit – Eleonora Abbagnato

 

Soirée Angelin Preljocaj et Roland Petit par le Ballet de Rome à l’Opéra de Massy. L’Annonciation d’Angelin Preljocaj avec Georgia Calenda (Marie) et Federica Maine (l’ange Gabriel) ; Extraits du Parc d’Angelin Preljocaj avec Eleonora Abbagnato et Claudio Cocino ; L’Arlésienne de Roland Petit avec Wei Wang  ; La Rose Malade de Roland Petit avec Eleonora Abbagnato et Giacomo Castellana ; Proust ou les intermittences du cœur de Roland Petit avec Michele Satriano et Simone Agro ; Cheek to Cheek de Roland Petit avec Eleonora Abbagnato. Samedi 24 novembre 2018.

 

Commentaires (1)

  • Catherine A

    Tout à fait en phase avec votre critique
    On aimerait revoir Roland Petit à l’Opera de Paris… Francois Alu ferait des merveilles dans l’Arlesienne !!

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