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Les Démonstrations 2010 de l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris

Il fallait être vraiment motivé pour aller à cette dernière journée des Démonstrations de l’école de danse dimanche 19 décembre. Le réveil le dimanche (même à 8h45, mais réveil tout de même) et la tempête de neige (je suis parisienne, trois flocons paralysent tout), ont presque failli le faire renoncer. Mais j’ai bravement affronté les éléments naturels pour passer cette journée à Garnier. Les Démonstrations restent toujours un moment particulier dont je ne me lasse pas.

Petit avertissement avant de commencer. L’Ecole de danse semble être un sujet sensible, surtout de la part des parents. Il s’agit ici d’un compte-rendu subjectif. Si je parle d’une classe ou d’un élève en particulier, ça ne veut pas dire que les autres sont à jeter. D’autres spectateur-rice-s auront peut-être, sûrement même, remarqué une autre classe ou un autre élève.

Première constatation. Ce sont, si je compte bien, les quatrième Démonstrations en autant d’année. Le niveau des garçons m’a semblé beaucoup plus homogène par rapport aux filles. Souvent, ces dernières dominaient, et les classes masculines étaient un peu plus brouillonnes. Cette année, la différence était beaucoup moins flagrante, voir inexistence.

Deuxième constatation. Au fil des années, je me rends compte que j’apprécie toujours les mêmes classes. Ce n’est pas tant à cause des élèves, mais surtout des professeurs. Et je suis toujours sensible à la pédagogie de Bertrand Barena, à la musicalité de Marie-José Redont ou à la précision de Fabienne Cerutti.

Commençons tout d’abord par les classes du matin.
Place ici aux petites classes. Il n’y a pas ici de déluge de technique, mais je suis toujours impressionnée de voir de si petits bouts de chou se tenir sur scène avec autant de prestance. Surtout que les exercices étaient plutôt difficiles.

Les cours de danse classique
Sixième division garçons. Que de tenue dans la classe de Bertrand Barena ! Les jeunes élèves n’ont pas été gâtés pour leurs premières Démonstrations, avec une série de grands battements sur demi-pointe. Le professeur s’est beaucoup amusé avec la musique, en glissant quelques pièges rythmiques, dont se sont sortis sans problème les élèves.

Sixième division filles. A côté des garçons, ces toutes jeunes demoiselles faisaient un peu plus brouillonnes, et pas très ensembles. Mais que de jolis ports de bras, et de la part de la professeure Véronique Doisneau, une très grande attention à la musicalité.   

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Cinquième division garçons. Encore une foi, le professeur Marc du Bouays ne gâte pas ses élèves, en leur donnant une série d’exercices très difficiles, et pas encore complètement maîtrisés. Mais un bel exercice de saut tout de même, un grand montrait déjà de belles qualités là-dedans.

Cinquième division filles. Que d’assurance prise en un an pour ces demoiselles de Marie-José Redont ! Les progrès sont vraiment énormes. Techniquement, bien, sûr, mais aussi au niveau de l’aisance sur scène. Certaines font déjà preuve d’une belle personnalité, une classe très intéressante.

Quatrième division garçons. La classe de Wilfried Romoli est, je pense, celle du matin qui m’a fait la plus forte impression. En général, celle classe est difficile. Les garçons sont à un tournant, certains ont beaucoup grandi, d’autres sont encore tout petits. Mais cette année, malgré la différence de taille, le niveau était très bon chez tout le monde. Beaucoup d’allure, surtout dans l’adage et le grand saut.

Quatrième division filles. ça tricote admirablement avec les pointes, et la classe de Fanny Gaïda fait honneur à l’école française.  L’exercice de pirouettes était assez hésitant, mais très dur. Les jeunes filles se sont par contre très bien rattrapées dans le pas de pointe et les petits sauts. Plus de sourires n’auraient pas nuit à l’ensemble, c’est dommage.

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Les cours complémentaires
D’années en années, j’en reviens toujours au même. La classe de folklore de Marie Blaise est très propre, mais définitivement tristounette. J’aime beaucoup les secondes divisions en contemporain, sous la houlette de Claire Baulieu, et la toujours très drôle classe de mime de Yasmine Piletta. Scott Alan Prouty n’a pas spécialement mis d’élève en avant cette année, et a préféré miser sur les ensembles, avec toujours beaucoup d’humour et de poésie. Cette classe est définitivement un régal.

Mais mon petit coup de cœur va au cours de caractère des quatrièmes divisions, avec Isabelle Herouard. Ces jeunes demoiselles, que je trouvais si concentrées en classique, se laissent enfin aller. Ça saute, ça tourbillonne, et surtout, ça montre un  véritable plaisir de danser communicatif. Très beau final, avec de super alignements qui font oublier le vaste portnawak des diagonales. 

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Les classes de l’après-midi

Les cours de danse classique

Troisième division garçons. La classe de Bernard Boucher m’a impressionnée. C’était très très propre, un véritable petit spectacle. Un petit m’a plus particulièrement tapé dans l’œil.

Troisième division filles. Les progrès techniques sont là encore flagrants avec Fabienne Cerutti. C’est très enlevé, très propre, très bien. Mais malgré quelques beau sourires, il m’a semblé que la professeure portait plus d‘attention à l’ensemble qu’à faire ressortir de fortes individualités. Au passage, si elle ou sa maman passe par ici, je souhaite une nouvelle fois un bon rétablissement à l’une des jeunes filles de cette classe, privée des Démonstration pour cause de blessure.  

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Deuxième division garçons. J’aime beaucoup Eric Camillo en tant que professeur, très pédagogue et qui explique beaucoup de choses au public. Mais il faut reconnaitre que sa classe est un peu plus brouillonne, surtout dans les pirouettes. Les élèves se sont bien rattrapés avec de très beaux grands sauts.

Deuxième division filles. Les progrès sont également flagrants avec Francesca Zumbo, mais plus du point de vue de la musicalité que de la technique pur. De belles personnalités apparaissent, ce sont plus des artistes que des élèves. Les ensembles restent malgré tout impressionnants.

Première division garçons. Clairement, la plus enthousiasmante de l’après-midi. Jacques Namont leur a fait enchaîner les difficultés, tout en sachant mettre chacun des élèves en valeur. Ça sautait, ça tournait, ça grand-jetait, ça enchaînait les manèges, c’était un véritable festival. Et  le plus agréable : c’était non seulement fait très proprement, mais surtout avec beaucoup de panache. La relève est clairement assurée, et le seul regret de cette classe est de savoir que tous ne rentreront pas dans le corps de ballet en fin d’année.

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Première division filles.
Difficile pour les élèves de Carole Arbo de passer après ce feu d’artifice. C’était un peu injuste, car elles ont récolté moins d’applaudissement, mais n’en ont pas été moins excellentes. Mais elles étaient moins dans le spectacle, et plus dans l’élégance. Leur final était tout de même enthousiasment, avec une ribambelle de difficultés techniques passées haut la main, et terminée par une brillante série de fouettés attitude.

Les cours complémentaires
La classe d’adage était très intéressante, plutôt dure, mais avec la possibilité pour chaque élève de s’exprimer. J’ai beaucoup aimé le cours de caractère des troisièmes divisions de Roxana Barbacaru. Elle a pris le parti de monter une scène typique d’une danse de caractère d’un ballet, comme on peut en voir dans Paquita, où chaque élève joue un véritable petit personnage. Un travail très intéressant, et qui changeait des autres années.

Au final, une journée très intéressante, comme toujours avec les Démonstrations. Pour finir, signalons les différents pianistes de ces cours, qui accompagnent toute l’année professeurs et élèves dans ce long apprentissage : Tristan Lofficial, Yuko Tsuchiya, Tadeusz Gieysztor, Isabelle van Brabant, Masako Shimura, Anna Simon, Michel Myron Mytrowytch, Michèle Mérou, Claire Djourado, Ellina Akimova, Richard Davis et Laurent Choukroun.

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L’année prochaine, je ferais un article uniquement sur les parents d’élèves, qui s’échangent tout mielleux de véritable vacheries sur la progéniture des autres.   

© Photos : David Elofer / Opéra national de Paris

Commentaires (11)

  • Je n’y suis allée “que” l’après-midi, chouette moment en effet. Coup de coeur pour les deuxièmes divisions filles.
    Je vais juste faire ma chieuse sur un point : deux fouettés à l’italienne ne font pas une série, c’est un peu dommage. Bah ouais, j’adore les fouettés à l’italienne (même si je les passe en dedans, évidemment ^^)

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  • Mimy, tu y étais le samedi, alors qu’Amélie y était dimanche.

    L’article devient véritablement intéressant à la fin : les vacheries ! (ouais parce que bon, à part ça, des gosses, comment dire…) (sauf si l’on peut sponsoriser sa ballerine — un vrai investissement sur 10 ans en capital risk)

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  • Regain

    Très drôle, la chute de votre article…Vous pourrez faire un article spécial non seulement sur les vacheries de certains parents, mais aussi sur le manque total de lucidité de certains, qui vivent la scolarité de leur enfant par procuration et lui mettent une sacrée pression sur les épaules; sur ceux dont l’entrée de leur enfant à l’école est une véritable obsession et qui n’hésitent pas à les traîner de cours en cours, sans égard pour leur jeune âge; sur ceux qui ont déjà fait un plan de carrière au gosse, sans envisager une fois la possibilité que ça ne marche pas…Il y aurait de quoi dire, en effet. La sélection finale étant rude, les jalousies sont exacerbées et on oublie souvent qu’il s’agit tout simplement d’enfants…

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  • On s’est manquées toute la journée… 🙁
    Précisons que les CDs de Laurent Choukroun circulent dans la plupart des écoles de danse, et que les accros (dont je suis) les écoutent même sur MP3 (des extraits ici : http://www.asgardprod.com/choukroun…)
    La 1ère division garçons est toujours très impressionnante, et j’apprécie beaucoup le parti-pris de M. Namont de mettre les individualités en valeur. On aimerait avoir la même prise de risque chez les filles.
    Question innocente : l”année prochaine, c’est bien dans 10 jours ?

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  • Pink Lady a raison, l’année prochaine est imminente (voulant prendre un RDV chez l’ophtalmologiste, elle m’a répliqué que ce ne serait “pas avant l’année prochaine” et suis restée interloquée quelques secondes, je sais qu’ils sont très pris, m’enfin tout de même…), on veut l’article sur les parents d’élèves. D’autant que ta subjectivité était ici toute journalistique 😉 ; je me suis attendue à plus croustillant en lisant l’avertissement de l’introduction – j’aime langue-de-vipérer et j’assume (même si je précise que la langue-de-vipère n’est pas tout à fait une langue-de-pute).
    Palpatine >> Cela ne change pas grand-chose pour les fouettés qui ne sont pas montés en chantilly entre-temps.

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  • flo

    alors vivement l’année prochaine !!

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  • @ Palpatine : l’intérêt des démonstrations, ce n’est pas pour l’émotion, c’est plus un côté pédagogique. Je trouve la plupart des profs passionnants, expliquant bien la raison de chaque exercice. Et tu vois bien l’éovution au fils des années, comme se construit un-e danseur-se.

    @Pink Lady : Ahhh, Laurent Choukroun. Sa femme a été ma prof de danse pendant bien 10 ans, autant te dire que je connais ces CDs par coeur 😆

    @Mimy : mais il y a des parents complètement paranos et un peu trop “dedans”, voir le commentaire de Regain.

    Et pour tous et toutes : l’année prochaine, dans cet article, doit se traduire par “dans douze moi” 😉 J’ai eu l’idée à la fin de la journée, en entendant une réflexion qui m’a bien fait rire. Mais je n’ai pas assez de matière. La prochaine fois, je laisserais bien traîner mes oreilles à l’entracte, au lieu de rester dans ma loge.

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  • La fin d’un mythe programmé : les petits rats ne se sont pas tout seuls inscrits à l’âge très avancé de 6 ans par vocation réfléchie et plan de carrière élaboré sur 40 ans ! :O

    Bientôt, on apprendra que les gosses sont un artefact de l’égoïsme parental. On peut avoir la fameuse médisance en avant-première ? 😀 (ça ne sortira pas d’Internet)

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  • @ Palpatine : Nooooooooon, mais arrête de détruie comme ça un mythe à la veille de Noël 😆
    Pour la médisance, elle m’a bien fait rire, mais je ne suis pas sûre que ça rende pareil à l’écrit.

    Un père et une mère d’élève disctuent sur le ton le plus charmant et poli, genre ils prenennt le thé dans un salon cosy le petit doigt levé.
    – Le père (ton sur-charmant avec une pointe de sourire dans la voix) : “Votre fils a donc perdu un an.”
    – La mère (ton sur-charmant, avec une pointe de crispation dans la voix) : “Non, non, non, il a juste redoublé, mais c’était une excellente décision, il est bien plus à l’aise maintenant”.

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  • Regain

    Si ce n’était que ça, j’en ai entendu pire…En l’espèce, c’est la mère qui a raison et le père est un crétin car le redoublement a pour but de permettre à l’enfant trop jeune de se fortifier. Ce n’est pas une sanction, car s’il est mauvais ou s’il ne progresse pas à l’issue de ce redoublement, hé bien, il dégage…

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  • Déborah

    Bel article, j’étais egalement à Garnier ce dimanche. Et comme vous j’apprécie beaucoup -et chaque année- la classe de J.Namont!

    @Palpatine: étant ancienne (demi) petit rat (petit stage à 8 ans), je me dois de contraster un peu votre commentaire 😉 Certes, certains élèves ont suivi la voix que leurs parents avaient choisi pour eux, dans le berceau, voire même avant, mais la plupart a vraiment choisi l’opéra, la volonté d’y entrer, de briller un jour sur scène, de rêver. Quel enfant n’a jamais rêvé d’être etoile?

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