Clairemarie Osta fait ses adieux
Ecrit par : Amélie Bertrand
Dimanche 13 mai, Clairemarie Osta a fait ses adieux au Palais Garnier. 42 ans ½, c’est l’âge fatidique à l’Opéra de Paris, celui où il faut partir même si l’on est encore en pleine forme.
C’est vrai, c’est toujours un peu ce que l’on se dit lors des soirées d’adieux. "Il/elle a si bien dansé, pourquoi s’arrêter ?". Cette Histoire de Manon fut magique, chacun ayant visiblement à cœur de donner tout ce qu’il avait sur scène, l’héroïne du jour comprise.
La représentation avait déjà des allures particulières avant même de commencer. La télévision (japonaise) est là, Brigitte Lefèvre salue les spectateur-rice-s à l’entrée, une pléiade d’étoiles s’est installé au parterre, José Martinez a même fait le déplacement depuis l’Espagne. Dans la salle aussi, l’ambiance n’est pas tout à fait comme d’habitude. Clairemarie Osta se fait applaudir dès sa descente de calèche, et ne cessera, tout au long de la représentation. Les gens sont là pour la saluer une dernière fois.
Clairemarie Osta, ce n’était pas forcément la big star. Ni l’enfant prédestiné à devenir ballerine dès son plus jeune âge. A 12 ans, elle est championne de claquette... avant de rentrer au CNSMDP. Elle passe finalement par l’Ecole de l’Opéra, en dernière année. On la voit d’ailleurs dans le reportage Les Enfants de la Danse, sur l’ouverture du site de Nanterre. Souvenez-vous, "Les petits pieds, les petits pieds, les petits pieds… malgré tout bien placé", de Christiane Vaussard, c’était pour elle et Ghislaine Fallou.
Rentrée dans le corps de ballet en 1988, elle passe coryphée en 1989 et Sujet en 1990… et attend. C’est là que je la vois pour la première fois. Dans Coppélia je crois, l’une des trois automates. Elle devient Première danseuse en 1999, puis Etoile en 2002, "sur le tard" comme on dit.
Je vais peu à l’opéra alors, et les stars dont on parle sont Aurélie Dupont ou Marie-Claude Pietragalla. Et puis, il y a quelques années, je tombe sur Joyaux. Clairemarie Osta danse une variation dans Emeraude. Un moment de grâce, une leçon de style et de musicalité. Depuis je l’ai guettée, comprenant les avis enthousiastes à lire un peu partout.
Cette danseuse, c’était une interprète. Elle faisait de ses personnages quelque chose de très juste, et surtout de très personnel. Au-delà de sa silhouette de fée-lutin, comme un personnage de conte. J’ai l’impression qu’il y avait entre elle et le public une affection très forte, un véritable attachement, dont peut-être ne se rendait pas complètement compte la principale intéressée.
Dimanche, lors des saluts de L’Histoire de Manon, il y a eu de l’émotion. Clairemarie Osta a pris sa tête dans ses mains, visiblement émue. Puis elle a salué le public, sous une pluie de confettis or et argent (mais où étaient les pétales de rose ?), presque étonnée de recevoir ces 20 minutes d’ovation, ses applaudissements, ses "Merci" lancés d’un peu partout.
Sur scène, il y a avait une bonne partie de la troupe. Benjamin Pech et Mathieu Ganio, deux des principaux partenaires de Clairemarie Osta, ont eu droit à un gros hug, et son marie Nicolas Le Riche un petit bisou tout discret et tout mignon.
Puis l’Etoile est revenue sous la pluie de confettis, les bras ballants, se demandant presque comment arrêter tous ces applaudissements.
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