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Orphée et Eurydice : épisode 2

Jeudi 6 février 2012. Orphée et Eurydice de Pina Bausch, par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. Avec Nicolas Paul (Orphée), Alice Renavand (Eurydice) et Charlotte Ranson (Amour).

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Cette soirée fut acrobatique. Aymeric a eu droit au combo “Pas de place pour les genoux/horde d’ados déchaîné-e-s” à l’amphithéâtre, Mimy se retrouva perchée aux cinquièmes loges, debout, à côté de Palpatine qui voulait apparemment se mettre à danser.

Et pour moi, un fond de première loge 6, d’où l’on ne voit pas grand-chose. JRiou se trouvait deux loges derrière moi, me fit signe, je m’incruste. Et après avoir retiré mes chaussures, effectué quelques mouvements acrobatiques et recherché l’équilibre debout sur ma chaise, j’arrivais à une vue plongeante sur les ¾ de la scène.

C’est amusant (ou pas), tous les commentaires sur Orphée et Eurydice cette saison démarrent par ce genre d’histoire. La faute à des tarifs prohibitifs (45 euros en amphi, hum, hum). Forcément, il faut ruser.

Etait-ce à cause de notre placement ? Mais la vision de la soirée que nous avons eu tous les cinq n’était pas forcément la même. A avoir un angle mort et une vue plongeant sur l’orchestre, forcément, on se met à faire plus attention à la musique. Encore plus belle que lors de la générale, il n’en fallait peu pour que JRiou prenne la place du chef.

Mes impressions globales furent les mêmes que pour le premier épisode. Un mélange du chant et de la danse sublime. Mais aussi quelques passages un peu longs, oubliés par d’autres proprement saisissants. En relisant ma chronique de la générale, je me suis ainsi rendue compte que les seconds avaient pris le pas sur les premiers. Mais cette deuxième vision me remit en tête certaines choses. La danse proprement dite m’a laissé quelques longueurs.

Les passages du corps de ballet, porté par le chœur, restent définitivement les plus beaux moments. En tête, la très belles deuxième partie dans les Enfers, à la fois sombre, inquiétante, et remplie de références parlant à ceux et celles qui connaissent un minimum la mythologie antique.

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Mais rien ne semble surpasser la puissance du Deuil. Les pleureuses hiératiques, aux longs mouvements gémissants toutes vêtues de noir, ouvrant et finissant le ballet, mettraient des frissons à n’importe quelle âme asséchée. La danse de Pina Bausch, ces mouvements terriens, presque sauvages, c’est bien cela.

Pour les solistes, Nicolas Paul remplit d’emblée la scène lors de la première partie. Ses mouvements sont moins amples que ceux de Stéphane Bullion, moins aboutis. Mais il y a chez lui une humanité que n’avait pas l’étoile, et qui convient beaucoup mieux à ce ballet qu’un geste parfait.

Alice Renavand joue pour sa part sur un registre plus romantique. C’est une belle jeune fille que la mort a fauché trop tôt. Elle est plus douce, plus femme (dans le sens caricatural du terme, on attend d’une femme qu’elle soit sage), que Marie-Agnès Gillot. Ce n’est pas la présence ni l’investissement qui lui manque. Mais tout subjectivement parlant, j’ai préféré la force de l’étoile, qui me semble difficilement égalable dans ce rôle.

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Le couple ainsi formé ne m’a pas séduite outre-mesure, mais dans le doute, je mettrais ça sur le compte de mon placement.

Quoique.

Ce qui est bien quand on doit être debout sur sa chaise pour voir, c’est que cela fait vite le tri. Ce qui est vraiment sublime, vraiment inoubliable, arrivera forcément jusqu’à nous.

Charlotte Ranson en Amour a fait partie de cette catégorie. Voilà d’un coup un rayon de soleil qui débarque dans ce paysage de deuil, une vague d’espoir, qui guide aussi bien Orphée que le public. Un moment où l’on se fige vers la scène, et où l’on oublie comme par miracle les sourdes crampes qui commencent à arriver aux mollets. Ces moments de grâce sont peut-être encore plus beau quand ils franchissent autant d’obstacles.

Commentaires (4)

  • genoveva

    Je crois comme vous que de la place occupée à Garnier, dépend beaucoup le degré de satisfaction pour un spectacle !

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  • Dans le même ordre d’idées, je n’en reviens toujours pas d’avoir pleuré comme une madeleine pendant Oéguine (dois-je préciser la distribution franco-canadienne ?), debout/accroupie/ tordue en fond de première loge, et m’être ennuyée comme un rat mort sur le même ballet, quelques jours plus tard, confortablement assise en premier rang de première loge (miam).

    Le hic, c’est que ça exige des spectacles sublimissimement-transcendo-graalesques, ces places sportives…

    (180€, quand même, 180€….)

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  • (Je vais encore faire mon pénible, mais il y a un “i” dans mon nom après le “r”. Si c’est trop compliqué à retenir, pour faire simple, autant m’appeler “Joël” !)
    Dans la loge du haut, en fait, je crois que c’est Mimy qui voulait danser (et comme moi, Palpatine dirigerait l’orchestre).
    Je suis d’accord avec toi à propos de Charlotte Ranson !

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  • @ Genova et Klari : Sur ce spectacle, c’est assez flagrant. Pour les autres, l’une de mes meilleures soirées la saison dernière fut perchée au fond d’une cinquième loge de côté (DQ, Ossipova/Vassiliev).

    @ Joël : L’erreur est réparée 😉

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