Monday, Jun. 5, 2023

Trisha Brown : improvisation, réflexion… émotion ?

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7 octobre 2011

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Jeudi 6 octobre. Quatre pièces de Trisha Brown au Théâtre de Chaillot. Watermotor (1978), Les Yeux et l’âme (2011, première européenne), Opal oop/Cloud Installation (1980) et I’m going to toss my arms – if you catch them, they’re yours (création), par la Trisha Brown Dance Compagny.

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Le Théâtre de Chaillot a décidé d’ouvrir sa saison avec un hommage à la chorégraphe Trisha Brown. En une seule soirée, quatre pièces de la chorégraphe post-moderne, allant de 1978 à aujourd’hui, permettent de mieux découvrir son travail. Une soirée instructive, à défaut d’être véritablement émouvante, et bien représentative du travail de Trisha Brown.

La soirée débute avec un très court solo, Watermotor, la pièce la plus ancienne du programme, véritable introduction au programme. Le danseur fait en effet une petite démonstration du travail de Trisha Brown : une gestuelle souple et ancrée dans le sol et pas forcément ultra-technicienne, une musique intérieure, des déplacements plutôt géométriques, et l’étrange sensation de ne pas savoir s’il s’agit d’une improvisation ou d’une chorégraphie complètement écrite.

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Les yeux et l’âme (2011), la deuxième place, et d’emblée surprenante. Après l’austérité du premier solo, la musique de Rameau semble spécialement joyeuse. Pas de travail au sol, les deux danseuses sont en l’air, retenues pas des fils invisibles, et dansent dans le ciel. Voilà un joli travail plein de poésie, teinté d’humour, et extrêmement efficace visuellement.

Ces deux lutins laissent ensuite la place à neuf danseurs et danseuses, pour une danse au sol plus attendue. Les placements sont rigoureux, la connexion entre les artistes évidente. Derrière une apparente improvisation se cache dans la danse de Trisha Brown un gros travail d’intellectualisation. Jusqu’où peut aller le mouvement et le corps humain, sans tomber dansles contorsions physiques ? Tout semble extrêmement réfléchi, chaque geste voulant répondre à une question. L’émotion comme on l’attend (les larmes qui montent aux yeux et tout le blabla) n'est pas franchement au rendez-vous, mais la démarche intellectuelle est intéressante et sincère.

Les-Yeux-et-l-ame_Trisha-Brown.jpg
Pour Opal oop/Cloud Installation, place au côté expérimental de Trisha Brown. Quatre danseurs et danseuses se retrouvent petit à petit enveloppé-e-s dans une fumée blanche, et évoluent sans musique. Pas sans bruit ceci-dit, certain-e-s diront que tout est musique, et un compositeur a bien écrit une partition sur un grincement de porte. Il y a les pas des danseur-se-s, leur respiration de plus en plus audible, le bruit des ventilateurs… Une sorte de musique ? En tout cas un certain rythme sur lequel se posent les artistes, qui jouent également avec les nuages.

Opal-Loop_Trisha-Brown.jpg
La création et dernière pièce,I’m going to toss my arms – if you catch them, they’re yours, reste finalement la moins surprenante du programme. Trisha Brown y a mis les éléments des trois ballets précédents : une danse précise, un travail de groupe, et l’expérience de la non-musique. Mais de ce mélange ne naît pas forcément quelque chose de supérieur. La surprise, ce petite détail qui dans chaque pièce précédente interpellait, est attendue sans arriver.

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Amélie Bertrand

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