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Sister Act, show anti-sinistrose

Mercredi 19 septembre 2012. Sister Act d’Alain Menken (musique), Gleen Slater (paroles), Cheri & Bill Steinkellner (livret), Carline Brouwer (mise en scène) et Anthony (chorégraphie), au Théâtre Mogador. Avec Kania (Dolorès Van Cartier), Carmen Ferlan (la Mère Supérieure), Christian Bujeau (Monseigneur O’hara), Sarah Manesse (Soeur Marie-Robert), Lola Ces (Soeur Marie-Patrick), Valeriane de Villeneuve (Soeur Marie-Lazarus), Thierry Picaut (Eddie) et Barry Johnson (Curtis).

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Ce qui est bien avec la société de production Stage, c’est qu’avant même la Première sur scène, l’on sait à quoi s’attendre. D’office, on connait les qualités et les défauts du show, ce qui va plaire ou énerver. Sister Act là-dessus ne déroge pas à la règle, si ce n’est que ce qui marche est vraiment enthousiasmant, ce qui n’en rend que plus pénible les quelques problèmes persistants.

Vous n’avez pas vu le film Sister Act ? Alors petit briefing. Dolorès Van Cartier est une jeune femme qui rêve d’être une star dans les années disco. Par accident, elle est témoin d’un meurtre, perpétré par son petit ami, le très méchant Curtis. Pour la protéger jusqu’au procès, le policier Eddie (secrètement amoureux de Dolorès depuis l’adolescence) a l’idée de la cacher dans un couvent. Et entre la jeune star amoureuse des paillettes et les nonnes, forcément, c’est le choc des cultures. Prenant les choses en main, Dolorès va réveiller le chœur des religieuses pour en faire le spectacle le plus en vue de la ville, malgré le refus de la Mère Supérieure.

Bien sûr, l’on se doute depuis le début que l’histoire va bien finir. Mais on ne vient pas voir Sister Act pour la surprise. On y vient pour le show, franchement enthousiasmant, on y va pour cette bonne humeur irrésistible et qui fait du bien aussi, on y va pour ressortir de la salle le sourire jusqu’aux oreilles et l’envie de danser à la pointe des orteilles.

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La musique oscille entre soul, gospel et une bonne dose de disco (nous ne sommes pas dans les 80’s pour rien). Les chansons sont ultra-efficaces, portées par un casting réjouissant et coaché à l’américaine. Kania, qui tient le rôle principal, est tout simplement parfaite, apportant du bagou et une allure déjantée à un personnage qui pourrait vite devenir un peu fade. Sarah Manesse est absolument adorable en aspirante timide. Véritable rayon de soleil sur scène, cette jeune fille est à suivre de près. Plus extravertie, Lola Ces devient la leadere du chœur de nonnes, chargée des répliques humoristiques, aidée par Valeriane de Villeneuve irrésistible en Soeur Marie-Lazarus (ne ratez pas son rap, c’est un grand moment) (oui, Soeur Marie-Lazarus est fan de hard rock et rêve de Woodstook).

Ce sont d’ailleurs les passages de chœur des nonnes qui portent définitivement le spectacle. L’harmonie entre les vingt chanteuses a été admirablement travaillée, et les chorégraphies sont tirées au cordeau. C’est franchement bien fait, bien chanté, bien exécuté, et ça n’a plus grand chose à envier à Broadway.

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Les quelques défauts qui restent sont donc d’autant plus regrettables. Malgré un gigantesque catalogue, Stage se concentre sur les adaptations de comédies musicales récentes, au livret souvent moins travaillés. Les adaptateurs de Sister Act ont fait un très bon travail, sachant insérer quelques références so frenchy (sœur Marie-Ségolène du Poitou, il faut le caser tout de même). Mais on ne transforme pas un livret plus que basique en du Molière par un coup de baguette magique, comme on ne change pas un public parisien qui a besoin de dialogues un minimum littéraires. Et ce qui pouvait à peu près passer en anglais n’en parait que plus pauvre en version traduite.

Le tout n’est en plus pas aidé par un coaching comédie pas toujours bien réglé. Un-e artiste français-e de comédie musicale sait désormais chanter et danser en même temps, ça il n’y a vraiment plus de problème. Pour le jeu d’acteur-rice, ce n’est pas encore tout à fait ça chez tout le monde, et l’on tombe un peu trop souvent dans le sur-jeu, ce qui ne fait qu’accentuer la pauvreté des dialogues. Les parties de Curtis restent ainsi sur une veine comique, alors que le personnage est censé représenter la partie sombre du spectacle, ce qui provoque un certain déséquilibre.

Mais finalement, comme dit plus haut, l’on savait déjà que ce serait un peu comme ça avant même que le rideau ne se lève. Alors ne boudons pas notre plaisir. Les habitué-e-s du West End diront sûrement que ce n’est pas encore au niveau. Mais tout de même, que cette Sister Act française reste efficace, si remplie de bonne humeur et de plaisir d’être sur scène. Je vous défie lors du final de ne pas vous lever et taper des mains en musique (je prends les paris quand vous voulez).

Sister Act, jusqu’au 31 janvier 2013 au Théâtre Mogador.

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