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Le Béjart Ballet Lausanne fête ses 25 ans à Paris

Mardi 3 avril 2012. Le Béjart Ballet Lausanne au Palais des Congrès.

Dionysos de Maurice Béjart, avec Oscar Chacon (Dionysos), Marco Merenda (Le Grec), Julien Favreau (Zeus), Katia Shalkina (Semele) et Daria Inavona (Manoula mou).

Aria de Gil Roman, avec Lui (Julio Arozarena), Julien Favreau (L’autre), Elisabet Ros, Daria Ivanova et Katia Shalkina (les Arianes), Simona Tartaglione (la jeune fille) et Valentin Levalin (le Torero).

Le Boléro de Maurice Béjart, avec Elisabet Ros (la Mélodie), Keisuke Nasumo et Marco Merenda (le rythme).

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La compagnie du Béjart Ballet Lausanne fête ses 25 ans cette année, dont cinq sans son créateur. Pour cet anniversaire, la troupe s’est posée à Paris début avril, pour un programme se voulant un résumé de ce qu’elle est aujourd’hui : Le Boléro, sûrement l’œuvre la plus connue de Maurice Béjart ; Dionysos, un ballet moins connu du chorégraphe mais qui résume bien sa façon de danser ; Aria, l’une des dernières créations de Gil Roman, ancien élève de Béjart et maintenant directeur de la troupe.

Dionysos démarre la soirée. La pièce évoque la Grèce, ses dieux, ses déesses et sa mythologie, des thèmes qui reviennent souvent dans l’œuvre de Maurice Béjart. Un étudiant invite le public à observer les habitué-e-s d’une taverne. Et si, derrière ses regards banals, se cachaient les Dieux d’autrefois ? Sur des danses grecques, le quotidien s’en va petit à petit pour faire place à des danses bacchanales, portées par un final explosif de joie de danser.

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Créé en 1984, la chorégraphie marque néanmoins souvent le poids des années. Ce n’est pas que Dionysos ait mal vieilli, mais certains passages semblent irrémédiablement marqués par le sceau des années 1980 (bonjour les académiques blancs, bonjour le danseur qui se met à déclamer l’histoire), sans avoir cette fraîcheur d’intemporalité qu’ont les oeuvres qui traversent les époques. Il n’en reste pas moins de très beaux ensembles, de fortes images visuelles, et cette énergie de groupe que rien ne semble pouvoir arrêter.

Aria a été plus intéressant que je ne le pensais. Gil Roman n’a pas ici une place facile, tiraillé entre deux attitudes : rendre hommage au Maître ou imprimer sa propre personnalité ? L’idéal étant bien sûr d’avoir les deux, ce que le chorégraphe réussit, mais pas toujours.

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Premier hommage bien visible, Gil Roman s’est inspiré pour Aria d’un mythe grec, celui du Minotaure. La première partie peine à peu à trouver ses marques. Le chorégraphe semble écrasé par le maître, sans en avoir l’originalité, et ne sait visiblement pas quoi faire avec une grande fille sur pointes.

Mais tout change lorsque la vingtaine de villageois-es, désigné-e-s pour être sacrifié-e-s au Minotaure, fait son apparition. Gil Roman sait vraiment y faire avec la dynamique de groupe, donnant à voir de belles scènes, fortes, et avec une histoire très lisible, toujours agréable pour un ballet narratif. Les combats sont aussi des moments très intéressants, notamment celui entre le Minotaure et une villageoise. L’inspiration Sacre de Bausch n’est pas très loin, mais le tout fonctionne très bien, et l’on retient sous souffle face au regard déterminé et apeuré de la jeune femme.

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Aria n’est en bref pas forcément parfait, le chorégraphe ne sait pas (encore) où il veut forcément aller, mais cela se tient bien au final, et laisse de belles images dans les yeux du public.

Le Boléro de Maurice Béjart ne pouvait arriver qu’à la fin de la soirée. Car il est impossible, aussi bien pour les danseurs que pour le public, de faire/voir autre chose après ce déferlement.

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C’est étrange Le Boléro. A chaque fois, l’on sait à quoi s’attendre, mais la surprise est toujours là. Parce qu’il n’y a pas un-e interprète pour faire comme l’autre.

La dernière fois que j’avais vu Le Boléro, c’était en 2008 avec Sylvie Guillem. Déesse Guillem, qui hypnotisait tout le monde. Elisabet Ros en a fait quelque chose de très différent, mais tout aussi puissant. Elle est avant tout humaine. Ce n’est pas une déesse, une force supérieure. C’est avant tout une femme, débordande de sensualité, qui attire les hommes qui n’osent pas l’approcher.

Mais au fur et à mesure, la femme ultra-femme se transforme en guerrière. C’est une lutte, contre la musique, contre les pas, contre les corps. Et les hommes l’encouragent en tournant autour d’elle. Elisabet Ros est une combattante de la danse qui invoque son armée, qui galvanise son monde, et qui finit par s’effondrer dans un dernier élan d’une débordante séduction.

Le Béjart Ballet Lausanne, jusqu’au 7 avril au Palais des Congrès de Paris.

Commentaires (2)

  • Dionysos est pour moi une œuvre qui à chaque représentation, me remplit de joie et d’ivresse. Un grand =D> à l’ensemble des danseurs !

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  • Lola

    Je n’ai pas adoré la prsetation de Me Ros dnas le Boléro. Je regardais plus certains danseurs qu’elle, pourtant ce n’est pas ce qui est supposé arriver, la danseuse doit nous hypnotiser.
    J’aurais préféré voir la danseuse blonde avec le carré plongeant (je ne connais pas son nom) qui était sur pointes dans Aria.

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