Saturday, Sep. 23, 2023

Coppélia vu par les Petits Rats

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8 avril 2011

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Après une escale à Suresnes le mois dernier, les élèves de l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris ont en ce moment droit à la grande scène du Palais Garnier. Place cette fois-ci à Coppélia, dans la jolie version de Pierre Lacotte, et Dessins pour six de John Taras. Compte-rendu de la première du jeudi 7 avril.

Et cette première fut une très agréable soirée. Je suis encore une fois épatée par le professionnalisme des élèves. Oui, je sais, c'est un peu commun de s'extasier comme ça, mais je reste toujours impressionnée par la qualité globale du spectacle, digne d'une compagnie, alors que ce ne sont après tout que des enfants/ados. Je pense bien sûr à la technique, mais aussi à la façon de se tenir en scène, et de s'approprier une danse et/ou un personnage.

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La soirée démarre avec Dessins pour six. Un ballet qui n'a d'intérêt qu'une démonstration technique, et de permettre à chacun de montrer ce qu'il sait faire. Par rapport à la version de Suresnes, j'ai trouvé les progrès très visibles : plus d'assurance, plus de musicalité, de plus beaux portés... Plus de tout en fait. Les filles ont là encore plus brillé que les garçons. Il était intéressant d'observer les différences entre les quatre, entre Alice Catonnet à l'allure encore enfantine, et Clotilde Tran Phat beaucoup plus femme dans sa danse. Cependant, JoPrincesse qui m'accompagnait, et qui voyait la chorégraphie pour la première fois, a trouvé que tout ça était un peu cahin-caha. 

Bref, passons après une entracte au morceau de choix du spectacle, Coppélia. Et ça les ami-e-s, c'était un vrai petit régal. Quel plaisir de retrouver une danse simple, sans fioriture, et une intrigue lisible après les complications de Patrice Bart. Même si ce dernier ballet n'a pas tous les défauts du monde, cela fait du bien de retourner à une vision plus légère et pétillante de l'histoire. 

Cette Coppélia convient parfaitement aux Petits Rats, qui se sont visiblement fait plaisir. C'était frais, léger et drôle, des danses très variées, de très beaux décors et costumes... Certes, l'histoire est plutôt simple(iste), mais ça n'a aucune importante tant l'ensemble est so charming. 

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Premier acte, une place de village. La musique commence, une jeune fille arrive en scène. C'est Swanilda, interprétée par Marie Varlet. Il en faut du cran et du courage pour entamer un ballet seule sur le plateau, qui plus est avec une variation coriace. Et la jeune danseuse l'a fait avec beaucoup de grâce et d'aplomb. Swanilda est un rôle difficile, presque toujours sur scène. Marie Varlet a traversé le ballet sans flancher, assurant les difficultés techniques avec beaucoup d'élégance. C'est en plus une très bonne actrice, avec une pantomime en général simple, mais très clair. Elle m'a bien fait rire. 

Difficile d'en dire autant de son partenaire, Germain Louvet (Frantz), qui en faisait des tonnes dans ses expressions, et ça ne passait pas du tout. Niveau danse, rien à redire par contre, même si, tout subjectivement parlant, ce n'est pas ma grande révélation de la soirée. S'il fallait en fait avoir un coup de coeur masculin, j'irai plutôt du côté de Coppélius, aka Natan Bouzy. Il ne danse pas vraiment, donc difficile de se faire une idée de sa technique, mais voilà un très bon acteur, dans son personnage jusqu'au bout, avec beaucoup d'humour et de poésie. 

Premier acte, donc. Frantz est très attiré par la fille de Coppélius, qu'on ne voit qu'à travers une fenêtre. Ce qui a le don d'énerver sa fiancée, Swanilda, qui décide finalement de le planter là. L'histoire donne surtout lieu à plusieurs danses de caractère, exécutées avec beaucoup d'allant. Un très joli moment, qui ne donnait jamais l'impression de fouillis malgré un très grand nombre d'élèves sur scène.

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Deuxième acte. Swanilda et ses copines ont réussi à rentrer dans la maison de Coppélius. Les neufs jeunes filles s'aperçoivent alors que la mystérieuse personne n'est autre qu'une automate, et que le lieu est rempli de poupées. Coppélius arrive et chasse tout le monde, sauf Swanilda qui se planque. Arrive Frantz par la fenêtre. Le vieux bonhomme l'accueille à coup de verres de vins, et finit par l'endormi. Il veut lui prendre sa vie pour l'insuffler à Coppélia. Et il a bien l'impression que ça marche. Sa poupée prend en effet vie petit à petit... grâce à Swanilda qui a en fait pris la place de la poupée et prend un malin plaisir à berner Coppélius. Après quelques danses, la voila qui se rebelle et se met à tout casser, avant de prendre ses jambes à son coup et de s'enfuir avec son volage de fiancé.

Ce moment donne la part belle à la pantomime. Comme dans la version de Bart, Frantz est en retrait, et tout repose sur le duo comique Swanilda/Coppélius. Duo qui s'amuse décidément beaucoup avec ce passage. Les deux jeunes artistes s'en donnent à coeur joie, et les rires fusent dans la salle, pas seulement de la part des enfants.

Troisième acte, décor de jardin à la française, pour le mariage de Swanilda et Frantz. C'est surtout un enchaînement de passages virtuoses, où chacun peut y aller de sa démonstration technique. Lou Thabart, remarqué à Suresnes, est l'un des deux fiancés. Il a rangé sa mèche de cheveux, et un peu de sa fougue avec. Dommage, mais pas évident de se faire remarquer avec une seule variation. Les ensembles sont globalement très en place et bien assurés, il y manque peut-être un petit grain de folie. Belle fin, même si j'ai globalement préféré les couleurs du premier acte et la drôlerie du deuxième.

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A la fin de la soirée, on se demande tout de même si Dessins pour six était bien utile. Par la force des choses, Coppélia ne met en avant que trois grands élèves, et il faut bien que tout-e-s les premières divisions montrent ce qu'ils-elles savent faire. Mais l'assemblage des deux oeuvres restait assez étrange. Ne pas tronquer le troisième acte de Coppélia, et permettre ainsi quelques morceaux de bravoure en plus, aurait peut-être été plus intéressant. 

Cette distributions sera également sur scène pour le spectacle du lundi 11 avril. Alizée Sicre (Swanilda), Mathieu Contat (Frantz) et Baptiste Claudon (Coppélius) assureront les représentations de samedi et mardi. 

© Photos 1 et 2: Danses avec la plume / Photos 3 et 4 : David Elofer 

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Amélie Bertrand

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