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[Les Étés de la Danse] Le Ballet de l’Opéra de Vienne en répétition / le stage d’été

Les Étés de la Danse gardent cette tradition d’année en année : organiser tout au long du festival des répétitions et cours publics, dans le Théâtre du Châtelet, où ont lieux les représentations. Le Ballet de l’Opéra de Vienne s’est plié à l’exercice, devant une salle comble vite prête à applaudir et s’enthousiasmer.

 

Cours public – Jeudi 18 juillet

Des barres, un piano dans le coin… Les cours de danse classique démarrent toujours de la même façon. Les spectacles ont déjà commencé depuis quinze jours, le public commence à reconnaître certaines Étoiles de la compagnie. Denys Cherevychko est tout devant, concentré, au milieu d’une trentaine d’autres artistes. La salle est silencieuse, les danseurs et danseuses au travail, emmitouflé-e-s comme il se doit même s’il fait une grosse chaleur. Les tendances du côté de Vienne ? Un collant moulant vert ambiance In the middle flashy ou une combi en laine rayée rouge verticalement.

La barre ne fait pas forcément dans l’originalité, mais reste rigoureuse, précise, avec beaucoup d’exercices de dégagés et petits jetés. Au bout de 20 minutes, places aux étirements, les danseuses russes rivalisent d’over à la seconde les doigts dans le nez, ou de contorsions dignes de gymnastes. 10 minutes plus tard, au son d’un joli adage, les barres sont enlevées pour passer au milieu.

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Les exercices sont là encore efficaces. Le professeur, Albert Mirzoyan, parle dans un délicieux franglais. Il ne donne pas forcément des combinaisons de pas très originales. Il s’agit plutôt de choses précises avec un travail important du bas de jambe, sans oublier les bras, musicaux sans en faire trop. Après un adage et des dégagés, le milieu se divise en deux : les exercices de pirouettes et les sauts. Pour les tours, le professeur montre ainsi six exercices, partant du vraiment basique pour arriver à des diagonales complexes, puis les fouettés. Le premier passage est ainsi composé de dégagés lents et d’une simple pirouette en cinquième, pour gérer son axe.

Petit à petit, les danseurs augmentent le nombre de tours et se mettent à rivaliser d’exploits. Denys Cherevychko est bien le meilleur à cet exercice, poussé par le maître de ballet qui lui laisse la scène. Le public devient soudain plus bruyant et applaudit à tout rompre. 5, 6, 7, 8 tours, des déboulés deux fois plus vite que les autres, c’est un véritable régal. Puis place aux fouettés, Denys Cherevychko, toujours en sur-forme, fait le show. Ce danseur est décidément incroyable, n’hésitant pas à prendre quelques risques, à en mettre plein la vue, mais sans jamais tomber dans la gymnastique pyrotechnique. C’est un danseur avant tout, musical, précis. Difficile de voir autre que lui, même si toute la troupe semble avoir à coeur de monter ce qu’il-elle sait faire. À noter que, mise à part une danseuse, toutes les autres restent en demi-pointe tout le long du cours.

Le schéma se poursuit pour les sauts, avec 5-6 exercices de plus en plus difficiles. La petite batterie semble poser plus de problèmes à la compagnie, notamment dans les changements de direction. Danseurs et danseuses sont plus à l’aise dans les grands, qui se terminent par un sympathique exercice de grands jetés, avant que les garçons ne se lancent dans un concours de tours en l’air. 14h30, fin du cours, sous des applaudissements nourris. Dommage cependant que le maître de ballet n’a pas eu de micro, ce qui rendait sa parole parfois difficilement audible, même s’il a fait peu de corrections. Dommage également qu’il n’y ait pas eu de questions-réponses avec le public, comme cela a pu se faire les années précédentes.

 

Répétition publique – Jeudi 11 juillet

Une semaine plus tôt, même heure, même endroit. Le Châtelet est là encore plein à craquer pour une répétition publique du programme mixte. Les maîtres et maîtresses de ballet sont ici français, mais parlent dans un peu toutes les langues. C’est principalement la deuxième distribution qui est en scène, ce qui est une excellente chose, permettant ainsi de découvrir d’autres solistes. Il s’agit surtout pour la troupe de travailler ses placements dans l’espace et de prendre conscience du plateau. Un danseur semble également être nouveau sur une des pièces et cherche encore ses marques. C’est un travail de finesse. La danse est là, la connaissance des oeuvres aussi, il faut maintenant tenir compte des plus petits détails pour éviter toute approximation sur scène.

Sans ses décors un peu kitchounes, Eventide de Helen Pickett paraît bien plus agréable. Les danseurs et danseuses ont visiblement beaucoup de plaisir à danser cette pièce néo-classique, même si elle n’est pas facile pour les ensembles. Dans Windspiele de Patrick de BanaMasayu Kimoto a remplacé Kirill Kourlaev. Le danseur ne semble pas être en répétition. Il est incroyablement présent, lumineux en scène, percutant. Un danseur à suivre.

 

Stage des Étés de la Danse, cours public – Vendredi 5 juillet

Il ne s’agit pas ici du travail de la compagnie, mais du stage de danse international, organisé dans le cadre du festival. Les cours ont eu lieu au Centre Nationale de la Danse et étaient ouverts au public.

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Le stage annonçait des élèves pro et pré-pro d’au moins 15 ans. Au cours du matin, le niveau paraissait plus hétérogène, allant de bons amateurs à une danseuse de l’Opéra de Paris. L’âge était aussi plus variable, avec des ados de 12-13 ans. Quelques garçons étaient à l’évidence des Petits Rats, reconnaissables à leur uniforme (et leur placement), peut-être ramenés par le professeur du jour, Wilfried Romoli.

Il faut le savoir, assister à un cours de  Wilfried Romoli, c’est un petit régal. L’ancien danseur est un pédagogue hors pair, très clair dans ses explications, proposant des exercices jouant sur la musicalité et plutôt originaux. Entre deux corrections, il n’hésite pas à lancer une petite réflexion rigolote. “On a l’impression qu’on attend la Reine mère“, lance-t-il ainsi malicieusement aux élèves qui, se plaçant au milieu, laissent un large espace devant  Les exercices sont assez complexes, mais Wilfried Romoli tient d’abord au placement, préférant une jambe moins en dehors ou moins haute, mais avec un bassin placé, plutôt que l’inverse.

Évidemment, en tant que spectatrice, le regard reste attiré par les professionnel-les. Regarder un cours de danse a toujours quelque chose de fascinant. C’est un travail, sans fard, mais tout est déjà très beau. Un grand plié peut être incroyable de musicalité, un exercice de dégagés peut déjà sonner comme un véritable petit spectacle. Sans que l’effort, jamais, ne soit visible.

Après le cours de danse vient celui du cours de répertoire des filles, mené par Monique Loudières. Le niveau est ici plus homogène, les nationalités plus diverses par contre. Américaine, japonaises… Ce stage a su attirer un large public. Monique Loudières a choisi une variation de Raymonda. Après quelques exercices sur pointes, elle fait répéter à la vingtaine de jeunes filles des enchaînements de la variation, qu’elle a divisée en plusieurs passages, comme des mini-exercices. Les filles les répètent depuis déjà une semaine. Ils sont donc en place, mais il faut les peaufiner, travailler le détail. Monique Loudières est également une professeure très vivante, parlant avec éclat avec toujours beaucoup de chaleur et de passion dans la voix. Elle aime transmettre, apprendre, pousser les danseuses à aller plus loin, toujours dans la bonne humeur et une ambiance sympathique. Quel dommage qu’elle n’ait pas retrouvé une école à diriger après être partie de celle de Cannes, c’est une pédagogue formidable.

 

Ce stage a fermé ses portes le 13 juillet. Un autre cours public du Ballet de l’Opéra de Vienne est par contre organisé le jeudi 25 juillet à 13 heures, toujours au Théâtre du Châtelet (10 euros la place).

Commentaires (8)

  • Joelle

    Ca doit effectivement être très sympa (et intéressant) d’assister à un tel cours. Dommage que je ne puisse pas y aller le 25 juillet prochain. Amélie : c’est terrible… Tu donnes envie d’aller tout voir !!! 🙂

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  • Nathalie

    @ amélie vous êtes tombée dans le 1000, Monique Loudières fait une belle carrière internationale de maître free lance, la profession française attendait de la retrouver à un haut poste de direction qui ne lui a malheureusement pas été confié. La politique sait s’y prendre pour faire des dégats.

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  • Merci pour la pertinence de votre blog
    ci-joint l’album fait avec quelques clichés pris aujourd’hui sur le site d’Annie Dalbéra

    http://www.flickr.com/photos/anniedalbera/sets/72157634690143737/with/9316455328/

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  • Sissi

    Je suis d’accord avec Joëlle, que cela donne envie ! Je suis d’autant plus frustrée qu’avant je pouvais aller voir ces cours publics mais maintenant je travaille beaucoup trop loin du Châtelet…

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  • cloette

    Bonjour! J’aurais aimé savoir combien de temps à l’avance il faut se présenter au théâtre pour avoir une place (environ?)

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      • cloette

        Merci pour ce conseil, que j’ai consciencieusement appliqué (je suis même arrivée avec une demi-heure d’avance ^^).
        J’ai trouvé la fin du cours génial (Denys Cherevychko est un dieu *.*) mais le début un peu lent. Je regrette de n’avoir pu qu’entrapercevoir les pointes des danseuses, mais elles étaient tout de même géniales sur demi-pointes. Vers la fin, la scène s’est peu à peu désemplir, pour ne laisser que les meilleurs. Du coup, j’avais un peu l’impression que ça tournait à la démonstration de force.

        Au fait, cet article est affiché dans le hall du théâtre, sur un panneau intitulé “presse”.

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