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[Les Étés de la Danse] La soirée mixte du Ballet de l’Opéra de Vienne

Le Gala qui avait ouvert les Étés de la Danse 2013 avait comme laissé un goût de déception sur la qualité du Ballet de l’Opéra de Vienne. Crispation, tension, programme peut-être un peu trop ambitieux… Mise à part la reine Olga Esina, la compagnie ne semblait pas tenir toutes ses promesses. La soirée mixte programmée juste après a heureusement démenti ce départ moyen. Si les quatre pièces choisies – du néo-classique – n’étaient pas toutes d’un fabuleux intérêt, les danseurs et danseuses s’y sont montré-e-s excellents. Ce sont même leur belle énergie, leur charisme et leur cohésion qui ont sauvé certaines des chorégraphies.

A Million Kisses to My Skin

A Million Kisses to My Skin


A Million kisses to my skin
de David Dawson
ressemble à du Forsythe. Il y a sur scène des filles et des garçons qui se croisent, dans une danse vive et technique allant au bout des possibilités physiques des artistes. Mais il n’y a pas le génie du grand chorégraphe pour dessiner des figures dans l’espace. Ça aurait pu être un long pensum, sauf que la qualité des danseurs et danseuses a emporté la pièce, leur énergie et leurs ensembles ont séduit. Sympathique moment.

Eventide de Helen Pickett est tout à fait dans la même veine, un côté racoleur en plus, une belle musique en moins (Bach au-dessus, Philip Glass ici, je n’en peux plus de Philip Glass). Passons. Windspiele de Patrick de Bana, qui ouvrait la deuxième partie, aurait pu être tout aussi énervant si la pièce ne mettait aussi bien en valeur les solistes, notamment Kirill Kourlaev dans un superbe solo (et puis il y a de jolis costumes d’Agnès Letestu).

Windspiele

Kirill Kourlaev – Windspiele

Le meilleur a finalement été gardé pour la fin : Vers un pays sage de Jean-Christophe Maillot, sur une musique de John Adams. Inspiré par le compositeur américain, le chorégraphe a créé un ballet aux multiples couleurs que n’aurait pas renié Jerome Robbins (je me suis d’ailleurs dit que, si Robbins avait vécu 20 ans de plus, c’est ça qui l’aurait fait). Jean-Christophe Maillot veut ici rendre hommage à son père, peintre. Vers un pays sage est comme une suite de tableaux, illuminés par les danseurs et danseuses à la fois précis et bondissants, donnant tout le relief à une chorégraphie construite en résonance avec la musique d’Adams. Et au milieu, un superbe duo d’Olga Esina (oui, encore elle, c’est la reine de la troupe, ne vous y trompez pas) et Roman Lazik, plus posé, presque romantique.

Vers-un-Pays-Sage_Olga-Esina_Roman-Lazik

Olga Esina et Roman Lazik – Vers un pays sage

Au final, cette soirée mixte a mieux tenu ses promesses qu’attendu. Oui, chorégraphiquement parlant – mis à part Vers un pays sage – ce ne fut pas un moment de danse inoubliable (mais comment font les chorégraphes néo pour pondre des choses se ressemblant autant ?). Mais la compagnie y a montré toute sa valeur et ses possibilités, assurant que, derrière quelques solistes brillants et une grande Étoile, il y avait aussi un esprit de troupe. Don Quichotte ne s’en fait que plus attendre.

 

Soirée mixte du Ballet de l’Opéra de Vienne, dans le cadre des Étés de la Danse, au Théâtre du Châtelet. 

A Million kisses to my skin de David Dawson, avec Olga Esina, Vladimir Shishov, Nina Poláková, Denys Cherevychko, Ioanna Avraam, Masayu Kimoto, Maria Yakovleva, Kiyoka Hashimoto et Alice Firenze ; Eventide de Helen Pickett, avec Emilia Baranowicz, Irina Tsymbal, Nina Poláková, Ketevan Papava, Eno Peci, András Lukács, Roman Lazik et Robert Gabdullin ; Windspiele de Patrick de Bana, avec Kirill KourlaevIoanna Avraam, Alice Firenze, Richard Szabó, Davide Dato, Marcin Dempc, Dumitru Taran et Alexandru Tcacenco ; Vers un Pays Sage de Jean-Christophe Maillot, avec Olga Esina, Roman Lazik, Irina Tsymbal, Denys Cherevychko, Ketevan Papava, Kamil Pavelka, Reina Sawai, Davide Dato, Emilia Baranowicz, András Lukács, Prisca Zeisel et Greig Matthews. Mardi 9 juillet 2013. 

Jusqu’au 13 juillet.

Commentaires (2)

  • Entièrement d’accord avec toi sur le côté “non inoubliable”… Par contre j’avais beaucoup aimé dans l’Hommage à Noureev Denys Cherevychko. Il ne danse pas beaucoup dans le Programme mixte…

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  • Sissi

    J’ai apprécié cette soirée mixte même si je suis d’accord les chorégraphies ne sont pas mémorables et il y a une certaine ressemblance… Cette soirée a l’avantage de mettre en avant pas mal de danseurs de la compagnie ce qui permet de les découvrir !

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