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Et les Plumes d’Or de la saison 2011-2012 sont attribuées à…

31 juilllet, il est grand temps de décerner ce que j’en suis sûre tout le monde attend, les Plumes d’Or de la saison 2011-2012 !

D’abord, revenons sur la saison en quelques chiffres. Pour ma part, ce fut 83 spectacles vus de fin août au 13 juillet. La danse est prédominante évidemment : 55 représentations chorégraphiques, contre 12 comédies musicales et 16 spectacles divers (opéras, concert, théâtre). Je suis spectatrice assidue depuis peu de temps, et j’ai en ce moment cette envie boulimique de tout voir, apprendre, découvrir de nouveaux chorégraphes, approfondir les ballets, comparer les distributions… Plus j’en vois, plus j’ai envie d’en voir !

Sur ces 55 soirées de danse, l’équilibre est assez respectée : 25 représentations de danse classique, 30 de danse contemporains ; 24 à l’Opéra de Paris, 31 ailleurs à Paris, dont 10 rien qu’au Théâtre de Chaillot (et pas sûr, au vu de la programmation de ce théâtre, que ça se reproduise la semaine prochaine).

Globalement, tout comme A petits pas, cette saison m’a un peu déçue. Il a manqué quelques grands frissons supplémentaires, pour palier plusieurs grosses déceptions. La saison avait bien démarré avec de belles surprises. le mois de décembre a été magnifique, en enchaînant les représentations enthousiasmantes. Et le reste de la saison fut un peu plus terne, mis à part le si jolie sourire de La Fille mal gardée.

Mais arrêtons le blabla, et passons à la remise des prix ! Les Plumes d’Or de la saison 20111-2012 sont attribuées à…

Les spectacles

Plume d’Or de la soirée de l’année : La première de La Fille mal gardée de Frederick Ashton avec la nomination de Myriam Ould-Braham.

Parce que Myriam Ould-Braham Danseuse Etoile n’est plus qu’un simple souhait mais la réalité. Parce que c’était une irrésistible représentation, parce que cette nomination fut une véritable surprise, parce qu’on n’y croyait plus, parce qu’il fallait lire les exclamations de joie sur Twitter. Et parce qu’il reste moins de deux mois pour lui trouver un nouveau pseudo, Princesse pour une Etoile, ça ne va pas du tout.

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Plume d’Or du spectacle de danse classique : Onéguine de John Cranko par le quatuor Aurélie Dupont/Evan McKie/Myriam Ould-Braham/Josua Hoffalt.

Globalement, la série Onéguine fut pour moi la plus réussie de la saison. Des solistes choisi-e-s avec justesse, des partenariats qui fonctionnaient, un corps de ballet bien en place, bien coaché et qui y croyait… Toutes les représentations furent d’excellents moments. Mais celle réunissant ces désormais quatre Etoiles avaient une saveur vraiment particulière. Il y a des soirs, où, on ne sait pas trop pourquoi, mais tout est magique.

Plume d’Or du spectacle de danse contemporaine : Impressing the Czar de William Forsythe par le Ballet Royal de Flandre.

Un moment de pure jubilation, tout simplement ! La danse comme je l’aime, libérée, énergique, musicale, poussée par cette formidable joie de danser, saupoudrée de moments complètement barrés. Finalement, heureusement qu’il y a eu la nomination de Myriam Ould-Braham, je n’aurais su que choisir entre cette soirée Forsythe et l’Onéguine ci-dessus pour la Plume d’Or du spectacle de l’année.

Plume d’Or de la comédie musicale : Avenue Q.

Comme quoi, adapter en France un classique de Broadway, en sachant le traduire et préserver son univers politiquement incorrect, dénicher un super cast et faire de la bonne musique live, c’est possible. Ce spectacle fut vraiment séduisant, à ne pas rater en cas de reprises. Également nominé : Cabaret, qui aurait pu gagner s’il ne s’agissait pas d’un retour.

Plume d’Or du spectacle de cirque : La Vie par les 7 Doigts de la main. Une troupe formidable et originale, un spectacle unique un peu dingue… A voir.

Plume d’Or du spectacle venu de l’étrange : Chants de la destinée par le Legend Lin Dance Theatre.

En sortant, je ne savais pas trop si j’avais aimé ou pas, mais j’avais été marquée. Et plus les mois ont passé, plus les images sont restées en mémoire. Un spectacle vraiment très différent de ce qu’on a l’habitude de voir en Europe, et d’une incroyable dimension artistique.

Plume d’Or de la vraie bonne idée : le ballet La Source.

Les représentations n’étaient pas forcément parfaites : problème de distributions, de découpage, de rythme… Mais l’idée n’en reste pas moins excellente, et quelle belle chorégraphie ! Et oui, faire du neuf avec le langage classique c’est possible. En espérant revoir très vite ce ballet sur scène.

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Plume d’or de la plus belle série : Onéguine de John Cranko par le Ballet de l’Opéra de Paris. Également nominée : La Fille mal gardée.

Plume d’or de la déception : la série de La Bayadère.

Distributions aléatoires et incohérentes, solistes moyens, corps de ballet sans flamme dès la cinquième représentation… Une bien triste Bayadère. Également nominé : Le Projet Rodin de Russell Maliphant, une chorégraphie prétentieuse et sans saveur de la part d’un chorégraphe que j’apprécie beaucoup habituellement.

Les artistes

Plume d’Or de la danseuse de l’année : Aurélie Dupont.

Après un an d’arrêt, Aurélie Dupont est bel et bien de retour ! La danseuse veut visiblement profiter à fond de ses dernières années sur scène, et a marqué chacune des séries auxquelles elle a participé. Même si en détail ce ne sont pas forcément ses interprétations que j’ai préférés, elle a sans nul doute marqué la saison de son empreinte, et ce n’est pas prêt de s’arrêter ! Également nominée : Myriam Ould-Braham, sérieuse prétendante au titre la saison prochaine.

Plume d’Or du danseur de l’année : Mathieu Ganio.

Tout comme l’année dernière, c’est lui qui reçoit la Plume d’Or ! Encore une fois, il a été très régulier, a choisi ses rôles avec intelligence, a toujours su y poser sa personnalité… avec toujours ses si belles lignes et sa danse si élégante. Je retiens tout particulièrement sa grande musicalité sur Dances at a Gathering, et sa prise de rôle vraiment intéressante d’Onéguine. Également nominé : Josua Hoffalt, en plein progrès, boosté par sa nomination d’Etoile. Cela promet pour la saison prochaine.

Plume d’Or de LA ballerine : Ouliana Lopatkina avec son spectacle Légendes du ballet russe.

Il n’y avait plus la surprise d’il y a deux ans de ce programme si particulier. Mais quelle soirée remplie de grâce, je ne m’en lasse pas. Ouliana Lopatkina, c’est la Ballerine, dans toute sa splendeur.

Plume d’Or du fougueux rugissant : Savion Glover et son spectacle Solo IN Time. Déroutant, mais marquant. Et pas que par les oreilles finalement.

Plume d’Or du partenariat : Isabelle Caravola et Mathieu Ganio.

Quand ces deux Etoiles dansent ensemble, il se passe toujours quelques chose… Il ne leur reste pratiquement plus qu’une saison avant le départ à la retraite d’Isabelle Ciaravola, les occasions de les voir ensemble seront à ne pas rater.

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Plume d’Or de la fausse bonne idée : le couple Aurélie Dupont/ Josua Hoffalt. Quand ça ne marche pas, ça ne marche pas.

Plume d’Or de ma révélation féminine (sous-entendu déjà très connue ailleurs, mais première fois que je la vois) : Aurélie Cayla dans 27’52” de Kylian lors du spectacle 6.000 miles away. Là encore, un instant de grâce.

Plume d’Or de la révélation masculine : François Alu. L’Idole dorée, Alain, sans oublier le concours de promotion… A même pas 20 ans, François Alu s’est imposé comme l’un des grands espoirs de l’Opéra de Paris. A suivre de près la saison prochaine.

Plume d’Or du rendez-vous manqué : la prise de rôle de Mathilde Froustey dans Gamzatti. Trop de blessures ont gâché la saison de cette soliste. On croise les doigts pour elle pour la suite.

Plume d’Or du Il nous a manqué : Mathias Heymann. Quelques représentations magiques sur La Source, et c’est tout… Son absence s’est faite vraiment sentir, vivement son retour.

Plume d’Or du Il arrive et tout s’éclaire : Nicolas Le Riche dans Cendrillon.

Plume d’Or du remplaçant : Florian Magnenet.

Plume d’Or du nouveau Karl Paquette :
Ludmila Pagliero dans La Bayadère.

Plume d’Or du Sauveur de l’Humanité : Evan Mckie dans Onéguine.

Les indispensables

Plume d’Or du je touche un mythe du doigt : 6.000 miles away. Sylvie Guillem, Mats Ek, Kylian et Forsythe dans la même soirée… C’était plusieurs mythes en fait.

Plume d’Or du je touche un mythe du doigt, et je n’aurais peut-être pas dû : In Paris avec Mikhail Baryshnikov.

Plume d’Or du spectacle Mais pourquoi j’ai accepté l’invitation déjà : Dracula de Kamel Ouali.

Plume d’Or du Heureusement qu’il y a les costumes : Marie-Antoinette de Patrick de Bana par le Ballet de l’Opéra de Vienne.

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Plume d’Or du Trop de fleurs tue la fleur : Psyché d’Alexeï Ratmansky.

Plume d’Or de la représentation où il fallait être, et bien sûr je n’y étais pas : La Bayadère avec Héloïse Bourdon, Stéphane Bullion et François Alu.

Plume d’Or du ballet magique : Revelation d’Alvin Ailey

Plume d’Or de la compagnie étrangère : Le Royal Ballet de Flandre avec son programme Forsythe. Egalement nominé : le Ballet Royal du Danemark avec son inusable et adorable Napoli, malgré un deuxième acte incongru.

Plume d’Or du débat : les blessure à répétition à l’opéra de Paris.

Plume d’Or du ballet soporifique et prétentieux : The Art of Not Looking Back de Hofesh Shechter.

Plume d’Or du ballet soporifique et prétentieux, mais tout le monde semble avoir aimé à part moi : Mirror and Music de Saburo Teshigawara.

Plume d’Or du foutage de gueule : Enfant de Boris Charmatz

Plume d’Or de l’instant de grâce : Le passage “Somewhere over the rainbow”, extrait de 1980 de Pina Bausch.

Plume d’Or du Les critiques américaines et une partie non-négligeable du public parisien trouvent que c’est le comble du vulgaire, mais moi j’adore : Le Boléro de Maurice Béjart, vu cette année par le Béjart Ballet Lausanne, Elisabeth Ros en soliste.

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Plume d’Or de la mèche : de nouveau Florian Magnenet pour l’ensemble de son œuvre. Et ce n’est pas faute de concurrent.

Plume d’Or de la rétro : celle de Philippe Découflé.

Plume d’Or du Citons-le aussi parce que c’était vraiment bien : Appartement de Mats Ek.

Plume d’Or du Il était conspué il y a 2 ans, il est adulé aujourd’hui : Gérard Mortier.

Plume d’or du Elle est conspuée aujourd’hui, elle sera adulée dans deux ans : Brigitte Lefèvre.

Plume d’Or du Lol de l’année : le compte Twitteur de l’Opéra de Paris.

Plume d’Or du merci : A tous ceux et celles qui lisent, qui commentent et qui font vivre ce blog, et un gros Big Up tout particulier aux blogueuses/twitteuses danse pour ce si joli anniversaire-surprise. La communauté danse, c’est la meilleure du web, sachez-le. Alors n’hésitez pas à nous rejoindre la saison prochaine !

Sur ces récompenses et remerciements, Danses avec la Plume se met en vacances. Rendez-vous le 10 septembre pour une saison qui s’annoncent riches en surprise. Bonnes vacances tout le monde !

Commentaires (7)

  • Fab

    J’aime ta “Plume d’Or du Les critiques américaines et une partie non-négligeable du public parisien trouvent que c’est le comble du vulgaire, mais moi j’adore” et suis totalement d’accord avec toi. Sinon, à l’Opéra de Paris, Aurélie Dupont, la nomination de MOB, la Première d’Onéguine, la création de La Source, la relève (Bourdon/Alu)… méritaient effectivement une palme d’or (et tu as raison, le partenariat Dupont/Hoffalt n’est pas enthousiasmant. Ils s’éteignent un peu l’un l’autre). Revelation d’Alvin Ailey m’a laissée dubitative. C’était ma petite déception de la fin de saison, alors que j’ai bien aimé la troupe. Quant à Marie-Antoinette, je dois dire que même avec les costumes et le cadre de l’Opéra royal de Versailles, vraiment, ce n’était pas très inspirant. Merci en tout cas pour le superbe travail que tu fais sur ce blog et bonnes vacances!!!

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  • elendae

    Beau palmarès, j’ai bien ri à certains moments et je n’ai pas grand chose à ajouter ! Il manque quand même à mon sens une “plume d’or des retrouvailles” pour Hervé Moreau (moi, ça m’a marqué, ce Roméo et Juliette, vraiment!).
    Côtés absents, c’est vrai que Mathias Heymann nous a manqués, mais Agnès aussi…5 “Phèdre” très rapides, 5 “Cendrillon” qu’on connait par coeur, 10 maigrichons “rôle de la danseuse en vert”, bien que très joliment interprétés, je suis frustrée ! surtout que le temps presse…

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  • Cams

    Il y a aussi la plume d’or de la danseuse que l’on n’a presque pas vu de l’année et on ne s’en n’est pas apperçu (alors que l’an dernier on avait vu qu’elle et on ne s’en était pas apperçu non plus) : Laétitia Pujol!
    Sinon j’attends vivement le moment où Brigitte Lefebvre me manquera!! :p
    Ca sera dans plus de 10 ans et je pense que Florian Magnenet gagnera encore la palme de la mèche!
    Et oui le gros fou rire du Twitter de l’Opéra! ça illumine mes journées!

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  • Anne-Sophie

    🙂
    Merci pour cette belle année !

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  • Audrey

    Tu vas rire, mais je guettais tes plumes d’or 🙂
    Tout à fait d’accord avec ce que tu as écris (enfin pour ce que j’ai vu bien sûr). J’espère qu’on reverra bientôt La Source, c’était un de mes coup de coeur de cette saison.
    Hier j’ai écouté la musique de César Franck, et je me suis surprise à avoir envie de revoir Psyché. Vu qu’une fois et dans de mauvaises conditions, j’ai l’impression de ne plus m’en souvenir (enfin si, je me souviens des costumes…).

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  • flo

    Merci pour ce palmarès de fin d’année plein d’humour qui est vraiment le juste reflêt de cette Saison . J’ai partagé à peu près les mêmes émotions aristiques, sauf que j’ai eu la chance en plus de voir H.Bourdon et F.Alu “sublimes de chez inoubliables” dans Bayadère, là aussi un moment d’état de grâce certain pour ces deux jeunes de l’Onp new generation et que j’ai pu voir aussi C.M.Osta pour ses adieux dans “Giselle” à NY et A.Dupont dans Boléro qui étaient deux moments très forts de la Tournée avec une intensité merveilleusement poignante. Quant à la fée, la magicienne de la Danse, la virtuose O.Lopatkina.. oui LA plume d’or, même un peu platinée sur les bords .. lui revient d’office. Très bonnes vacances bien méritées avant d’attaquer la série des “Don Quichotte” qui promet de l’ambiance !

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  • LucyOnTheMoon

    Mille fois d’accord pour “Boléro” !
    Je me permets d’ajouter “Plume d’Or de la prise de rôle à quelques jours de la retraite” : Clairemarie Osta (accompagnée de Le Riche, of course) dans Symphonie pour un homme seul – à Rome en mai dernier 🙂

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