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L’histoire de la danse racontée par Europa Danse

Mercredi 14 novembre 2012. Les chemins de la Danse de Philippe Verrièle, par Europa Danse, à l’Espace Carpeaux de Courbevoie. Avec Shainez Atigui, Cristina Venturuzzo, Colombe Villaume, Julia Rauch, Fabio André Blanco Porto, Guilhem Rouillé et Alexandre Delamare.

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Compagnie de jeunes danseurs et danseuses, Europa Danse fait partie de ces “Junior ballets”, qui proposent un cadre professionnel et une tournée pendant une saison à une dizaines d’artistes venant juste de terminer leur formation. La promotion 2012, dont la moitié vient du CNSMDP, a droit à un spectacle tout particulier, Les chemins de la Danse. Soit un mélange de 15 pièces majeures de l’histoire de la danse, sur scène et en vidéo, pour retracer quatre siècles d’histoire de l’art chorégraphique à un large public.

L’idée est plutôt alléchante, et ce qui avait pu être aperçu lors d’une répétition publique allait dans le même sens. Malheureusement, le résultat sur scène déçoit. Les danseurs et danseuses ne sont pas en cause. Chacun a visiblement du talent à revendre et du plaisir d’être sur scène. Entre autres, Alexandre Delamare attire l’œil par sa grande musicalité, et déjà une personnalité affirmée dans les Petites pièces de Berlin de Dominique Bagouet, tandis que Colombe Villaume séduit par un fausse nonchalance et un véritable sens de l’humour. Le contenu n’est en fait pas forcément à leur hauteur.

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Raconter quatre siècles de danse en une heure était peut-être un peu ambitieux. Pour essayer de rendre les choses claires, les passages dansés alternent avec un texte explicatif et quelques extraits vidéos. Mais le tout ne fonctionne pas. Le texte veut trop en dire, et finit par perdre le public. Le ton exagérément théâtrale et infantilisant, pour ne pas dire donneur de leçon et totalement démodé, lasse rapidement. Il est à l’inverse ce qu’il tend à démontrer. La danse, c’est de l’émotion, c’est de l’expressivité, nous dit la Voix. Alors arrêtons de parler et laissons faire la danse. Surtout que le texte prend toute la place, et au final, l’on a plus l’impression d’assister à une conférence dansée qu’à un spectacle de danse.

Les trop courts moments laissés à la danse souffrent aussi, logiquement, d’un certain morcèlement. Et d’une fausse impression d’un travail non-abouti. Ainsi, Les Petits Riens de Thierry Malandain est un petit régal : humour, jeu d’interprète, technique, il convient parfaitement à de jeunes danseurs et danseuses. Mais trois minutes, que c’est court pour savourer la pièce. Les interprètes n’ont ainsi pas le temps de vraiment montrer ce qu’ils savent faire. Les extraits choisis pour illustrer de grands ballets ne sont pas non plus des plus pertinents. Si pour Giselle l’on comprend le choix d’un passage de pantomime, le mélange de trois Ombres et de vidéo pour La Bayadère laisse plus perplexe. N’aurait-on pas pas pu laisser la place à l’un des garçons, qui aurait fait preuve de sa virtuosité en s’emparant de Solor ?

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Monter un spectacle pour un Junior Ballet n’est pas évident. Il faut que tout le monde soit en valeur, des pièces intéressantes chorégraphiquement dans des styles variés. Les chemins de la Danse en a peut-être un peu trop fait dans cette diversité. Peut-être que ne garder que quatre ou cinq pièces aurait été plus efficace. Et c’est finalement lors du dernier extrait, le sympathique Paradis de José Montalvo, que les danseurs et danseuses semblent enfin libéré-e-s du texte, et pouvant enfin montrer l’étendu de leur danse. Ou plutôt, ça danse, enfin, vraiment. Et c’est d’autant plus frustrant que l’on se rend compte alors de toutes leurs qualités.

Europa Danse en tournée jusqu’au 30 janvier un peu partout en France.

Commentaires (1)

  • petitvoile

    Vous le dites bien, monter des programmations de ballets junior est un casse tête: et pour trouver des chorégraphes qui acceptent de louer à prix dérisoire des pièces de leur répertoire ou créer à prix dérisoire (les ballets juniors fonctionnent au budget minimal) et trouver des chorégraphes capables de comprendre les particularités de ces groupes de danseurs. Dans ce registre la pièce de MC Pietragalla pour le cnsmdp est un raté de première car des 12 danseurs un seul est mis en valeur, excellent mais Pietragalla a fait du hors sujet. La pièce de Millepied également d’être trop difficile pour de jeunes danseurs et où les garçons ne sont que des porteurs. Seul Kylian fait exception…. Celui là même à l’origine de la naissance des ballets junior et dont le souci tarifaire importe moins que le devenir des jeunes artistes….. Pour conclure, il est aussi très difficile pour un chorégraphe de composer en un temps record pour des danseurs que l’on ne connaît pas et pas habitués à son mouvement.

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