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Casse-Noisette – Yacobson Ballet

Il n’y a pas qu’en décembre que l’on peut savourer Casse-Noisette ! Si bien sûr le décorum du sapin de Noël porte particulièrement à le voir en décembre, la grande tradition du ballet académique qu’il représente – et la superbe partition de Tchaïkovski – n’ont pas d’époque. C’est d’ailleurs avec ce ballet que tourne en 2020 le Yacobson Ballet, troupe russe privée et de bon niveau (l’une des rares dans son genre), et qui a pris l’habitude de passer l’hiver en France. Et de passer notamment par la Maison de la Danse de Lyon, qui n’a pas forcément un plateau se prêtant aux classiques (pas de fosse d’orchestre et une scène un peu petite) mais qui fait toujours l’effort de programmer au moins un grand ballet par saison. Et qui affiche toujours complet, soit dit en passant. Le Yacobson Ballet propose ainsi une jolie version de Casse-Noisette, dans toute sa tradition, avec ses bons comme ses mauvais côtés.

Casse-Noisette – Yacobson Ballet

L’on avait découvert le Yacobson Ballet avec La Belle au bois dormant de Jean-Guillaume Bart, montrant le bon niveau classique de cette troupe russe. La compagnie ne déçoit pas en montrant cette année son Casse-Noisette, dans la version de Vasily Vainonen d’après Marius Petipa. Une production traditionnelle avec tout ce que l’on aime de ce ballet, et aussi ce que l’on aime un peu moins dans le cliché des danses de caractère.

Même si les costumes et les décors n’ont pas la grandiloquence du Mariinsky ou du Bolchoï, l’esprit de Noël souffle dès que le rideau se lève. L’intérieur chaleureux, le sapin de Noël, l’ambiance joyeuse avec une troupe en place et investie, aussi à l’aise pour danser les vieux oncles et tantes taquines que les enfants trépignants d’impatience (difficile en tournée d’amener des enfants d’écoles de danse). À ce jeu, la danseuse jouant le frère de Clara se démarque particulièrement, avec un ton gouailleur et beaucoup de présence. Il y a de la magie dans l’air, un Harlequin qui prend vie, une poupée qui s’anime et d’immenses cadeaux qui révèlent bien des surprises. En Drosselmeyer, Alexander Blend joue le maître de cérémonie et orchestre les nombreuses danses du premier acte. Bref, nous voici sous le charme d’un ballet que l’on connaît par coeur, dansé avec tradition et vivacité.

Casse-Noisette – Yacobson Ballet

Plus mélangée au groupe, Alla Bocharova, l’interprète de Clara du soir, prend sa mesure de soliste au deuxième acte. Et montre outre une solide technique, la musicalité imparable des danseuses russes nées dans la marmite de Tchaïkovski et un sens du jeu appréciable. Les danseuses sont particulièrement mises en valeur dans leur ensemble, avec une très jolie valse des Flocons très enlevée et virevoltante, alors que la mise en scène des Rats est un peu plus à la peine. Alla Bocharova propose aussi un très joli travail dans l’adage, bien secondée par Andrei Sorokin en Prince (qui reste par contre plus en retrait dans ses variations).

Le troisième acte se déroule avec autant de charme. Le divertissement de Casse-Noisette a toujours ce je-ne-sais-quoi de savoureux, avec ses danses de caractères et ses jeux entre solistes qui dépassent le simple plaisir de la danse. Mais la limite de la tradition dans ce ballet se fait ici criante. Oui, c’est d’actualité et c’est peut-être pour cela que l’on y prête une attention particulière, mais le maquillage “à la chinoise” (avec tous les guillemets possibles) ou le blackface du Maure du premier acte, ce n’est tout simplement plus possible. Surtout que la musique, la danse et les costumes se suffisent très bien à eux-mêmes, et apportent à ce dernier acte cette ambiance joyeuse et porteuse de la belle danse académique que l’on apprécie tant. Ce n’est pas un problème du Yacobson Ballet, certaines troupes françaises ont encore ces pratiques. Mais l’on ne peut que reconnaître que ces habitudes ne sont plus vraiment regardables aujourd’hui. Même si, à l’heure où la danse classique en France a si peu de place, l’on ne peut que remercier le Yacobson Ballet de venir chaque année montrer ces ballets classiques si rares en province, et dans une belle qualité.

Casse-Noisette – Yacobson Ballet

 

Casse-Noisette de Vasily Vainonen d’après Marius Petipa par le Yacobson Ballet à la Maison de la Danse de Lyon. Avec Alla Bocharova (Clara), Andrei Sorokin (le Prince), Alexander Blend (Drosselmeyer), Vadim Smorodin (le Roi des Souris), Anastasia Millachenko (la Poupée), Valérie Gomez de Cadiz et Dimitri Sobolev (Danse espagnole), Inna Snihur (Danse orientale), Nuria Kartamyssova et Dimitrii Sobolev (Danse chinoise), Daria Belova, Diana Semispkha et Nikita Smolkin (Danse russe), Olga Mikhailova, Viktoriia Bazhenova et Stepan Korolev (Pas de trois), Stephan Korolev (Arlequin) et Sergei Krylov (le Maure). Mardi 14 janvier 2020. À voir jusqu’au 22 janvier, puis en tournée en France jusqu’au 16 février.

 




 

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