Conseil pratique – Danser et prendre un cours de danse avec un masque
Le plaisir de reprendre les cours de danse s’accompagne d’un bagage d’incompréhensions et de nouvelles règles avec la crise sanitaire. Parmi elles, un malheureux accessoire devra se glisser dans votre sac de danse : le masque. Danser avec un masque et prendre tout son cours de danse avec, un défi impossible ? Ce conseil pratique tente d’apprivoiser ce faux-ami dans votre pratique dansée. Prenez un grand bol d’air et c’est parti.
Les obligations et recommandations
La culture et la pratique de la danse payent le prix fort de cette crise sanitaire. Le contact, le toucher, la pratique collective et le format économique sont mis à mal. S’ajoutent en plus de nombreuses règles parfois changeantes… et impraticables. Le respect s’impose avant tout, quelles que soient nos perceptions et réflexions personnelles.
En fonction du lieu du cours (établissements publics ou privés), le port du masque peut être une obligation ou une recommandation. Son port est à ce jour obligatoire dans l’enceinte du cours, c’est-à-dire les vestiaires, les toilettes, le local à costumes ou à la porte du cours. Pour la pratique, il est obligatoire si l’enseignement de la danse est en corrélation avec l’Éducation Nationale ou alors fortement recommandé. Pour les professionnels, il n’est pas obligatoire selon la loi. Mais dans les faits, beaucoup de compagnies, de formations professionnelles et de cours amateurs l’imposent, pour éviter tout risque de contamination, et donc de fermeture de cours. Sur les subtilités de langage des différents décrets, le masque devient donc le truc en plus de votre tenue de danse.
Le port du masque
Le masque est le vôtre mais son modèle, une autre histoire… Il peut vous être imposé par le lieu accueillant le cours de danse. Dans ce cas, on l’espère à la bonne taille. Sinon, pensez à quelques trucs et astuces pour le maintenir au mieux durant la pratique. Parmi ces moyens, vous pouvez glisser des agrafes ou des supports plastique entre les deux élastiques afin de créer une accroche à l’arrière du crâne. Les pinces tenant vos mèches rebelles peuvent être une solution. De même, la coiffure féminine en princesse Leia Organa serait à tester… Vive le système D !
Si le choix du masque vous est possible, tant mieux. Parmi les quelques recommandations, pensez à la transpiration et à la condensation. Votre visage peut finir la séance avec des réactions cutanées à cause de la matière du masque. Son maintien au niveau du visage doit être confortable. Si le masque entre dans votre champ de vision, l’équilibre ou l’exécution du geste seront modifiés. Si vous gardez vos lunettes durant la pratique, les choses se compliquent, peut-être le pince-nez sera une solution.
De la même façon que l’on évite de garder une tunique ou un tee-shirt humides lors de nos longues heures de pratique, changez votre masque régulièrement. Pensez donc à prendre des réserves si vous enchaînez les cours, notamment pendant les stages.
Quelles que soient vos nécessités, communiquez avec votre professeur.e de danse comme avec les gens qui vous entourent en classe le compromis trouvé.
Le cours de danse
La pratique de la danse avec le masque donne bien évidemment à la transmission et à la correction de nombreuses difficultés. Identifions-les pour les convertir en axes de travail et de progrès.
Le corps
Eh oui, ce petit bout de tissu qu’est le masque peut modifier le travail et la gestuelle de votre corps dans l’espace. Le masque couvre une zone pleine de force, de mobilité et possiblement de crispations : la mâchoire et la langue. Elles échappent ainsi au regard de votre professeur.e de danse mais s’en donnent à coeur joie dans vos défauts. Essayez ainsi au maximum de faire des piqûres de rappel sur cette zone. Détendez et visualisez cette partie du cours durant les équilibres par exemple, ou bien au repos, chez vous.
La respiration
Dans cette même logique de modification dans la position de la mâchoire, le masque peut modifier votre respiration. Peut-être respirez-vous trop par la bouche et pas assez par le nez ? Les points de côté sont alors au rendez-vous. Durant le cours de danse ou durant vos trajets quotidiens, régulez votre respiration. Inspirez par le nez et expirez par la bouche. Puis refaites cette prise de conscience durant les enchaînements en studio. Comme pour les chanteur.se.s, placez et travaillez dans votre danse les moments d’inspiration et d’expiration.
La récupération
La récupération fait partie intégrante de la pratique sportive. Reprendre de l’air est fondamental. Si le masque vous étouffe et vous met en situation d’hyperventilation, glissez-le sous le nez. Et si les lieux le permettent, sortez de la salle et allez reprendre votre souffle par la fenêtre en cas d’asphyxie. Quel que soit votre choix, respectez les autres artistes et élèves qui vous entourent. Maintenez la distanciation sociale aussi pour ne pas les mettre dans un inconfort physique ou/et psychique.
Pensez que vos camarades peuvent aussi souffrir d’asthme ou d’essoufflements. Si le masque est une contre-indication pour votre santé, pensez à communiquer cette information à l’école de danse qui vous accueille. Cette dernière peut avoir un contrôle obligeant sa fermeture si le non-port du masque n’est pas justifié.
Le collectif
Cette contrainte du masque peut aussi cristalliser d’autres inconforts, imposer d’autres règles. Que vous soyez élève ou professeur.e, danser est un acte collectif. Alors aménagez-vous un espace optimum pour exprimer votre art.
Le cours de danse peut ainsi être fractionné pour créer des effectifs réduits, sa durée raccourcie. L’accès aux salles comme aux vestiaires peuvent être modifié afin d’assurer des temps d’aération et/ou de et nettoyage. Si vous dansez avec un partenaire, le port du masque sera fait d’un commun accord.
L’inconfort du toucher, d’être en contact avec l’autre ou un objet étranger peut se glisser dans ce choix du port du masque. Respectez l’état de la personne, la distance nécessaire à son confort.
Le collectif sortira grandi si individuellement nous respectons son prochain et gardons de la tolérance, de la patience.
L’interprétation
Si votre interprétation artistique est altérée, pensez que la pantomime ne se résume pas à votre bouche et/ou menton. Orientez votre travail sur la mobilité du regard, de vos bras, du haut de buste à partir du diaphragme. Votre charisme trouvera ainsi tout son sens dans l’exposition de votre plexus solaire.
Beaucoup d’oeuvres découlent de l’utilisation du masque, les plus communs sont les fêtes de Carnaval ou le bal masqué. Si le coeur vous en dit, plongez-vous ainsi dans le ballet de cour, la Commedia dell’Arte où beaucoup artistes proposent une magnifique réflexion et pédagogie sur le masque. Tentez de mettre quelques pincées de douceur en réinterprétant le ballet Shéhérazade de M.Fokine ou quelques entrées de Nikiya dans La Bayadère.
À garder en tête
Les règles autour du masque en cours de danse peuvent être plus ou moins souples selon le contrat entre l’école et le lieu, entre l’école et le professeur.e de danse, selon les moyens financiers et/ou d’infrastructures, etc. Gardez à l’esprit que les écoles de danse et les professeur.e.s font au mieux, avec des consignes obligatoires parfois compliquées à appliquer, et que beaucoup de structures connaissent des difficultés économiques après des mois de fermeture. De la même façon que nous travaillons notre souplesse corporelle, renforçons notre souplesse intellectuelle pour sortir de cette crise avec l’envie intacte de pratiquer collectivement la Danse.
Ana Saboia McCaughey
Merci beaucoup Lorena Lopez !