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Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

On ne va pas se mentir : reprendre les bonnes habitudes du point sur les distributions du Ballet de l’Opéra de Paris fait du bien, tant cela sonne comme une « rentrée normale » et non pas sous l’épée de Damoclès d’une énième fermeture. Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte fait partie des grandes créations très attendues cette saison, à voir du 16 octobre au 4 novembre au Palais Garnier. Cela faisait plus de dix ans que la compagnie parisienne n’avait pas programmé un nouveau grand ballet classique narratif, ce qui pourtant devrait être le cœur de sa création. En terme de modernité et de renouveau, ce n’est pas forcément vers Pierre Lacotte que l’on se serait tourné. Son travail de recherche et d’historien chorégraphique, si l’on peut dire, est passionnant et éminemment respectable, sa Sylphide est l’un des joyaux du répertoire parisien. Mais pour créer un nouveau ballet au regard du XXIe siècle ? Nous verrons.

Avec Le Rouge et le Noir, il y a ainsi une certaine appréhension de tomber sur une oeuvre épatant d’abord par sa production – les décors et costumes sont visiblement somptueux et les moyens étaient là. Pierre Lacotte l’assume aussi : il n’a pas respecté à la lettre le roman de Stendhal. L’attente de cette création va-t-elle retomber comme un soufflé ? Le chorégraphe a toutefois avec ce projet de forts et magnifiques personnages, et des distributions pour le moins attrayantes. Faisons donc le point sur les différents quatuors que nous verrons en scène.

Mise à jour : 19 octobre.

Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte – Costumes

 

Mathieu Ganio (Julien Sorel), Amandine Albisson (Madame de Rênal), Myriam Ould-Braham (Mathilde de la Mole), Valentine Colasante (Élisa), Stéphane Bullion (Monsieur de Rênal), Audric Bezard (l’Abbé Chélan), Pablo Legasa (l’Abbé Castanede), Héloïse Bourdon (la Maréchale de Fervaques) et Émilie Cozette (La Marquise de la Mole) : les 16, 18, 21 octobre. Avec Camille de Bellefon (La Marquise de la Mole) les 27 et 30 octobre.

MAJ 18 octobre : Mathieu Ganio s’est malheureusement blessé lors du premier acte de la première. Il est remplacé par Florian Magnenet. Le cast tiendra la date du 19 octobre, et non les 18 et 21 octobre, avant de reprendre les 23, 27 et 29 octobre. 

MAJ 19 octobre : Valentine Colasante est retirée des distributions, elle est remplacée par Naïs Duboscq. Myriam Ould-braham est retirée des distributions et remplacée par Léonore Baulac.

Ce rôle de Julien Sorel, il a été créé pour Mathieu Ganio, interprète pour qui Pierre Lacotte a toujours eu beaucoup d’affection – James fut l’un de ses premiers grands rôles. L’Étoile a la carrure, la puissance dramatique, l’intelligence de la danse pour se glisser dans la peau de ce grand ambitieux, fougueux, prêt à tout pour grimper dans l’échelle sociale. Et l’on sait ce danseur si à l’aise pour ce type de rôle. Amandine Albisson a trouvé ces derniers temps une certaine douceur et justesse dans les rôles narratifs. Mais la confrontation avec Myriam Ould-Braham – que l’on imagine très bien dans ce rôle de jeune fille plus forte qu’on ne le croit – sera-t-elle efficace ! Amandine Albisson devra aussi montrer un peu plus de puissance. Valentine Colasante devrait apporter un juste contrepoint dans les habits de la servante Élisa, un personnage qui prend plus d’importance chez Pierre Lacotte. La danseuse a toujours beaucoup de conviction en scène dans ce type de rôle et sait emporter le public dans son histoire. Le reste de la distribution est de haute volée : Stéphane Bullion toujours marquant dans ce type de ballet dans ce qui sera l’un de ses derniers rôles, l’impeccable Audric Bezard, le virtuose Pablo Legasa dont on suivra avec impatience la progression après ces longs mois d’arrêt, ou Héloïse Bourdon qui n’a eu que peu l’occasion de briller depuis sa promotion de Première danseuse. Une belle affiche, qui doit trouver son équilibre pour ne pas être trop sage, mais vraiment prometteuse.

Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte – Mathieu Ganio et Myriam Ould-Braham en répétition

 

Hugo Marchand (Julien Sorel), Dorothée Gilbert (Madame de Rênal), Bianca Scudamore (Mathilde de la Mole), Roxane Stojanov (Élisa), Marc Moreau (Monsieur de Rênal), Audric Bezard (l’Abbé Chélan), Thomas Docquir (l’Abbé Castanede), Héloïse Bourdon (la Maréchale de Fervaques) et Camille de Bellefon (La Marquise de la Mole) : avant-première jeune le 15 octobre, les 19 et 23 octobre, le 2 novembre.

MAJ 18 octobre : Cette distribution ne dansera plus le 19 octobre, mais les 18, 21 et 30 octobre. C’est donc elle qui assurera la captation et la diffusion en direct au cinéma le 21 octobre.

Sur le papier, voilà une distribution très alléchante, si ce n’est la plus alléchante ! On sait déjà l’alchimie qu’ont en scène Hugo Marchand et Dorothée Gilbert, le duo de feu qu’ils forment ensemble et leurs qualités d’interprète. En contrepoint, la jeune et flamboyante Bianca Scudamore, qui a enfin droit à un rôle d’importance après sa très réussie Olympia il y a trois ans, devrait être dans le ton. Idem pour la talentueuse Roxane Stojanov, qui a là une belle partition pour montrer ses talents. Voilà de quoi faire un quatuor explosif ! Le reste de la distribution n’est pas en reste et semble équilibrée. Une affiche vraiment alléchante.

Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte – Hugo Marchand et Dorothée Gilbert en répétition

 

Germain Louvet (Julien Sorel), Ludmila Pagliero (Madame de Rênal), Léonore Baulac (Mathilde de la Mole), Valentine Colasante (Élisa), Francesco Mura (Monsieur de Rênal), Florian Magnenet (l’Abbé Chélan), Pablo Legasa (l’Abbé Castanede), Naïs Duboscq (la Maréchale de Fervaques) et Camille de Bellefon (La Marquise de la Mole) : les 20 et 24 octobre. Avec Fanny Gorse (la Marquise de la Mole) : les 28 octobre et 3 novembre.

MAJ 19 octobre : Valentine Colasante est remplacée par Roxane Stojanov. 

Malgré ses multiples prises de rôles, l’on a toujours du mal à être convaincu par Germain Louvet dans un grand rôle narratif. Sa danse est superbe mais sa dramaturgie a du mal à atteindre le public. Et si Julien Sorel, rôle d’ampleur et qui a tout pour lui convenir techniquement, était justement le déclencheur ? Son partenariat avec Ludmila Pagliero a souvent été concluant, cette dernière apportant une certaine maturité au duo. Cela s’est toujours moins senti avec Léonore Baulac, où l’on reste souvent dans une sorte de mignonnerie, mais les deux Étoiles aiment danser ensemble. L’on a là un trio amoureux qui semble être sur la même longueur d’onde… Avec le risque de peut-être manquer de relief, de faire quelque chose d’un peu trop sage. Les seconds rôles Valentine Colasante et Francesco Mura pourraient apporter le contrepoint nécessaire, et cette distribution pourrait trouver son équilibre. Le piège de ce type de ballet est de tomber dans une beauté d’époque, entre les beaux costumes, les beaux décors et la belle danse. Mais l’on veut aussi voir souffler le feu et la glace en scène.

Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte – Germain Louvet et Ludmila Pagliero en répétition

 

Florian Magnenet (Julien Sorel), Hannah O’Neill (Madame de Rênal), Léonore Baulac (Mathilde de la Mole), Naïs Duboscq (Élisa), Stéphane Bullion (Monsieur de Rênal), Yannick Bittencourt (l’Abbé Chélan), Antonio Conforti (l’Abbé Castanede), Camille Bon (la Maréchale de Fervaques) et Fanny Gorse (La Marquise de la Mole) : les 2 et 4 novembre.

Sur le papier, cela semble être la distribution la plus inégale. Mathias Heymann aurait dû danser Julien Sorel. Et l’on se réjouissait tellement de l’y voir, tant le danseur a su prendre une autre dimension dramatique depuis quelques années. Mais le corps a lâché une fois de plus (nous en profitons pour lui souhaiter un bon rétablissement). Florian Magnenet le remplace, un Premier danseur solide et toujours impliqué, mais qui ne peut avoir la même ampleur dramatique. À ses côtés, Hannah O’Neill revient enfin sur le devant de la scène, et l’on se réjouissait là encore du couple qu’elle pouvait former avec Mathias Heymann. On appréciera la voir s’épanouir dans un rôle de premier plan. Très appréciée de la direction, Naïs Duboscq a pourtant eu du mal à convaincre, pour l’instant, dans une position de soliste. À elle maintenant de montrer de quoi elle est capable. Tout comme Léonore Baulac, l’Étoile du quatuor, d’apporter le liant et l’expérience.

Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte – Hannah O’Neill en répétition

Et vous, quelle distribution allez-vous voir ? Laquelle vous tente le plus ?

 



Commentaires (9)

  • Christine

    J’ai un billet pour ce soir, donc dans la première distribution. Hâte de voir si la mayonnaise prend bien ! Pas facile de réussir à lier le tout dans une production de cette ampleur avec tant de rôles importants.
    Je suis extrêmement triste d’apprendre que Mathias Heymann, incomparable artiste, est de nouveau contraint de s’arrêter pour blessure. Désolée d’abord pour lui et aussi pour le duo intense qu’Hannah O’Neill et lui auraient pu nous former à voir. Bon rétablissement à Mathias !

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  • J’avais à l’abonnement Germain / Ludmila / Léonor, qui n’est pas celle qui me tentait le plus. J’ai donc rajouté Hugo/ Dorothée / Bianca et je tâcherai d’aller au cinéma pour Matthieu/ Amandine / Myriam. J’aurais bien aimé voir aussi Matthias, qui me paraissait être a priori le plus conforme à l’idée que je me fais de Julien Sorel.
    Quant au fait que la création de Lacotte risque de manquer de modernité, cela ne me gêne pas vraiment : on est dans une ambiance XIXème, le côté classque voire désuet me paraît pouvoir passer très bien. Lacotte veut se situer visiblement dans la lignée d’ « Onéguine » et « La Dame aux camélias »: ce ne sera pas révolutionnaire, mais mieux vaut cela qu’une « actualisation » ratée. J’ai juste un peu peur de ne pas retrouver dans le ballet toute la richesse de ce roman qui est un de mes préférés.

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  • Anelle

    Je suis très très déçue par les changements annoncés il y a 2 jours. Et je trouve cela malhonete de la part de lOpéra de Paris… Venant de Brest spécialement pour voir ce spectacle unique, j’avais pris des places le 23 pour voir Hugo Marchand et Dorothée Gilbert, les danseurs que ma famille et moi admirons beaucoup… 3 places très chères…sans compter le voyage et le logement sur Paris…Et on nous annonce que Hugo et Dorothée ne dansent finalement pas ce jour là ! Et que ce sera Matthieu Ganio, mais que celui-ci, blessé, sera remplacé par un premier danseur… Double déception :(((
    J’hésite à annuler mon voyage et me faire rembourser…

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    • BA

      Ce n’est pas malhonete, ce sont les aléas du métier, je suppose que Ganio n’a pas fait exprès de se blesser et on ne peut pas demander a Hugo Marchand et son groupe de danser tous les soirs. Aurait-il été mieux de tout annuler ? Tous les danseurs méritent considération même les premiers danseurs.

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  • Kirill

    Très déçu dans l’ensemble. Rien ne m’a emporté. Décors et costumes ne font pas un ballet. La musique n’a pas de fil, la danse non plus. Tout semble prisonnier d’un récit qu’il semble bien impossible de condenser de la sorte, même en teois heures.

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  • Mathieu Marie-Pierre

    Pourquoi ces danseuses ont-elles été « retirées » de la distribution du jour au lendemain ?

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  • Je suis engagée pour demain.Pas de Mathieu Ganio mais Marchand et Gilbert méritent d être regardés ensemble pour leur great chemistry et leurs qualités techniques. Très désolée pour M.Ganio

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  • Audrey

    Et bien moi, je suis très triste de ne pouvoir assister à la représentation du 2, même si c’est la distribution qui semble la moins appréciée. Ils restent tous de magnifiques danseurs… D’ailleurs, si quelqu’un veut cette place premium (première loge)…

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  • Marine

    Je suis tombée sur la dernière distribution, et en lisant votre article je me rends compte à quel point elles étaient déséquilibrées, ce qui explique ma déception de hier soir.
    Les + : décors, costumes, musique => merveilleux, tout simplement, et le corps de ballet qui nous a offert de beaux tableaux
    Les – : la distribution… Et en particulier Florian Magnenet qui, à mon sens, n’était pas au niveau : que ce soit techniquement, ou dans l’interprétation, on ne peut s’empêcher de comparer sa prestation avec ses pairs sur d’autres rôles et le compte n’y est pas… Le ballet n’a pas vraiment décollé et l’emotion n’est pas arrivée jusqu’à moi.
    J’ai décroché dans la deuxième partie de l’acte 2. Heureusement, Léonore Baulac est venue me récupérer.

    Je n’avais jamais vu Hannah O’Neill. Au plaisir de la revoir avec un autre partenaire
    Léonore Baulac était très bien en Mathilde, mais le rôle ne permettait pas qu’elle « sauve » à elle seule une distribution déséquilibrée. Naïs Duboscq a marqué les esprits en tant qu’Elisa (dixit pendant les entractes)

    Cet avis n’engage bien sûr que moi.

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