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[Suresnes Cités Danse 2022] – Casse-Noisette de Blanca Li

La 30e édition de Suresnes Cités Danse s’est achevée dimanche 13 février après six semaines d’une joyeuse effervescence. Plus de 12.500 spectateurs et spectatrices ont assisté à l’une des 26 représentations des 17 pièces proposées, dont neuf créations. En clôture festive, Blanca Li a dévoilé son Casse-Noisette, commande du Théâtre de Suresnes Jean Vilar et de son directeur Olivier Meyer comme un clin d’œil à leur long compagnonnage. La revisite par la chorégraphe espagnole et ses huit bouillonnants interprètes madrilènes de cet incontournable du répertoire classique est à la hauteur des attentes. L’énergie du hip-hop sied bien à cette histoire. Avec sa poésie teintée d’humour, Blanca Li réussit à insuffler une nouvelle dynamique au conte de Noël. Son personnage de Casse-Noisette version popping séduit, tout comme sa réécriture des différentes danses de caractère de l’acte 2. Une pièce saluée par une standing-ovation assurément promise à une belle tournée.

Casse-Noisette – Blanca Li

Comme dans toute version de Casse-Noisette qui se respecte, un sapin décoré trône sur scène côté cour. De dimension modeste, il est là pour rappeler l’esprit de Noël qui règne sur l’histoire. Mais il faut reconnaître que l’atmosphère de ce Casse-Noisette de Blanca Li est plus à la teuf entre potes qu’au dîner de famille compassé du livret originel. Sapés comme des princes, les invités, filles et garçons, s’ambiancent sur des musiques électro, salsa ou flamenco programmées par un DJ un peu déjanté. Dans un mélange d’exubérance et de démonstration, chacun fait le show sous le regard médusé de Clara, B-girl en survêtement rose et macarons plantés des deux côtés du crâne. Étonnante cette sensation d’être dans le ballet sans y être vraiment, malgré les bribes de musique de Tchaïkovski disséminées ici et là. Jusqu’à que le plus grand des cadeaux s’ouvre…

La surprise est totale, y compris quand on connaît l’histoire. Un Casse-Noisette XXL apparaît et la revisite version hip-hop prend toute sa signification. Traversée par des gestes souvent robotiques, cette danse va comme un gant au personnage. Son entrée en scène est d’ailleurs un des moments clefs à la fois burlesque et virtuose. Le popping (danse urbaine fondée sur la contraction et la décontraction des muscles en rythme) vaut toutes les pantomimes. Il faut dire que le danseur Daniel “Sider” Delgado Hernandez excelle dans le rôle. Son interprétation est absolument géniale. On tient là une des trouvailles de la version de Blanca Li.

Casse-Noisette – Blanca Li

Mais la chorégraphe ne s’arrête pas là dans les idées qu’elle déploie pour tordre le livret. Notamment dans la deuxième partie du rêve de Clara. Tout est là, mais revu et redessiné : les soldats, les rats, le Casse-Noisette devenu humain, les rennes, les divertissements du royaume enchanté… Blanca Li a su saisir la magie du conte sans rester le doigt sur la couture du pantalon. Rien d’étonnant à cela quand on connaît la personnalité de la dame ! Les emprunts musicaux aux célèbres extraits comme la Valse des Fleurs ou les danses traditionnelles donnent lieu à des tableaux réglés au cordeau dans lesquels les interprètes s’en donnent à cœur (et à corps) joie.

S’il avait commencé dans un éparpillement un peu tapageur, ce Casse-Noisette se recentre pour se terminer en apothéose dans un décor enneigé très comédie musicale. Ce “Dansons sous la neige” servi par un casting brillant nous transporte. Il y a beaucoup de fougue chez ces huit interprètes, et l’on aimerait qu’ils continuent longtemps à tournoyer dans la neige. Depuis près de vingt-cinq ans, Blanca Li a imprimé son style, avec des réussites diverses. Elle signe là une version de Casse-Noisette emballante et virtuose et offre un écrin magnifique pour la danse hip hop.

Casse-Noisette – Blanca Li

Casse-Noisette de Blanca Li au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre de la 30e édition de Suresnes Cités Danse. Avec Daniel Barros del Rio “Danny Boogz”, Daniel “Sifer” Delgado Hernandez, Jhonder Gomez “Bboy Mini Joe”, Silvia Gonzales Recio, Graciel Stenio Lisboa Recio “Grazy”, Lidya Rioboo Ballester, Elihu Vazquez Espinosa,  Asia Zonta. Samedi 12 février 2022.  À voir du 16 au 18 juin à Madrid.

 



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