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[Biennale de la Danse 2023] Un endroit partout de Nach

Après Nulle part est un endroit, Nach poursuit sa volonté de mettre en récit sa vie d’artiste et de femme avec sa dernière pièce intitulée Un endroit partout. Dans le vaste hall d’accueil des usines Fagor, cœur de la dernière édition de la Biennale de la Danse de Lyon, l’interprète a donné rendez-vous pour une nouvelle conférence dansée. L’immensité du lieu tranche avec l’aspect intimiste de la proposition. Car, ici, joindre le geste à la parole va bien au-delà de l’engagement chorégraphique. Un véritable plaidoyer pour l’empowerment au féminin. Par sa présence magnétique, Nach captive son auditoire embarqué par ce voyage introspectif aux reflets singuliers et très personnels. Un voyage où elle est chez elle partout.

 

Un endroit partout de Nach

 

C’est une danseuse qui met des mots sur sa danse. Une conteuse qui se raconte à travers son corps. Tellement expressive, tellement lumineuse, elle qu’on a connu le crâne nu se présente à nous crinière déployée, avec des confidences à nous livrer. Sourire aux lèvres, grimaces burlesques, mettant de côté cette apparente dureté dont elle s’était fait une armure, Nach se réinvente. Elle mêle les inspirations entre flamenco et danse indienne, déploie toute en souplesse cette gestuelle krump qui a imprimé sa manière de danser. “J’aimerais être partout“, avoue-t-elle au début de la pièce. Un endroit partout, c’est ainsi qu’elle a choisi d’intituler cette seconde conférence dansée qui mêle des réflexions autour de ses dernières créations, présentée à la Biennale de la Danse de Lyon. C’est finement écrit, finement analysé et on la suit là elle nous embarque. La peur d’être “enfermée dans une case” était à l’origine de sa démarche. Elle continue à faire voler en éclats cette image qui lui colle peut-être trop à la peau.

Rien ne l’arrête. Elle est à l’aise partout. De la Callas à Nina Hagen en passant par Joséphine Baker, Nach convoque toutes ses sources d’inspiration et questionne “l’éloquence du hurlement”. Difficile de détacher son regard de cette performeuse dont le corps exprime tant. On lit à livre ouvert tout en l’écoutant, mais rien n’est redondant. Tout se complète. Elle évoque ce qui a nourri son parcours, son écriture dramaturgique, son rapport à la danse, voyage à travers ses précédentes créations Cellule, Beloved Shadows et Elles disent. Et on la suit. 

 

Un endroit partout de Nach

 

Dans ce solo, qui laisse place à part égale au langage oral comme au langage corporel, difficile de quitter des yeux cette interprète à part, à l’origine d’une écriture si singulière et unique. Combattive, sensuelle, drôle, elle offre la synthèse entre les différents styles et expériences qui l’ont construites, pour révéler sa singularité chorégraphique. Le krump l’a nourrie, l’a fait grandir. Elle sait aussi s’en émanciper par moments. “Son travail interroge aussi bien le féminin que les processus engagés par chacun pour se réapproprier une identité multiple“, peut-on lire dans la feuille de salle. Ce solo n’en est que plus précieux. Une bulle d’une poésie pétillante et engagée éclate au cœur de l’effervescence des usines Fagor. Ce n’est pas aisé d’oser se livrer de la sorte. Nach y parvient et nous prouve qu’elle est prête à aller encore plus loin. Nous serons au rendez-vous.

 

Un endroit partout de Nach

 

Un endroit partout de et avec Nach. Samedi 23 septembre 2023 aux Usines Fagor, dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon. À voir en tournée les 12 et 13 octobre au LUX, Scène nationale de Valence.

 



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