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Giselle de Jean Coralli de Jules Perrot par le Ballet de l’Opéra de Paris (reprise 2024) – Qui voir danser sur scène ?

Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend en mai Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot, ballet emblématique du répertoire français et régulièrement repris par la compagnie. Cette série a le goût de la transmission : elle signe le départ de Myriam Ould-Braham, la Giselle emblématique de l’institution de ces années 2000, et propose quelques jeunes talents et nouvelles Étoiles qui feront leurs premiers pas dans ce rôle iconique. Sans compter une invitée star de la danse : la divine Marianela Núñez. Autant de bonnes raisons pour ne pas manquer cette reprise de Giselle, à voir du 2 mai au 1er juin au Palais Garnier (avant-première jeune le 29 avril).

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Germain Louvet et Hugo Marchand en répétition

 

Giselle pourrait revenir tous les ans à l’Opéra de Paris que ça ne serait pas gênant. Déjà parce qu’il est aujourd’hui l’emblème de ce qu’est le ballet français. Et puis l’œuvre peut se voir et se revoir avec de multiples lectures possibles, comme autant de façons pour les interprètes de creuser le rôle de différentes manières. À chaque série, l’on sent ainsi de nouvelles évolutions, des Étoiles qui y reviennent ou qui y font leurs premiers pas, des plus jeunes qui se découvrent en Myrtha ou dans le pas de deux virtuose et iconique des paysans. Les distributions y sont soignées pour cette reprise, avec pas moins de neuf duos, et à peu près toutes les configurations que je viens d’évoquer. Néanmoins, le jeu de la programmation prive d’un certain nombre de solistes. Ainsi, seule Valentine Colasante s’empare chez les Étoiles du rôle de Myrtha, le plus endurant du répertoire. Hannah O’Neill, Sae Eun Park ou Laura Hecquet ont été de grandes Myrtha, on peut comprendre qu’elles ont envie de passer à autre chose. Le rôle est néanmoins tenu en majorité par des ballerines d’expérience. L’effet est encore accentué sur le pas de deux des paysans, sans aucun Premier danseur ou Première danseuse, avec la part belle faite aux jeunes talents, dont certaines n’ont que quelques mois d’expérience dans le Ballet. Le reflet encore une fois d’un manque de soliste masculin ? C’est un peu dommage, même si l’on se réjouit toujours de voir de jeunes talents.

Cette série de Giselle est bien sûr marquée par les adieux à la scène de l’Étoile Myriam Ould-Braham le 18 mai, ainsi que par la venue de la star du Royal Ballet (et du monde de la danse !) Marianela Núñez. Mais toutes les autres distributions ont de belles choses à proposer. Le point sur ces différentes distributions.

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Laura Hecquet en répétition

 

La distribution S’il n’en fallait qu’une

Myriam Ould-Braham (Giselle), Paul Marque (Albrecht), Valentine Colasante (Myrtha), Arthus Raveau (Hilarion), Marine Ganio et Jack Gasztowtt (Pas de deux des paysans) : les 2, 5, 15 et 18 mai.

Vous êtes où le 18 mai au soir ? Au Palais Garnier bien sûr ! Myriam Ould-Braham y fait ses adieux à la scène, dans ce qui est son plus grand rôle. Malgré une personnalité discrète, une nomination tardive et une carrière parfois entrecoupée de blessures, un lien très fort s’est créé entre cette Étoile et le public passionné de danse. Par sa technique au style si travaillé et à la fois saisissant de naturel, sa façon unique de s’emparer de chaque personnage, son émotion à fleur de peau, elle garde une place à part dans le cœur des Balletomanes, qui devraient être nombreux à être présent-e-s ce soir-là. Mathias Heymann a été son grand partenaire, notamment sur Giselle, formant un duo désarmant de tendresse et de complicité. Pour cette fois-ci, ce sera Paul Marque, avec qui la ballerine a régulièrement dansé, formant ensemble un couple harmonieux. C’est une Étoile à part qui tirera sa révérence ce soir-là, aussi l’une des grandes Giselle de l’Opéra de Paris de ces quinze dernières années. L’émotion sera au rendez-vous.

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Myriam Ould-Braham en répétition

 

La distribution Vendez un rein mais allez-y

Marianela Núñez (Giselle), Hugo Marchand (Albrecht), Valentine Colasante (Myrtha), Jérémy-Loup Quer (Hilarion), Marine Ganio et Jack Gasztowtt (Pas de deux des paysans) : le 25 mai. Avec Nine Seropian et Andrea Sarri : le 27 mai.

Vous ne savez pas qui est Marianela Núñez ? Je vais faire simple : l’une des plus fabuleuses ballerines de sa génération. Elle vient à Paris, alors ne ratez pas la chance de la voir au moins une fois sur scène, d’autant plus dans un rôle qu’elle connaît sur le bout des pointes. Son partenaire était au départ Mathieu Ganio et l’on en rêvait déjà. Ce sera finalement Hugo Marchand, et sur le papier on n’imagine un peu moins ce duo, mais on ne va pas faire la fine bouche. “Nela”, comme on l’appelle, est accompagnée en scène de Valentine Colasante, qui connaît bien le rôle de Myrtha et y met toute son autorité. Idem pour Jérémy-Loup Quer en Hilarion. Le couple des paysans sera le joli duo Marine Ganio et Jack Gasztowtt. Ils avaient déjà dansé ensemble ce même passage lors de la dernière reprise, pour un résultat mitigé. Mais le temps a passé et leur très belle performance ensemble dans La Fille mal gardée promet un joli moment pour ce pas de deux.

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Marianela Núñez au Royal Ballet

 

Les distributions Étoilées et expérimentées

Dorothée Gilbert (Giselle), Guillaume Diop (Albrecht), Héloïse Bourdon (Myrtha), Jérémy-Loup Quer (Hilarion), Hortense Millet-Maurin et Nicola Di Vico (Pas de deux des paysans) : les 6 et 13 mai. Avec Marine Ganio et Jack Gasztowtt (Pas de deux des paysans) : les 8 et 10 mai.

EDIT – Blessée, Dorothée Gilbert est retirée des distributions. Elle est remplacée par Sae Eun Park aux côtés de Guillaume Diop. Un duo qui semble harmonieux dans sa technique. 

Sae Eun Park (Giselle), Germain Louvet (Albrecht), Silvia Saint-Martin (Myrtha), Cyril Mitilian (Hilarion), Luna Peigné et Aurélien Gay (Pas de deux des paysans) : les 17 et 21 mai. Avec Luciana Sagioro et Manuel Garrido Pas de deux des paysans) : le 23 mai.

Ils et elles connaissent Giselle, l’ont déjà dansé, ont l’expérience du rôle. On a toujours du mal avec le duo Dorothée Gilbert/Guillaume Diop, non pas que ce dernier soit mauvais partenaire, au contraire, mais l’alchimie semble toujours avoir du mal à s’installer. Allons-y plus pour leur performance individuelle que condescendance de leur duo, pour la formidable Myrtha d’Héloise Bourdon et le duo de petits jeunes prometteurs dans le pas de deux des paysans. Sae Eun Park, dans une dimension stratosphérique depuis sa nomination, promet d’être une magnifique Giselle, dans la grande tradition académique. Germain Louvet semble quant à lui avoir trouvé le chemin des ballets narratifs, où il avait toujours du mal à s’exprimer malgré une technique superlative. Le duo semble un peu sage sur le papier, mais ces deux artistes sont en pleine évolution. L’on y suivra aussi Silvia Saint-Martin qui fera ses débuts en Myrtha, et un autre couple de jeunes talents : Luna Peigné encore peu habituée aux rôles de solistes et Aurélien Gay qui a déjà plus d’expérience.

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Sae Eun Park et Germain Louvet en répétition

 

Les distributions Étoilées nouveautés

Bleuenn Battistoni (Giselle), Marc Moreau (Albrecht), Clara Mousseigne (Myrtha), Florimond Lorieux (Hilarion), Hortense Millet-Maurin et Nicola Di Vico (Pas de deux des paysans) : le 29 avril, le 4 mai. Avec Luna Peigné et Aurélien Gay (Pas de deux des paysans) : le 14 mai. Avec Camille Bon (Myrtha) : le 16 mai.

Hannah O’Neill (Giselle), Germain Louvet (Albrecht), Roxane Stojanov (Myrtha), Antonio Conforti (Hilarion), Elizabeth Partington et Lorenzo Lelli (Pas de deux des paysans) : le 24 mai. Avec Saki Kuwabara et Rubens Simon (Pas de deux des paysans) : les 28 et 30 mai.

Laura Hecquet (Giselle), Jérémy-Loup Quer (Albrecht), Valentine Colasante (Myrtha), Arthus Raveau (Hilarion), Nine Seropian et Andrea Sarri : les 29 et 31 mai.

EDIT : Blessé, Laura Hecquet est remplacée par Sae Eun Park.

Ils sont Étoile depuis peu (un mois pour elle, un an pour lui), en sont à des stades différents de leur carrière (en début de parcours pour elle, en fin de carrière pour lui). Et ils font leurs débuts dans ces rôles iconiques du répertoire. Que ce soient Bleuenn Battistoni ou Marc Moreau, tous deux semblent faits pour le romantisme du rôle, avec entre eux une certaine harmonie qui promet un joli partenariat. Voilà des débuts prometteurs. On guettera la très belle Myrtha de Camille Bon, qui avec une danse tout en finesse et une autorité naturelle, est très à l’aise dans ce genre de rôle. Ou les débuts de la toute jeune Clara Mousseigne, qui a devant elle un sacré challenge, entourée de l’expérimenté Florimond Lorieux en Hilarion. Et beaucoup de petits jeunes dans le Pas de deux des paysans, dont ce sera pour beaucoup la première expérience de soliste. On guette particulièrement Lorenzo Lelli, qui avait brillé lors du dernier Concours de promotion, ou la fougueuse Saki Kuwabara. Après avoir été de grandes Myrtha, elles se lancent dans le rôle-titre. Hannah O’Neill a tout pour être une magnifique Giselle, accompagnée par Germain Louvet, un partenaire qu’elle connait bien et avec qui elle partage une évidente complicité. Quant à Laura Hecquet, cette prise de rôle marque son retour en scène après une longue blessure, et Jérémy-Loup Quer de se montrer encore une fois indispensable sur tous les fronts. 

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Bleuenn Battistoni et Marc Moreau en répétition

 

La distribution Jeunes pousses

Inès McIntosh (Giselle), Andrea Sarri (Albrecht), Camille Bon (Myrtha), Florimond Lorieux (Hilarion), Elizabeth Partington et Lorenzo Lelli (Pas de deux des paysans) : le 22 mai.

Ce duo-là, on l’aime déjà ! Par sa fraîcheur, son naturel en scène, sa sincérité, sa belle danse académique. Entre Clara et Kitri, Inès McIntosh multiplie les prises de rôle. Giselle est celui qu’elle attend avec le plus d’impatience, celui pour lequel elle semble faite. Et cela sonne un peu comme une passation avec Myriam Ould-Braham qui s’en va. Andrea Sarri avait dansé le rôle en tournée, il le reprend sur la scène parisienne. Une belle première pour un soliste de grande valeur, aux distributions un peu en dents de scie au fil des différentes directions, qui a là une magnifique opportunité. Camille Bon tonne aussi le ton d’une certaine jeunesse, avec l’assurance de bien connaître le rôle. Quant à Elizabeth Partington, engagée en 2023 et Coryphée en 2024, elle voit là son premier rôle de soliste, tout comme le très prometteur Lorenzo Lelli. Une matinée de jeunes talents comme on les aime.

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Inès McIntosh en répétition

 

La distribution iconique

Dorothée Gilbert (Giselle), Hugo Marchand (Albrecht), Roxane Stojanov (Myrtha), Jérémy-Loup Quer (Hilarion), Nine Seropian et Andrea Sarri (Pas de deux des paysans) : le 1er juin.

EDIT : Dorothée Gilbert est retirée des distributions de Giselle suite à une blessure. Elle est remplacée par Hannah O’Neill.

 

 

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Commentaires (7)

  • Selyne

    Surprise de lire votre scepticisme par rapport au duo Gilbert/Diop. Je les trouve formidables ensemble. De toute façon ce ne sera pas pour Gisèle, Dorothée venant d’annoncer son forfait.

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  • Nicole

    Bonjour pourquoi Matthias Heymann initialement programmé n’apparaît-il plus dans la distribution ?

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  • santi

    J’avais très hâte de voir Laura Hecquet dans Giselle aux côtés de Jérémy Loup Quer, quel dommage qu’elle ait dû être remplacée, est-ce que quelqu’un sait ce qui lui est arrivé ?

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  • Anna

    J’ai vu la distribution Marianela Nunez-Hugo Marchand le 25 mai (par hasard, j’ai acheté mon billet il y a maintenant plus d’un an, donc je n’avais pas d’attente particulière) et j’ai été déçue.

    Je n’ai pas ressenti d’émotion quelle qu’elle soit du côté de Marianela Nunez. Techniquement, c’était très propre et joliment moelleux, rien à redire, mais on a ici affaire à une tragédie et on avait plutôt l’impression de voir une démonstration de danse dégagée de tout contexte.

    Hugo Marchand était plus juste et faisait de son mieux pour rendre l’intensité dramatique du ballet, mais comme son personnage est moins important que celui de Giselle, c’était difficile.

    Côté solistes féminins, je retiens plutôt la prestation de Marine Ganio, juste dans les deux actes.
    Et le corps de ballet était impeccable, très synchro, ce qui donnait de beaux effets de groupe.

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  • Santi

    Merci beaucoup pour votre réponse. J’espère qu’elle se rétablira bientôt et que nous pourrons bientôt profiter de son art scénique, j’aimerais beaucoup la voir en décembre comme Paquita , Sylvia et Aurore. Trois ballets de rêve nous attendent ¡¡¡ j’ai hâte que ces ballets arrivent et connaître les ballerines distribuées et voir si mes danseurs et danseuses préférés danseront, surtout je suis très curieux de voir ceux choisis pour le rôle de Sylvia de Léo Delibes, qui selon Darcey Bussell, est l’un des plus exigeants du répertoire. Merci¡¡¡ 🙂

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