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Le Danseur Étoile Éric Vu-An est décédé à 60 ans

Éric Vu-An, danseur, chorégraphe et directeur de compagnie, est mort le samedi 8 juin, d’un cancer du cerveau. Il fut un Danseur Étoile au parcours incroyable et hors des sentiers battus, entre l’Opéra de Paris et le Béjart Ballet Lausanne. Mais aussi un directeur de compagnie plus contesté, comme au Ballet Nice-Méditerranée qu’il dirigeait depuis 2009. Il avait 60 ans. 

 

Éric Vu-An

 

Éric Vu-An n’est plus. Le Danseur Étoile, qui fut aussi chorégraphe et directeur de compagnie, est décédé d’un cancer du cerveau le 8 juin, à seulement 60 ans. Danseur métisse né d’un père guadeloupéen, d’une mère française et portant le nom de son père adoptif, il fut l’un des grands espoirs du Ballet de l’Opéra de paris dans les années 1980 – bien avant que le sujet des représentations des diversités ne soit sur la table – et a marqué son époque par ses talents d’interprète.

Né en 1964 à Paris, il entre à l’âge de dix ans à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, alors dirigée par Claude Bessy qui a compté parmi ses grands soutiens. Sa carrière démarre à toute allure. Il entre au Ballet de l’Opéra de Paris à seulement 15 ans, avec une dispense d’âge, en 1979. En même temps – quelle génération ! – que Marie-Claude Pietragalla, Wilfried Romoli, Laurent Hilaire ou Élisabeth Maurin. Deux ans plus tard, Éric Vu-An obtient ses premiers rôles de soliste, passe Sujet en 1982. Et devient l’un des jeunes interprètes préférés du nouveau Directeur de la Danse arrivé en 1983 : Rudolf Noureev.

En 1985, Éric Vu-An est au cœur, malgré lui, d’une des grandes affaires qui secoua la compagnie dans les années 1980. Maurice Béjart crée pour le Ballet Arepo, une création sur-mesure pour la nouvelle génération de solistes si enthousiasmante. Porté par l’euphorie des premières, le chorégraphe monte en scène à l’issue d’une représentation et nomme au grade de Danseur Étoile Éric Vu-An et Manuel Legris. À la grande colère du directeur Rudolf Noureev, qui oblige à un rétropédalage. Manuel Legris attend sagement son tour, il sera finalement nommé Étoile officiellement en 1986. Éric Vu-An, pour sa part, claque la porte. Grand danseur de Maurice Béjart, pour qui il a créé Le Baiser de la fée et Kabuki, il passe quelques mois dans sa compagnie avant de se lancer dans une carrière indépendante à l’international. Il danse un peu partout, chante aux côtés de Zizi Jeanmaire ou tourne pour Bernardo Bertolucci. À l’Opéra de Paris, Éric Vu-An fut artiste invité de nombreuses fois dans les années 1980, pour y danser William Forsythe, Roland Petit ou les grands rôles classiques comme Basilio. Sa dernière apparition sur la scène du Palais Garnier date de 2004, lorsqu’il interprète Kiki la rose de Michel Kelemenis pour le Gala Hommage à Claude Bessy.

Éric Vu-An devient ensuite directeur de compagnie. Il dirigea le Ballet de l’Opéra de Bordeaux de 1995 à 1997, avant de prendre la tête du Ballet d’Avignon. Il fut ensuite maître de ballet au Ballet de Marseille, puis fut nommé Directeur du Ballet Nice-Méditerranée en 2009, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Malgré un petit effectif et des budgets peu conséquents, il y proposa une programmation ambitieuse, faites de grands classiques qu’il adaptait ou des pièces d’aujourd’hui basées sur le langage classique. Mais sa façon de diriger la troupe fut plus contestée. Outre un sérieux turn-over, ses années de direction furent marquées par de graves accusations de discriminations et de harcèlement moral de la part de plusieurs ballerines, suite à l’annonce de leur grossesse ou de leur retour de congé maternité. Une ballerine, qui fut licenciée en 2018, porta plainte et le tribunal administratif de Nice exigea sa réintégration dans le Ballet en 2020. La danseuse porta l’affaire également au pénal, mais comme dans la plupart de ces cas, le tribunal prononça un non-lieu. Le procès n’a donc jamais eu lieu. La plaignante fit appel de cette décision, puis se désista en cours de route, le non-lieu fut donc définitif en 2023. Malgré des témoignages accablants d’autres danseuses, Éric Vu-An ne fut jamais inquiété, ni par sa direction, ni par ses tutelles.

Début 2022, une tumeur au cerveau est diagnostiquée à Éric Vu-An. Ce dernier reste en poste, même si ce fut Monique Loudières qui géra et porta le Ballet durant une bonne partie de la saison 2022-2023. En septembre, alors que le Ballet Nice-Méditerranée était en tournée à Biarritz, le retour d’Éric Vu-An était évoqué. Ce ne fut pour le danseur qu’une courte accalmie. Il décéda finalement de son cancer le 8 juin. Quelques jours seulement après son mari, Hugues Gall, mort le 25 mai.

 

 

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Commentaires (1)

  • Annick

    Merci pour l’information de cette triste nouvelle
    C’était un grand danseur
    Bravo pour votre journal

    Répondre

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