Les Démonstrations 2014 – École de Danse de l’Opéra de Paris
“Dans l’enseignement, l’important, c’est la simplicité“. C’est par cette citation du grand pédagogue Raymond Franchetti qu’Élisabeth Platel introduit les Démonstrations 2014 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Rite immuable, chaque fin d’année, toutes les divisions montent sur la scène du Palais Garnier pour montrer leur apprentissage, à travers les exercices de l’école française de danse, transmis de génération en génération. Et même dans les petites classes, où les pas restent simples, la qualité va se trouver dans le détail et cette quête constante de perfection.
Ces Démonstrations 2014 étaient aussi placées sous le signe du ballet Études, dont la musique a servi pour les saluts de chaque classe.
Les petites classes
Sixième division garçons – Professeur Bertrand Barena, pianiste Tristan Lofficial
L’entrée des garçons de sixième division, c’est toujours l’instant “choupinou” des Démonstrations. Imaginez une dizaine de petits garçons hauts comme trois pommes, ultra-concentrés, déjà très bien placés et fiers d’être là. Le cours se déroule dans la bonne humeur, Bertrand Barena encourageant sans cesse ses jeunes élèves. Ils ont enchaîné des dégagés, des ports de bras, des pirouettes et un exercice de petite batterie. Et déjà, avec l’idée de danser grand. “Allez toucher les coulisses avec vos bras, regardez loin“, leur lance leur professeur.
Sixième division filles – Professeure Muriel Hallé, pianiste Yuko Tsuchiya
Les filles sont plus l’apparence de petits poussins comme leurs homologues garçons, elles sont plus grandes et plus assurées. C’est une très jolie classe. Muriel Hallé leur parle beaucoup de musicalité, “on prend toute la musique pour ouvrir les bras“. Les filles firent des exercices de pirouettes et de sauts déjà assez complexes.
Cinquième division garçons – Professeur Marc Du Bouaÿs, pianiste Tadeusz Gieysztor
Les garçons démarrèrent avec un adage pas évident, demandant de l’endurance. La classe travailla beaucoup les sauts, avec des exercices d’échappés (“jusqu’au bout des pieds“), d’assemblées, de sissonnes et de tours en l’air. Un grand fossé technique sépare déjà cette classe des 6e divisions.
Cinquième division filles – Professeure Marie-José Redont, pianiste Isabelle Van Brabant
Une très jolie classe là encore, ensemble et musicale, avec de jeunes danseuses très souriantes. Marie-José Redont leur fait travailler un enchaînement de ballonnés et de pas de basque, “un couple phare de notre école“, déjà bien maîtrisé par les apprenties-ballerines. Place ensuite à un adage, tout en veillant à rester ensemble, et des pas de bourrés.
Quatrième division garçons – Professeur Christophe Duquenne, pianiste Michèle Mérou
Pour ses premières Démonstrations, Christophe Duquenne n’a pas forcément voulu faire prendre de risque à ses élèves (pas de doubles tours en l’air), mais a préféré montrer des exercices déjà bien en place. Les garçons démarrent par des dégagés dans toutes les directions et un bel adage. Places ensuite aux pirouettes qui se complexifient par rapport aux classes précédentes, avec des tours en 4e et 5e positions ou en attitude. Pour les sauts, les Petits Rats eurent droit à des assemblées, sissonnes et jetés, de face et en tournant, tout en veillant à rester en ligne.
Quatrième division filles – Professeure Véronique Doisneau, pianiste Richard Davis
Place aux pointes pour les filles, qui démarrèrent par un adage à la barre. Avec ce qui impressionne toujours, des jambes qui se lèvent très haut. Le cours porta sur le resserré de jambes, avec au milieu des relevés, retirés et échappés. Pour les sauts, place à des enchaînements de sissonne, “Allez, on s’envole“, encourage Véronique Doisneau.
Les cours complémentaires – Expression musicale, professeur Scott Alan-Prouty, pianiste Richard Davis (6e et 5e divisions) ; Danse baroque et folklore, professeure Marie Blaise (6e et 5e divisions) ; Mime, professeure Yasmine Piletta (5e divisions) ; Danse de caractère, professeure Jessica Chope, pianiste Isabelle Van Brabant (4e divisions).
Les sixièmes divisions démarrèrent avec des danses folkloriques, notamment une danse des bâtons qui donna quelques fils à retordre. pas facile de faire à la fois attention à sa position, son-sa partenaire et son accessoire à rattraper adroitement. Les 5e divisions firent une jolie démonstration de danse baroque, un genre qui va décidément bien aux élèves. Le mime fait toujours son petit effet auprès du public. Les exercices d’enchaînement font prendre aux élèves des poses burlesques, et l’improvisation du jour “Sur la plage” mit en valeur le sens de l’humour des Petits Rats. Pour la danse de caractère, place aux bases de la danse russe, avec des ficelles et autres contretemps, demandant beaucoup de rapidité du bas de jambe. Puis vient l’expression musicale, plutôt sobre cette année. Pas d’improvisation ni de scène théâtralisée, Scott Alan-Prouty a préféré les faire chanter sur trois chansons, terminant sur une note joyeuse la matinée.
Les grandes classes
Troisième division garçons – Professeur Wilfried Romoli, pianiste Masako Shimura
L’un des coups de coeur de ces Démonstrations. Les classes de Wilfried Romoli sont toujours très agréables à voir, avec un mélange d’une belle danse en place et d’une certaine prise de risque. Le décalage est parfois grand entre des garçons encore petits et des ados d’1m80, mais chacun a visiblement à coeur de faire de son mieux. Le cours commence par des dégagés-pirouettes, “pour préparer les départs des tours en l’air“, puis un adage, avant de travailler sur l’écarté-assemblée. Après quelques pirouettes, places aux sauts avec des tours en l’air arrivés sur un pied et des doubles tours en l’air. “Bon courage“, leur lance leur professeur en clin d’oeil.
Troisième division filles – Professeure Carole Arbo, pianiste Ellina Akimova
Autre coup de coeur, les 3e divisions sont décidément en forme cette année. C’est une très belle classe qui se présente en scène, très musicale, souriante, technique, avec quelques personnalités qui émergent. Carole Arbo démarre par un adage (“On travaille d’abord l’artistique“). Puis viennent les pirouettes, “votre exercice préféré” lance, amusée, la professeure à ses jeunes élèves. Les filles se lancent dans des grands pas de bourrés jetés, avec un grand et visible plaisir de danser. Un vrai régal !
Deuxième division garçons – Professeur Éric Camillo, pianiste Michel Myron Mytrowytch
La technique monte là encore d’un cran : trois tours, tours en l’air, entrechats six… Après des pirouettes, les garçons travaillent surtout les sauts, petites batteries, cabrioles arabesque et seconde et de grandes diagonales. La danse a pris un autre tour, moins purement scolaire, déjà presque professionnelle.
Deuxième division filles – Professeure Fabienne Cerutti, pianiste Claire Djourado
La différence technique se fait sentir avec la classe du-dessous. Mais les filles semblent assez stressées par les exercices, n’arrivant pas à vraiment se libérer en scène. Dommage, car toutes étaient en place et ont assuré ce qu’elles avaient à faire. À savoir des dégagés pas évidents à prendre musicalement, un adage de caractère, des grandes pirouettes en attitudes et arabesque, une grande valse, des diagonales et un beau manège final.
Première division garçons – Professeur Jacques Namont, pianiste Gaëlle Sadaune
La première division est spécialement scrutée, qui pourraient être les prochains engagés ? Le niveau est assez homogène, et pas forcément très supérieur avec la classe précédente. La technique est bien sûr plus complexe, mais ce n’est pas un fossé qui sépare la 1er de la 2e division. Les garçons montrèrent tout un aperçu de la grande technique masculine, entre des grandes pirouettes, des tours en l’air, des grands sauts et une grande batterie. Jacques Namont met en général chaque élève en valeur en les faisant danser seul, ce qui n’a pas forcément été le cas cette année.
Première division filles – Professeure Fanny Gaïda, pianiste Laurent Choukroun
C’est un peu le même constat que pour les garçons. Le niveau technique s’est élevé d’un cran, avec des fouettés, des manèges et grands sauts. Mais la différence avec le niveau d’en-dessous n’est pas forcément flagrante. La classe est globalement homogène, il n’y a pas forcément une danseuse qui se démarque particulièrement. La classe a toutefois démarré par un très bel adage, où véritablement les filles dansaient comme des professionnelles, et non plus des élèves.
Cours complémentaires – Danse de caractère, professeure Roxana Barbacaru, pianiste Ellina Akimova (3e divisions) ; Danse contemporaine, professeure Claire Baulieu, pianiste Gaëlle Sadaune (2e divisions) ; Adage, professeur Wilfried Romoli, pianiste Masako Shimura (1ères divisions).
Les 3e divisions ont décidément la forme… Le cours de danse de caractère fut superbe à regarder, avec beaucoup de personnalité et de joie de danser. La danse contemporaine des secondes divisions fut également un beau moment de danse, très musical. Les élèves travaillèrent sur trois phrases imposées suivies d’une improvisation, un moment presque trop court, les élèves auraient eut sûrement encore pleins de choses à montrer.
La belle classe d‘adage des 1ères division termina ces Démonstrations, chacun-e semblant plus à l’aise dans cet exercice. Wilfried Romoli travailla sur quatre pas de deux différents, du plus académique au néo-classique avec passages au sol, auxquels les élèves peuvent se trouver confronter dès leur première année dans le corps de ballet. Le final fut superbe, avec des portés lancés déplacés bien réussis.
Georges
Merci Amélie pour ce très agréable compte-rendu très.