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Aringa Rossa – Ambra Senatore

Il y a décidément quelque chose qui séduit dans la danse d’Ambra Senatore. Cet air de ne pas y toucher et d’en dire parfois beaucoup. Ce petit vent d’air frais qui ne tombe pas dans le gnan-gnan. Cette touche de burlesque qui arrive quand on s’y attend le moins. Cet humour sous-jacent. Passée deux fois par le Théâtre des Abbesses, Ambra Senatore a cette fois-ci eu droit à la grande salle du Théâtre de la Ville pour sa nouvelle et réussie création, Aringa Rossa.

Aringa Rossa

Aringa Rossa

Sur scène, les neuf interprètes sont comme nous, mais en mieux. Pas la version hipster (que oui, avouons-le, nous rêvons parfois d’être), mais la version reposée, légère, détachée des soucis du quotidien. Nous en vacances sans Wi-Fi. Une natte qui vole au vent, une robe au coton bien coupée, un jean-doudou, une bande d’ami-e-s. Ambra Senatore sait d’abord toucher parce qu’elle parle de nous. Et son regard de grande tendresse posé sur l’être humain n’aurait pas forcément déplu à Pina Bausch.

La danse d’Ambra Senatore se tourne d’ailleurs vers le théâtre dansé, plus virtuose, plus formellement dansée. Une danse qui ne révolutionne pas le geste (et qui n’a d’ailleurs aucune prétention de l’être) mais qui puise son originalité par ses surprises et un humour croustillant. Ambra Senatore aime s’amuser avec ce qu’attend le public.

Aringa Rossa

Aringa Rossa

Aringa Rossa est d’ailleurs la traduction de “Red Herring” (hareng rouge), technique narrative du cinéma qui consiste à leurrer le public par un récit truffé de fausses pistes, pour mieux le surprendre. L’on s’attache ainsi à un geste, une personne, mais ce serait plutôt ailleurs qu’il faudrait regarder. Tiens, ce petit bruit qui siffle par exemple. Un danseur se fait leader, les autres l’imitent à leur manière. Mais qui prend le relai ensuite ? Chacun se passe le geste comme une patate chaude, cherchant la lumière, créant son propre petit univers. L’humour jaillit sans qu’on s’y attende, par un geste décalé, par une reprise qui se fait différemment. La frontière entre chorégraphie écrite et improvisation est ténue.

Malgré son air de ne pas y toucher et sa simplicité, Aringa Rossa balade le public dans un univers bien spécial, rempli de surprise et de charme indéniable, où l’éclat de rire se fait franc. Je suis tombée dans chaque piège tendu par la chorégraphe et les esquives du récit. Ambra Senatore aime mener le public par le bout du nez.

Aringa Rossa

Aringa Rossa

 

Aringa Rossa d’Ambra Senatore au Théâtre de la Ville. Avec Ambra Senatore, Caterina Basso, Claudia Catarzi, Elisa Ferrari, Simona Rossi, Matteo Ceccarelli, Pieradolfo Ciulli, Romain Bertet et François Brice. Mercredi 11 février 2015.

 

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