Hallo de Marin Zimmermann
Le duo Zimmermann & de Perrot se disloque le temps d’un spectacle. Martin Zimmermann, l’acrobate du groupe, monte cette fois-ci seul en scène, pour un spectacle surprenant, riche d’inventivité même si l’écriture se cherche encore.
“Hallo”, c’est par le simple bonjour que Marin Zimmermann accueille le public en scène. Ou plutôt dans sa chambre. Dégaine improbable, à la fois grand enfant et grand rêveur, l’artiste semble être comme un gamin qui voyage par son imagination. Vous voyez ces enfants d’une dizaine d’années qui peuvent rester toute la journée dans leur chambre, s’inventant un mon imaginaire entre leur lit et leur armoire ? On y est. Les murs de son antre bougent, grandissent (sans jamais être vraiment inquiétants). Son chez-lui se tranforme, l’obligeant à s’en amuser, à l’apprivoiser, à jouer avec ce toit mouvant, jonglant avec le burlesque et l’improbable comme avec l’équilibre. On retrouve d’ailleurs ici le talent du duo pour s’amuser avec les décors et trouver de nouvelles dimensions.
Marin Zimmermann est acrobate, mais il n’est pas vraiment dans la virtuosité dans Hallo. Mais le travail physique est loin d’être absent, bien au contraire. Il s’en sert pour créer son personnage jusqu’au moindre mouvement de sourcils. C’est une marche dégingandée, un regard un peu tordu, une mimique bizarre et poétique. Le geste est profondément étudié même si tout semble improvisé. C’est le talent de savoir créer tout un personnage à partir de soi.
Pendant une heure, ce clown lunaire nous emmène dans son monde. L’humour vient d’une dégaine, d’un regard, d’un déséquilibre immédiatement repris face aux murs qui bougent. L’écriture est parfois répétitive, semblant de temps en temps manquer comme d’un fil conducteur. Le saut du coq à l’âne déstabilise parfois. Mais l’essentiel est là : un monde unique créé à partir d’un corps et de trois bouts de bois. La poésie tient souvent à peu de choses.
Hallo de Marin Zimmermann au Théâtre des Abbesses. De et avec Marin Zimmermann. Jeudi 16 avril 2015.