Gros plan sur le festival Suresnes cités danse 2013
Chaque année, en janvier, c’est le même refrain du côté du public parisien : “Il n’y a rien à voir avant février“. Et comme chaque année, il faut bien l’induire en erreur : il se passe des choses, et notamment du côté du Théâtre Jean Vilar de Suresnes, avec le festival Suresnes cités danse.
Depuis 1993, Suresnes cités danse est devenu la référence du festival de danse hip hop. Pendant près de trois semaines, artistes et troupes reconnu-e-s se retrouvent au Théâtre Jean Vilar pour des créations, rencontres et performances, ainsi que des chorégraphes de danse contemporaine souhaitant s’essayer à d’autres horizons. Le festival a soufflé ses 20 bougies la saison dernière avec Angelin Preljocaj, Blanca Li, Robyn Orlin ou Jérémie Bélingard. La 21e édition, qui se tient du 12 janvier au 3 février, a une programmation tout aussi alléchante. 8 créations, 28 représentations, 14 chorégraphes, 58 danseurs et danseuses… suivez le guide.
Les spectacles
Tam Taï de Karine Saporta (création) – Du 12 au 15 janvier
Karine Saporta n’est pas une inconnue à Suresnes cités danse, ayant déjà participé à quatre éditions du festival. Pour 2013, elle propose une nouvelle création, autour de six danseurs et six percussionnistes asiatiques, une “greffe rythmique savante autour d’une série de figures hip hop transformées en moteurs de transe“.
Plus d’infos : interview de Karine Saporta sur France Musique.
Käfig Brasil de Mourad Merzouki – Du 18 au 20 janvier
Passé par les arts martiaux et le cirque, Mourad Merzouki a depuis signé une quinzaine de pièces et hip hop. Pour Käfig Brasil, il s’est entouré de quatre autres chorégraphes (Anthony Egéa, Céline Lefère, Denis Plassard et Octavio Nassur) pour faire danser une troupe de cariocas avec qui il travaille depuis quatre ans. Du hip hop aux sonorités brésiliennes, un programme tentant.
La première partie sera assurée par Fred Bendongué. Ancien soliste du Ballet de Roland Petit, il s’est mis au hip hop, et présente ici son solo Silence… on rêve, sur un slam d’Ab Al Malik.
Plus d’infos : le site du CCN Créteil et Val-de-Marne, dirigé par Mourad Merzouki.
Soirée Doug Elkins – Du 22 au 23 janvier
Le new-yorkais Doug Elkins, le “parrain” de Suresnes cités danse depuis les débuts du festival présente deux pièces pour cette 21e édition. D’abord une création, Mo(or)town/Redux, hommage par quatre danseurs au fameux label de musique Motown. “Du groove qui prend au tripes pour une relecture d’Othello” nous dit-on. Puis une re-création, Scott, Queen of Marys, créée en 1993 pour l’icône gay Willy Ninja.
Plus d’infos : la critique du spectacle par le New York Times et un portrait de Doug Elkins dans Les Echos.
Standards de Pierre Rigal – Du 25 au 27 janvier
Ancien athlète de haut niveau, Pierre Rigal jongle dans ses chorégraphies entre danse contemporaine, hip hop et performances. Habitué de Suresnes cités danse, il revient en 2013 avec sa pièce Standards, créée il y a un an au festival (qui passe pour l’occasion de 35 à 60 minutes). “Du formatage à l’uniformisation en passant par le niveau de vie ou la spécificité d’un groupe de personnes, Standards donne du grain à moudre“. Je n’ai pas vu cette pièce, mais j’aime en général beaucoup l’univers de ce jeune chorégraphe, à découvrir.
Plus d’infos : reportage sur la création de Standards sur Arte.
Soirée Raphaëlle Delaunay / Jean-Claude Marignale – Du 26 au 28 janvier
Deux ballets : Debout ! (création) et No Limit, No Time.
Raphaëlle Delaunauy est passée par l’Opéra de Paris et la troupe de Pina Bausch avant de devenir chorégraphe. C’est là encore une habituée du festival, qui vient pour la quatrième fois. Debout ! est une création, un solo sur “l’urgence intime du mouvement en racontant 20 ans de carrière“. Jean-Claude Marginale vient pour sa part à Suresnes pour la première fois. Originaire de Guadeloupe, il est danseur hip hop depuis les années 1980 après être passé par Alvin Ailey. No Limit, No Time est un trio “qui taille une tranche de vie quotidienne speed et nerveuse“. Programme là encore éclectique et visiblement joyeux.
Plus d’infos : le site de Jean-Claude Marignale, qui pour les intéressé-e-s donne aussi des cours au studio Harmonic.
Rage d’Anthony Egéa – Du 29 au 30 janvier
Anthony Egéa est danseur hip hop depuis 30 ans, directeur de la troupe Rêvolution et du Centre de formation professionnelle pour interprètes hip hop. Rage met en scène six danseurs venus de six pays africains, rencontrés lors d’une tournée du chorégraphe. Le résultat : une combinaison “d’énergie brute et d’écriture limpide, où le hip hop se sculpte une silhouette contemporaine enracinée dans la tradition“. D’Anthony Egéa, je ne connais qu’une oeuvre, Tétris, par le Ballet de Bordeaux. J’avais parfois été frustrée de la façon dont il utilisait ses interprètes classiques, mais suis plutôt curieuse de voir d’autres de ses pièces.
La première partie sera composée de Ma leçon de hip hop, petite pièce virtuose et très drôle concoctée par Sylvain Groud et Céline Lefèvre.
Plus d’infos : le site de la compagnie Rêvolution d’Anthony Egéa.
Vous désirez ? de Céline Lefèvre – Du 31 janvier au 3 février
Habituée de Suresnes cités danse, et présente dans plusieurs spectacles, la danseuse hip hop Céline Lefèvre a droit à une série à elle pour clôturer cette 21e édition. Présenté comme une “revue hip hop“, Vous désirez ? se veut être un “show guerrier mais toujours élégant“, mélangeant strip-tease, travestissement, French cancan ou duos acrobatiques. Le genre de choses qui me fait très envie sur le papier !
Univers… l’Afrique d’Abou Lagraa – Du 1er au 3 février
Créateur du Ballet Contemporain d’Alger, de plus en plus reconnu sur la scène de la danse, Abou Lagraa fait partie des habitués de Suresnes cités danse, c’est sa septième participation. Univers… l’Afrique est composé de deux pièces en miroir, l’une dansée par la compagnie La Baraka, l’autre par le Ballet Contemporain d’Alger, deux quatuors sur des chansons de Nina Simone, une danse “vive et palpitante pour répondre à l’appel de la liberté“.
Plus d’infos : courte critique du spectacle par le magazine Danser.
Cités danse connexions
Créé en 2007, Cités danse connexions est un pôle dédié aux danseurs et danseuses hip hop professionnels, proposant ateliers, perfectionnement technique ou masterclasses. Suresnes cités danse leur réserve cette années deux soirées, autour de chorégraphes venant de tous horizons.
Cités danse connexions #1 – Du 12 au 14 janvier
4Souds de Delphine Caron, Double Je(u) de Farid Berki et Serge Aimé Coulibaly (création), Lastminute.org de Sonia Duchesne.
Cités danse connexions #2 – Du 19 au 21 janvier
Sègzprime et ce lien de Mathieu Hernandez (création), Bon app’ ! de Nabil Ouelhadj (création) et Le rythme de l’Autre de Farrah Elmaskini (création).
Autour du festival
Projection
– Check Your Body at the Door de Sally Sommer, le dimanche 20 janvier à 19h30. En présence de Sally Sommer, Javier Ninja, Nikki Snode et Doug Elkins. Réalisé dans l’âge d’or des années 1990 sur les danseurs underground de house à New York, ce documentaire suit les danseurs dans leur vie quotidienne et révèle par le procédé d’ombres chinoises, leur silhouette et leur formidable virtuosité. Il met au grand jour ce qu’était la vie des danseurs dans les clubs, comment et pourquoi ils dansaient.
Expositions
– Exposition des photos de répétitions du festival, à voir dans le Théâtre Jean Vilar et la médiathèque.
Tous les détails pratiques (réservation, horaire, comment y aller…) sont à retrouver sur le site de Suresnes cités danse 2013.
Et vous, quel spectacle vous tente le plus ?