En répétition – Un avant-goût de Mozartiana de George Balanchine au Ballet de l’Opéra de Paris
Le Ballet de l’Opéra de Paris présente une soirée dédiée à George Balanchine, du 22 octobre au 15 novembre au Palais Garnier. Une répétition publique avait lieu en préambule, autour du ballet Mozartiana. La séance a réuni les Sujets Sae Eun Park et Fabien Révillion autour de Maria Calegari, ancienne Principal du NYCB et répétitrice du Balanchine Trust (qui s’occupe de transmettre le répertoire du chorégraphe dans le monde). Habituée des répétitions devant un public, cette dernière a mené d’une très agréable manière la séance, faisant travailler différents passages, toujours soucieuse de se montrer claire et pédagogue. Elle a ainsi aussi bien parlé du ballet Mozartiana que de ses souvenirs liés à George Balanchine, laissant au public le temps de lui poser quelques questions. Béatrice Martel, répétitrice assistante sur ce ballet, a servi d’interprète. Ryoko Hisayama était la cheffe de chant.
Clotilde Vayer, assistante à la Direction de la Danse (Aurélie Dupont ne s’est pas encore montrée à ces répétitions) introduit d’abord la séance. “Maria Calegari a dansé plus de 40 ballets avec George Balanchine et Jerome Robbins“, explique-t-elle. “Il est extraordinaire de la voir répéter en studio“. Maria Calegari prend ensuite le micro pour expliquer le déroulement du ballet Mozartiana. Comme souvent, le chorégraphe avait plusieurs fois retouché ce ballet, il s’agit ici de sa troisième et dernière version. “George Balanchine retravaillait beaucoup ses ballets .14 ans se sont ainsi écoulés entre la 2e version et la 3e de Mozartiana. C’est comme s’il avait eu plusieurs vies en une“. Mozartiana tient une place particulière dans les coeurs de cette génération d’interprètes, puisque cette troisième version est le tout dernier ballet du chorégraphe, en 1981. Il a aussi une place spéciale dans la carrière de Maria Calegari. “J’étais jeune soliste, au début de ma carrière de Principal quand j’ai dansé ce ballet, qui a été fait spécialement pour Suzanne Farrell. C’est un ballet plein de challenge mais aussi très agréable, avec beaucoup de féminité. Il y a aussi de très beaux costumes, faits par Rouben Ter-Arutunia qui a souvent travaillé avec George Balanchine. Et quand les danseur.se.s se sentent beaux.belles, cela aide“. Elle explique aussi la musique de Tchaïkovski, qui est un hommage à Mozart et Gluck.
La répétition débute avec la Prière, premier extrait du ballet et solo de la Principal. Sae Eun Park propose un très beau travail de bras, lyrique et d’une grande musicalité. Ce genre de répertoire lui va bien. Maria Calegari a l’air satisfaite. Elle lui fait travailler quelques détails, comme deux pas qui remplacent des menés ou des positions plus précises des bras. Le travail de ces derniers est très important. “Ton port de bras doit entraîner le public à prier avec toi“, explique la répétitrice. Elle engage aussi la danseuse à, dès à présent, imaginer sa place par rapport aux coulisses sur scène. Fabien Révillion prend la suite avec la gigue, réservée au deuxième soliste. Il s’agit d’un passage très rapide, mélangeant technique classique et pas de danse de caractère. “Dans cet extrait, on comprend le style de George Balanchine avec ses influences russes et géorgiennes“, raconte Maria Calegari. “Le tempo est très rapide et la variation essouffle vite. Mais le danseur doit continuer à bien présenter son pied et à élargir“, expliquant que ce passage est aussi une évocation de Louis XIV. Il faut toujours aller plus loin dans ce passage. “Le mot préféré de George Balanchine était ‘More’“, se souvient-elle. “Il en voulait toujours plus, à l’inverse de Jerome Robbins“.
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Place ensuite au long passage du couple principal, qu’apprend aussi Fabien Révillion. Après la Prière, la ballerine danse avec quatre jeunes danseuses de l’École, puis quatre danseuses du corps de ballet, qui sont comme ces jeunes filles qui ont grandi. Vient ensuite la Gigue, puis le grand passage du couple principal avec un adage et sept variations, quatre pour la danseuse et trois pour le danseur, qui augmentent dans la difficulté. Le couple travaille d’abord leur entrée. “Tout doit être élégant, comme dans une danse de salon“, conseille Maria Calegari. À chacun ensuite quelques passages en solo. Pour Sae Eun Park, la répétitrice insiste une nouvelle fois sur le travail des bras. “Il est intéressant de travailler sur les bras, qui vont donner la direction du mouvement suivant“. Quant à l’adage, elle demande à la danseuse d’être plus autoritaire au début, sans oublier le “romantic style“ cher à George Balanchine.
À la fin de la séance, le public est invité à poser quelques questions. Fabien Révillion explique ainsi qu’il aime beaucoup la Gigue, car il y a dans ce passage un second degré qu’il apprécie, et qui le change des autres ballets de George Balanchine qu’il a pu travailler, comme Palais de Crystal plus solennel. Le couple qu’il forme avec Sae Eun Park est en tout cas plutôt bien assorti, harmonieux dans sa danse et sa musicalité. Dommage qu’ils n’aient pas de date ensemble pour l’instant, mais à suivre au fur et à mesure de la saison. Quant à Maria Calegari, elle a su faire apprécier George Balanchine dans toutes ses délicates subtilités, et donne envie de voir le résultat sur scène.
petitvoile
Sae Eun Park dans Balanchine est plutôt une drôle d’idée mais ce rôle à priori très école a l’air de lui aller, même si Balanchine ne s’y voit pas!
SADGLP
Comment peut-on écrire cette page sans que y figure une seule fois le nom de Monsieur Benjamin MILLEPIED !?
Amélie Bertrand
@ SADGP – Pour une simple raison : il s’agit du compte-rendu d’une répétition, et pas une fois le nom de Benjamin Millepied n’y a été prononcé. On peut le regretter, mais c’est comme àa.