Un tour à l’exposition Corps en mouvement au Musée du Louvre
Benjamin Millepied est décidément encore à Paris. L’ex-Directeur de la Danse à l’Opéra de Paris est en effet le co-commissaire de l’exposition Corps en mouvement, présentée à la Petite Galerie au Musée du Louvre du 6 octobre 2016 au 3 juillet 2017. Plus qu’une exposition sur la danse, il s’agit surtout d’une exposition sur la représentation du mouvement dans l’art et son évolution, malgré le sous-titre “La danse au musée”. Un sujet vaste un peu fourre-tout, qui empêche une cohésion de l’ensemble malgré de très belles pièces.
La Petit galerie est un endroit particulier du Louvre : elle est réservée aux expositions pédagogiques, pour les enfants et/ou les néophytes de l’art. L’espace est ainsi limité est la façon de concevoir une exposition diffère de la ligne habituelle. Plutôt que de creuser un thème en particulier, il s’agit de montrer plusieurs directions, permettant aux visiteur.se.s de toucher un peu à tout. De fait, les 70 oeuvres présentées vont de l’Antiquité au début du XXe siècle. Plus que de la danse, il s’agit de montrer la façon de rendre un mouvement vivant dans l’art. Un choix assumé de Benjamin Millepied, qui avoue ne pas forcément aimer la représentation de la danse dans les oeuvres d’art. “Elles sont pour moi toujours un peu à côté“, explique-t-il. “Je préfère qu’en apparence il n’y ait aucun rapport avec le ballet. our moi, l’artiste ne peut pas s’inspirer d’une œuvre d’art déjà accomplie, pensée par un autre, obéissant à une autre logique, il doit créer son propre ballet de figures“. Inutile donc d’attendre les célèbres tableaux de Degas. Benjamin Millepied lui préfère Rodin, “qui fait poser des danseuses khmères, mais ne leur donne pas toujours des positions de danseuses“.
L’exposition démarre avec une section sur “Animer la matière”, ou comment la maîtrise de la technique permet au peintre ou au sculpteur de rendre l’illusion du mouvement, de la marche, de la course. “L’art ne va pas sans la technique, c’est primordial à mes yeux : les exercices de composition des sculpteurs, les techniques du dessin me parlent autant que les”œuvres achevées“, raconte Benjamin Millepied. Un focus sur Apollon et Daphné, montrant différentes oeuvres rendant l’illusion de la course, est particulièrement intéressant. On passe de l’étude de codifier le geste au séquençage du mouvement, avec notamment le travail des peintres sur les chevaux au galop (Course de chevaux de Théodore Géricault). Le corps dansant n’arrive qu’après, se concentrant surtout sur des sculptures du début du XXe siècle. Avant d’y arriver, la danse serpentine de Loïe Fuller se déploie sur les murs blancs de la Petite galerie.
Malgré des explications très claires, la ligne directive de l’exposition devient vite fouillie. On se perd dans des idées qui partent un peu dans tous les sens, sans jamais véritablement se creuser. C’est aussi un peu le but de cette Petite galerie, mais pas sûr qu’un enfant peu habitué aux expositions s’y retrouve vraiment, tant tout semble aller dans tous les sens. Mais si l’on arrive à s’y retrouver, l’évocation du mouvement dans l’art s’y révèle passionnante.
Exposition Corps en mouvement jusqu’au 3 juillet 2017 à la Petite Galerie du Musée du Louvre.
Sweety
Petite précision (mais je comprends tout à fait que tu ais fait cette “erreur” vu le manque de clarté du Louvre à ce sujet) : contrairement à la première exposition de la Petite Galerie qui s’adressait aux enfants, cette nouvelle exposition est dédiée aux 18-30 ans, ce qui peut expliquer ce parti-pris de ne pas creuser les idées, mais au contraire de les multiplier.
Après, sinon, je suis assez d’accord avec toi, de très belles pièces, de bonnes idées, mais un manque d’approfondissement à mon gout qui empêche une expérience pleinement satisfaisante.
Amélie Bertrand
@ Sweety : Merci de la précision ! Ce détail n’était en effet pas clair, même si j’ai eu la sensation pendant l’expo qu’elle se n’adressait pas spécialement à des enfants.