Edward Villella : “Pour le Miami City Ballet, c’est fantastique de danser à Paris”
Edward Villella est le directeur du Miami City Ballet. Ancienne étoile du New York City Ballet, il a fondé cette compagnie en 1986, lui donnant les mêmes fondamentaux de la compagnie new-yorkaise : Balanchine et Robbins, deux chorégraphes qu’il a bien connu.
Pour la première fois, le Miami City Ballet va se produire à Paris, dans le cadre des Etés de la danse qui démarre aujourd’hui, le 6 juillet. Edward Villella était présent à la conférence de presse du festival. Il en a profité pour présenter sa compagnie et quelques ballets qui seront présentés au Châtelet.
Que représente Paris pour le Miami City Ballet ?
Nous ne sommes pas partis danser en Europe depuis le 11 septembre 2001… Pour nous, c’est vraiment fantastique de venir danser ici, c’est un honneur d’avoir été invité. Je suis très heureux de pouvoir montrer ma compagnie à Paris.
Pouvez-vous présentez votre compagnie en quelques mots ?
Nous avons une quarantaine de danseurs et danseuses dans notre compagnie. La troupe compte aujourd’hui douze “principal dancers”, venant de six nationalités différentes. Nous avons vraiment des artistes qui viennent de partout, Mexique, Allemagne,France, Angleterre, Cuba…
Maintenant, nous avons aussi créé notre propre école. 40 % de nos danseur-se-s y sont issu-e-s, ce qui est une bonne affaire, puisque c’est ma femme qui a fondé et qui dirige l’école ! Nous avons voulu la créer pour avoir des artistes qui savent danser notre répertoire. Si un danseur comprend Balanchine, il comprend la danse du XXe siècle, parce que c’est là d’où il vient. C’est un peu dans ce sens que nous avons créé l’école, même si notre compagnie reste composée de beaucoup de nationalités.
Une bonne partie de la programmation est composée de ballets de Balanchine. Y en-t-il un qui vous tient plus particulièrement à coeur ?
Western Symphony par exemple. C’est le premier ballet que j’ai dansé… George Balanchine était très porté sur les ballets américains, et sur les Etats-Unis en général. Il s’habillait du reste de façon assez “cow-boy”, il portait toujours un petit ruban qu’il nouait autour du cou, un peu comme les costumes du ballet. Il voulait avoir une allure très américaine. Western Symphony, c’est l’une de ses premières approches de ce style, une véritable impression de l’Amérique, de la force américaine.
Balanchine a toujours chorégraphié en écoutant la musique. Pour lui, c’était la musique qui exprimait le ballet et la danse. Pour cette partition, le compositeur a pris plusieurs petits morceaux folkloriques, et il en a fait une véritable symphonie. Pour moi, c’est un ballet qui a pour ambition d’être une symphonie sur cette Amérique de l’Ouest. C’était vraiment la première impression que Balanchine a eu des cow-boys.
Les danseurs et danseuses ont énormément de pression sur ce ballet, car il représente très bien le New York City Ballet de Balanchine, et le Miami City Ballet d’aujourd’hui. C’est en plus un ballet qui est très peu dansé en France, l’Opéra de Paris ne le danse pas (ndlr : mais l’Ecole de Danse, si, du moins en partie).
Pouvez-vous nous parler d’autres ballets de George Balanchine présentés à Paris ?
Square Dance est un ballet très joyeux, plein d’enthousiasme. J’ai aussi dansé ce ballet, quand j’étais très très jeune. C’est une chorégraphie simple, belle, bien conçue. Il est aussi très rarement donné en France. Tarentelle est beaucoup plus explosif ! Il a été créé par George Balanchine pour moi et Patricia McBride. Il ne dure que cinq minutes, mais quand on le danse, on a l’impression que cela dure deux heures, tellement il est bourré d’énergie.
Le public pourra également voir Symphony in Three Movements. C’est là encore un très bon exemple du travail et du style de George Balanchine. Il est superbement construit. C’est l’un des ballets les plus néo-classiques du chorégraphe.
Passons à Jerome Robbins avec Afternoon of a Faun…
Jerome Robbins a eu l’idée de ce ballet en me regardant à travers une fenêtre d’un studio de danse, alors que je m’étirais pour m’échauffer. Et tout d’un coup, il a été inspiré… C’est l’un des principaux rôles que j’ai dansé au New York City Ballet.
Twyla Tharp, moins connue du public français, fait également partie de la programmation, avec entre autres Nine Sinatra Songs.
C’est un ballet basé sur plusieurs chansons de Frank Sinatra, porté tout particulièrement par My Way. Plusieurs couples d’âges différentes dansent des pas de deux… A la fin, lorsque l’on a vu l’ensemble, on a l’impression d’être à un anniversaire des 50 ans d’un mariage !
Le Miami City Ballet présentera enfin des oeuvres plus contemporaines, comme Liturgy de Christopher Wheeldon, ou Promethean Fire de Paul Taylor, à l’histoire très particulière.
Ce ballet a été inspiré par la catastrophe du 11 septembre, qui a terriblement marqué Paul Taylor. C’est un ballet très puissant, très fort, dramatique par certains côtés. Et en même temps, à la fin, c’est magnifique parce qu’il y a l’espoir et la renaissance. Comment trouver le sens de tout ça ?
Pour nous, c’est très important de danser ce ballet, parce que Paul Taylor ne l’a jamais donné à aucune compagnie. C’est à force d’insister, de lui dire que nous aimerions vraiment le danser, énormément. Il l’a finalement confié au Miami City Ballet cette année, parce qu’il savait que notre compagnie saurait danser son ballet.
Les Etés de la danse, avec le Miami City Ballet du 6 au 23 juillet. 17 soirées, 17 programmes différents, ainsi que des cours publics et des projections de films. Renseignements/réservations sur le site des Etés de la danse.
Anne-Laure
j’ai pu te suivre sur tweeter. Cette soirée d’ouverture semblait magnifique!!
J’attends ton article avec impatience 😀
Amélie
@Anne-Laure:Et hop ! le voila 🙂 Belle soirée en effet.