Journal de Russie – Résolutions de janvier
Alors qu’à Paris, la perplexité règne quant au cap indécis que semble prendre le Ballet de l’Opéra de Paris, Moscou et Saint-Pétersbourg affichent comme toujours des valeurs cardinales. Heureusement, le ballet russe ne connait pas la crise. Retour sur un Nouvel an prometteur.
Le sacre du Tsar Youri Grigorovitch
Vous avez certainement vu ses grands ballets soviétiques, qui définissent le style Bolchoï du XXe siècle et qui ont irrigué depuis l’identité de cette compagnie de génie. Spartacus et son ode virile à la liberté, la ferveur populaire de ses grands ensembles masculins, illustrée notamment dans Ivan le Terrible, l’exaltation orientale des sens de Légende d’amour bariolé de bleu saphir, de rouge rubis, de jaune safran. Si vous suivez assidument les représentations filmées par Pathé Live, vous avez dû chavirer pour sa Bayadère dansante et chatoyante ou son Lac des cygnes conceptualisé. Le grand Youri Grigorovitch, mythe vivant du Bolchoï, a célébré ses 90 ans le 2 janvier dernier. Son théâtre de prédilection lui dédie ainsi un festival en janvier et en février, programment tous les ballets du maître actuellement au répertoire. Lisez en passant l’article Qui dit Youri Grigorovitch dit Bolchoï de RBTE, article qui retrace la carrière du chorégraphe.
Mais alors que Youri Grigorovitch est loué comme une idole, de sombres rumeurs circulent dans les réseaux balletomanes russes. Certaines de ses oeuvres seraient appelées à disparaitre du répertoire l’an prochain, par la volonté de Makhar Vaziev, attaché à redéfinir une ligne artistique pour la compagnie dont il a pris la direction l’an dernier.
https://www.instagram.com/p/BOxx4qbjdTP/
Spartacus au Ballet royal de Flandre
La virtuosité russe vient dans nos contrées occidentales en ce début d’année. A l’occasion de l’entrée au répertoire du Ballet royal de Flandre de Spartacus,de Youri Grigorovitch, Ivan Vassiliev, Denis Rodkine, Alexander Volchkov et Anastasia Stashkevitch ont été invité.e.s en Belgique pour interpréter les rôles principaux. Danses avec la plume a pu assister à la représentation du 29 janvier, où les danseurs d’Anvers ont côtoyé ceux de Moscou. Ivan Vassiliev est l’étendard le plus flamboyant d’un style Bolchoï que l’on définit classiquement comme étant héroïque, voire guerrier, spectaculaire et virtuose. Sa danse fougueuse convenait particulièrement au rôle titre. La ravissante Anastasia Stashkevitch inspirait quant à elle la plus grande pitié : tout son corps frêle traduisait la fragilité de sa condition. Ses longues jambes et ses longs bras graciles ont instillé une bonne dose de lyrisme à ce peplum chorégraphique. Cette série de Spartacus court jusqu’au 5 février prochain. C’est le moment de rendre visite à nos ami.e.s flamand.e.s.
Festivals à Saint-Pétersbourg
Au plus froid de l’hiver, le printemps s’annonce artistique à Saint-Pétersbourg. Le Festival International du Mariinsky (30 mars – 9 avril) a annoncé sa programmation. La première célèbrera la reconstruction de Paquita, en trois actes, sur une chorégraphie de Youri Smekalov. Autre réjouissance du côté du Festival Dance Open (13 – 24 avril), qui accueillera notamment le ballet La Reine des neiges, de Viatcheslav Samodourov et la nouvelle Cendrillon du Ballet de Perm.
L’interview du mois
Olga Smirnova, nouvelle égérie du Bolchoï, a répondu aux questions d’Ilona Landgraf avant la retransmission de La Belle au bois dormant. Elle revient en détail sur sa compréhension du rôle d’Aurore. Et pour illustrer ses mots, rien de mieux qu’une compilation de ses variations dans le tutu de l’héroïne du ballet.
France-Russie
Il est encore un peu tôt pour savoir ce que Laurent Hilaire envisage de programmer lors de sa première saison au Stanislavski, théâtre moscovite d’intérêt dont il vient de prendre la direction. En attendant, la première soirée de son cru a été dévoilée : elle aura lieu en juillet et mettra à l’honneur Suite en blanc de Lifar, The Second detail de Forsythe et Petite mort de Kylian.
Si vous avez du temps libre à Paris ces jours-ci, hâtez-vous vers le 7e arrondissement où l’exposition Paris-Moscou, la diagonale du rêve, rend hommage à la danse, de l’Opéra de Paris au Bolchoï, sous l’objectif de Gérard Uféras.
Le point Zakharova
En ce début d’année 2017, faisons un sort à la tsarine de la danse. Nulle surprise, un diamant de plus de 58 carats s’est vu baptiser… Svetlana Zakharova, en hommage au plus beau joyaux du ballet de notre temps. Félicitations à elle !
Les débuts annoncés pour février
Svetlana Zakharova a tout dansé… Mais certains ballets ont échappé à sa notoriété terrassante. Elle fera ses débuts le 24 février prochain dans le rôle d’Anastasia, grand personnage féminin d’Ivan Le Terrible (Youri Grigorovitch).
Fée des Lilas sereine et régalienne, Youlia Stepanova poursuit son ascension au Bolchoï. Elle avait été sacrée Etoile un an après son embauche au grade de soliste et elle a enchaîné depuis les prises de rôle prestigieuses. Le 9 février, elle incarnera Mekhmene Banou dans Légende d’amour. Une chose est sûre, elle portera le voile à merveille.
Devenue incontournable au Bolchoï, Olga Smirnova étend son répertoire classique. Elle fera ses premiers pas en Giselle aux côtés de Semen Tchoudine le 19 février.
Février verra enfin le retour d’Evguenia Obratzsova, à présent mère de deux jumelles, sur la scène du Bolchoï.
Le rendez-vous ciné de février
Vous l’avez déjà vu en janvier 2015 ? Vous irez le revoir en février 2017 ! Le Lac des cygnes interprété par Svetlana Zakharova, déesse cygnesque par excellence, ne se boude pas. Si par malheur, vous n’êtes pas encore décidé, cette bande-annonce devrait finir par vous convaincre. Rendez-vous le 5 février dans les cinémas participants.