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One of a Kind de Jiří Kylián – Ballet de l’Opéra de Lyon

Le Ballet de l’Opéra de Lyon et Jiří Kylián, c’est une histoire qui dure. Preuve en est : le ballet One of a Kind, un peu à part dans la carrière du chorégraphe par sa longueur (deux heures), que danse la compagnie lyonnaise depuis 2008. La troupe l’a repris pour terminer la saison. Divisé en trois actes, One of a Kind est un puissant puzzle entre une danse affûtée, une scénographie imposante et une musique percutante, pour tracer le chemin pas évident de la liberté intérieure. 

One of a Kind de Jiří Kylián – Ballet de l’Opéra de Lyon

One of a Kind a une histoire un peu particulière. Il s’agit en fait d’une commande en 1998 du gouvernement néerlandais (Jiří Kylián était alors directeur du NDT) pour commémorer le 150e anniversaire de la Constitution des Pays-Bas. L’on pourrait s’attendre à une grande fresque sur l’individu et la force du danser ensemble. C’est le cas, mais l’ambiance n’y est pas vraiment victorieuse. Au contraire, les trois actes qui composent la pièce montrent le chemin ardu, sinueux, difficile, semé de violence, que chacun.e doit mener pour être vraiment “unique en son genre”, comme pourrait se traduire le titre. Le ton y est lourd et pesant, notamment au premier acte où la scène est hérissée de pointes blanches, découpées de façon crue par la lumière.

La musique, composée par Brett Dean, est un mélange de chants traditionnels du Tibet ou du Groenland, des madrigaux baroques de Gesualdo et d’un violoncelle en live, qui tranche – aussi bien sur la sonorité que visuellement en scène – avec le reste de la bande-son. Une danseuse soliste (Coralie Levieux) émerge de la fosse d’orchestre. La danse est comme secouée de spasme, se cherchant dans la pénombre. Le chemin de la connaissance de soi est compliqué, comme celle de l’émotion vers le public. Trop de noirceur ou une danseuse peut-être un peu trop dans le surjeu ? Ce premier acte apparaît un peu difficile d’accès, la danse un peu encombrée.

One of a Kind de Jiří Kylián – Ballet de l’Opéra de Lyon

Le deuxième acte apparaît de fait plus limpide, comme dénué de tics. Avant d’y parvenir, l’entracte se fait rideau ouvert, avec toujours la soliste en scène, comme le fil rouge de ces trois parties (l’entracte s’appelle d’ailleurs ici l’interlude). La scénographie est à la fois imposante et épurée, avec d’immenses mobiles voyageant dans l’espace et structurant la lumière d’une façon assez saisissante. La danse de Jiří Kylián retrouve son espèce de force clairvoyante, superbement musicale avec la violoncelliste présente avec force en scène. Le geste est à la fois complexe dans sa construction, tranchée dans sa manière d’être interprétée, mais aussi d’une formidable pureté, allant à l’essentiel.

La danseuse est au sol, le groupe arrive comme un souffle et la regarde… Le temps se suspend jusqu’au troisième acte qui voit cette fois-ci les interprètes évoluer dans une espèce de cage dorée, métaphorisée par de long fils d’or tombant des cintres (avec un visuel qui n’est pas sans rappeler Kaguyahime). La danse se fait plus apaisée, même si le chemin vers la liberté individuelle n’est pas encore terminé. Peut-il d’ailleurs se finir un jour ? Le long chemin de la danseuse seule en scène pour clôturer One of a Kind laisse plutôt figurer qu’il s’agit d’une quête perpétuelle. Mais que la conscience de cette quête peut aussi être un apaisement.

One of a Kind de Jiří Kylián – Ballet de l’Opéra de Lyon

 

One of a Kind de Jiří Kylián par le Ballet de l’Opéra de Lyon à l’Opéra de Lyon. Avec Coralie Levieux (solo) et le Ballet de l’Opéra de Lyon. Mardi 30 mai 2017. À voir jusqu’au 1er juin

 

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