CIrkopolis – Le Cirque Eloize s’envole au 13ème art
Le Cirque Eloize est de retour à Paris. Après cinq ans d’une trop longue absence dans la capitale, la compagnie québécoise s’est installée pour un mois sur la scène du nouveau théâtre 13ème art avec Cirkopolis, un spectacle créé il y a cinq ans et inspiré visuellement par le chef d’œuvre de Fritz Lang Metropolis. C’est le créateur et directeur de la compagnie Jeannot Painchaud, en collaboration avec le chorégraphe Dave St-Pierre, qui signent cet opus du Cirque Eloize mettant sur scène douze artistes d’une virtuosité impeccable, comme il est de coutume avec cette troupe canadienne.
Qu’est-ce qui différencie et singularise le Cirque Eloize ? Son désir constant de raconter de véritables histoires à travers les arts du cirque. La compagnie compte à ce titre quelques spectacles mémorables, dont Rain réalisé par Daniele Finzi Pasca. Ce show – mais on devrait là parler de théâtre – a fait le tour du monde et atteint des sommets de poésie. Un spectacle qui faisait partie d’une trilogie qui a durablement marqué son empreinte sur l’écriture des pièces suivantes.
Cirkopolis n’atteint pas de tels sommets mais il s’en approche parfois. Le dispositif est simple : peu de décors mais un écran géant sur lequel défilent des images de gratte-ciels fantômes reprenant l’esthétique de Metropolis. Robert Massicote et Alexis Laurence, les auteurs de ces vidéos, ont fait un travail ciselé avec des effets de travelling qui font de cet univers onirique un des personnages du spectacle. Ce décor sert donc de toile de fond aux artistes.
Et quels artistes ! On retrouve dans Cirkopolis les grands classiques de l’art circassien : la roue allemande, le main à main, le trapèze, le mât chinois, la corde, la planche sautoir, les jongleur.se.s, les contorsionnistes et un clown élancés dans un tourbillon effréné qui ne laisse aucune seconde de répit au spectateur. Il semble que le Cirque Eloize repousse sans cesse les limites techniques de la virtuosité. Les douze artistes prennent tous les risques et ça marche presque toujours. Certes, Metropolis sert surtout d’alibi esthétique. Car pour le reste, la trame narrative est quasi inexistante et l’atmosphère joyeuse du spectacle n’a rien à voir avec le climat lugubre et souvent mortifère du film de Fritz Lang.
Il y a un bonheur à se laisser porter par l’énergie du Cirque Eloize. C’est comme une cure de légèreté face à ces artistes qui volent littéralement. Dommage pourtant que la scène du 13ème art ne se prête guère à ce spectacle. Bien sur, il faut se réjouir de voir s’ouvrir un nouveau théâtre dans une partie de Paris qui en est dépourvue. Mais la scène de l’ancien cinéma reconvertie en salle de spectacle est au niveau de la salle. Cela nuit gravement à la visibilité. Par chance, l’essentiel de Cirkopolis se passe comme il se doit dans les airs.
Cirkopolis du Cirque Eloize par Jeannot Painchaud (mise en scène) et Dave Saint-Pierre (chorégraphe) au théâtre 13ème art. Avec Colin André-Hériaud (main à main, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Selene Ballesteros-Minguer (corde lisse, trapèze, contorsion, jonglerie), Pauline Baud-Guillard (planche sautoir), Ashley Carr (personnage clownesque et planche sautoir), Aaron Dewitt (main à main, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Rosita Hendry (roue cyr, Trapèze), Jonathan Julien (passing, porteur, banquine), Frédéric Lemieux-Cormier (roue allemande, jonglerie, plus cubique, banquine et planche sautoir), Alexis Maheu (contorsion, mât chinois et banquine), Arata Urawa (diabolo), Jérémy Vitupier (clown, jonglerie, roue allemande et banquine) et Antonin Wicky (clown, mât chinois, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir). Samedi 14 octobre 2017. À voir jusqu’au 29 octobre.