La leçon de danse – Andréa Bescond et Éric Métayer
Après l’immense succès de la pièce Les Chatouilles, qui continue de tourner et dont l’adaptation pour le cinéma est en cours de tournage, Andréa Bescond est de nouveau à l’affiche depuis la rentrée dans La leçon de danse. Une “comédie romantique” dans laquelle elle joue le rôle d’une danseuse immobilisée suite à un accident de la circulation. Comment continuer d’avancer quand votre corps blessé vous ôte votre principale raison de vivre ?
Disons-le tout de suite : si la pièce s’appelle La leçon de danse, il ne faut pas s’attendre à en voir beaucoup durant ce spectacle. Senga a été danseuse professionnelle. Gravement blessée au genou, elle ne quitte plus son appartement en attente d’une intervention chirurgicale. Un jour, Adémar, un voisin, vient rompre son isolement pour lui demander de lui apprendre à danser. Or, Adémar est autiste Asperger et ne supporte aucun contact physique !
Convaincue par le côté lunaire de son futur élève et par le salaire qu’il lui propose, Senga accepte de relever le défi d’initier Adémar à la danse de couple. Mais s’il est difficile pour tout novice de faire confiance à un partenaire, c’est quasi mission impossible pour une personne autiste. Ces tentatives infructueuses fournissent le prétexte aux scènes les plus drôles de la pièce, notamment par le jeu subtil d’Éric Métayer. L’hypersensibilité au toucher d’Adémar est un obstacle qui déroute Senga, mais ne lui fait pas peur. En tant que danseuse, elle connaît l’intelligence du corps.
Évidemment, au fil de ces leçons de danse, une relation plus intime va se nouer entre cet homme et cette femme qui n’auraient jamais dû se rencontrer. La danse comme trait d’union entre les êtres. Rapidement, on comprend ce vers quoi nous pousse la pièce : lequel des deux personnages est le plus handicapé ? Celle qui traîne sa jambe emprisonnée dans une attelle d’immobilisation et qui se demande si elle pourra remonter sur scène un jour ? Ou celui qui est incapable de lire et répondre de manière appropriée aux indices sociaux ?
Si le thème est infiniment plus léger et le ton plus proche du théâtre de boulevard, on retrouve ce qui nous avait frappé dans Les Chatouilles. Sans doute du fait de son parcours de danseuse, Andréa Bescond possède une manière tout à fait singulière d’occuper l’espace. Avant d’être un personnage, elle est un corps entravé, clopinant, porteur d’une histoire unique. C’est ce qui fait que l’on croit, et même que l’on attache, à sa Senga, qu’on partage ses doutes, ses frustrations et ses espoirs.
La leçon de danse de Mark St-Germain au Théâtre de l’Œuvre. Adaptation française de Gérald Sibleyras. Mise en scène Andréa Bescond et Éric Métayer. Avec Andréa Bescond (Senga) et Éric Métayer (Adémar). Jeudi 28 septembre 2017. Jusqu’au 31 décembre au Théâtre de l’Œuvre.