Kabuki de Maurice Béjart par le Tokyo Ballet
Vendredi 18 mai 2012. Kabuki de Maurice Béjart, par le Tokyo Ballet, au Palais Garnier. Avec Naoki Takagishi (Yuranosuke) et Mizuka Ueno (Kaoyogozen).
Avec Kabuki, Maurice Béjart voulait rendre hommage à la culture nippone. Je ne sais pas si le peuple japonais se sent honoré, ou s’il trouve qu’il ne s’agit là que d’une grossière caricature par un Européen, mais visuellement, le spectacle tient toutes ses promesses.
Pourtant, au début, le ballet fait un peu peur. Musique disco, gestes saccadés, jeunes cadres dynamiques courant partout, nous sommes visiblement de retour dans les années 1980. C’est terrifiant comme ce prologue a mal vieilli… Heureusement, dès que le personnage principal touche l’épée sacrée, le voilà de retour à l’époque des samouraïs, et le public avec.
Un mélange entre la danse classique et la culture ancestrale japonaise… Sur le papier, l’assembla peut sembler étrange. Pourtant, sur scène, il faut bien reconnaître que le mélange fonctionne.
La danse est sans conteste académique, sur pointes pour les femmes, avec même de belles variations pour les rôles principaux. Les danseurs et danseuses du Tokyo Ballet dévoilent d’ailleurs sous leurs costumes imposants de parfaits physiques d’artistes classiques. Mizuka Ueno en particulier, qui interprète le personnage principal féminin, a une ligne de jambe à faire pâmer n’importe quelle Etoile.
Visuellement, nous sommes par contre bien au Japon. Les costumes font penser sans difficulté aux kimono colorés d’antan, en tout cas tel que nous en avons la vision à Paris. Les pantomimes sont très travaillées, les expressions sont précises, la gestuelle bien définie.
Kabuki reste en fait un ballet très visuel, grâce à ce mélange. Les lignes classiques assorties aux décors imaginatifs et costumes évocateurs laissent de très belles images dans les yeux, à défaut peut-être d’être bouleversé par l’émotion.
Car l’histoire, expliquée avant la première, n’est décidément pas évidente à suivre. Ce n’est pas qu’il faille lire le synopsis avec attention, c’est qu’il faut l’apprendre par cœur. La trame des 47 Samouraïs voulant venger leur maître n’est en soi pas compliquée à comprendre. Ce qu’il est plus, ce sont les rôles de la vingtaine de personnages apparaissant et disparaissant au premier acte (sans que cela joue fondamentalement sur le dénouement final).
Même avec lecture de Wikipédia, même avec révision du programme en compagnie de Pink Lady, le premier acte m’a ainsi laissée perplexe. Mais en fait, le deuxième couple, c’est qui ? Et le personnage de toutes les couleurs, il fait quoi ? Oh, un sanglier sur scène ! Ah, une bande de geisha (forcément, nous sommes au Japon, impensable de ne pas avoir de geisha).
Au final, nous avons plusieurs suicides, quelques meurtres, un tué par erreur, mais en fait si, mais en fait non, des parents, une veuve éplorée, et une jeune femme sacrificielle que l’on va prendre au plus offrant. Alors à défaut de suivre, on regarde la belle mise en scène, les décors intelligents, et on se laisse bercer par l’ambiance générale.
Le deuxième acte, débarrassé de toutes ces intrigues secondaires, et heureusement plus facile à suivre. Et très impressionnant au niveau de la chorégraphie. Maurice Béjart y déploie ce qu’il savait peut-être faire de mieux : les danses de groupe, portées par l’énergie collective. Les 47 Samouraïs offrent ainsi un magnifique final, empreint de vengeance et de dignité, une longue danse-combat qui amène à la mort.
A l’arrivée, le Tokyo Ballet a été plus que chaleureusement applaudi. Sur scène, un gros bouquet de roses rouges envoyé par Gil Roman remerciait toute la troupe, et une partie du public était debout aux derniers applaudissements. Reconnaissants, les danseurs et danseuses ont lancé dans le public une centaine d’écharpes japonaises. A quand de retour sur Paris ?
EM
J’etais en train de rechercher les noms des 2 danseurs principaux, quand je suis tombée sur votre blog !
Merci pour votre billet, avec lequel je suis d’accord.
C’etait un très beau spectacle, même si on passe un peu à coté de l’histoire dans ses détails.