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La Fille mal gardée : épisode 3

Vendredi 13 juillet 2012. La Fille mal gardée de Frederick Ashton, par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. Avec Mathilde Froustey (Lise), Pierre-Arthur Raveau (Colas), Stéphane Phavorin (Mère Simone), François Alu (Alain) et Hugo Vigliotti (le joueur de flûte).

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Aux Etats-Unis, le public s’enthousiaste pour la Giselle de l’Opéra de Paris. A Garnier, pas de jalousie. Nous, on a eu La Fille mal gardée, et c’était aussi bien. Voir mieux, en tout cas la meilleure série classique de la saison avec Onéguine.

Malgré son caractère léger, La Fille mal gardée ne supporte pas l’approximation. Donnez-lui une distribution sans flamme, elle devient un ballet gentillet, vaguement souriant et un peu gnangnan. Mais mettez lui une bande de danseur-se-s brillant-e-s prêt-e-s à manger du lion, et vous obtenez l’une des plus jolies représentations qui soit, drolatique, charmante et proprement irrésistible.

Cette année (sur proposition de Laurent Hilaire ?), la compagnie a renoué avec une sympathique tradition : laisser une ou deux représentations de chaque série à de jeunes solistes. Ce sont eux qui ont clôt la saison, pour la plus jolie des conclusions : ne vous inquiétez pas, la relève est là.

La reine de la soirée, incontestablement Mathilde Froustey, n’en est toutefois plus au stade de jeune soliste débutante. A 27 ans, voilà longtemps qu’elle a été remarquée, même si pas souvent bien distribuée, et a déjà dansé ce rôle. Sa Lise est un véritable tourbillon de bonne humeur, doublé d’une technique affûté qui l’a fait s’envoler à chaque variation.

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L’on disait d’elle lors de la dernière reprise que sa Lise était surjouée (je n’y étais pas).  Ce ne fut pas le cas cette année. Plus chipie que Myriam Ould-Braham, elle n’en reste pas moins très convaincante, charmante, et laisse exploser sans complexe sa personnalité flamboyante. La saison n’a pas été facile pour elle, entrecoupée de blessures qui lui ont fait notamment rater Gamzatti. Sa joie de retrouver la scène après plusieurs mois était palpable, et plutôt contagieuse.

Son duo avec Stéphane Phavorin en Mère Simone était de plus irrésistible (c’est décidément le mot pour définir cette représentation). Ce dernier semble ajouter à chaque représentation une mimique supplémentaire, un accent de plus. Encore plus drôle qu’à la première, il apporte au ballet cette folie qui rend cette version si agréable. Lise et Simone étaient comme chiens et chats, même si toutes leurs disputes étaient remplies d’une infinie tendresse.

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Et au milieu de ce duo en roue libre, il y avait donc les fameux jeunes solistes. Qui ont relevé haut la main la tâche. Pierre-Arthur Raveau n’a pas forcément le caractère extravertie de sa partenaire, mais il a eu l’intelligence de ne pas forcer sa nature. Son Colas paraissait plus introverti, mais il n’avait pas besoin de pousser bien loin, entre sa jeunesse et sa belle danse, pour être crédible dans son personnage. L’appréhension l’a quitté peu à peu, et ses variations n’ont pas souffert du trac, si ce n’est le porté final raté du pas de deux de Fanny Elssler. Alors bien sûr, cela avait parfois un peu trop le goût de l’élève appliqué, cela sentait un peu trop l’envie de bien faire. Mais le pari fut globalement relevé, et l’on attend d’en voir plus l’année prochaine.

Pour François Alu, qui tenait le rôle d’Alain, la question du trac ne s’est pas posée. La question de sa jeunesse non plus d’ailleurs. Il est là, il est sur scène, il est soliste, et c’est tout simplement la chose la plus naturelle du monde. Il y a la technique, et puis il y a aussi le don de savoir accrocher tous les regards sans faire le moindre dégagé.

Après, tout subjectivement parlant, son Alain n’est pas forcément celui que j’ai préféré. François Alu a choisi d’en faire un personnage presque normal. Ado timide, il a l’innocence d’un enfant face aux filles et à ce mariage arrangé. Et je crois que, même s’il a été très émouvant et profondément sincère, j’ai préféré la version un peu plus déjantée des précédents. Il est intéressant en tout cas de voir tout ce qu’il est possible de faire avec Alain, et comment chaque interprète du rôle s’est approprié le personnage à sa façon : burlesque et canaille pour Simon Valastro, clown triste pour Allister Madin (mon préféré) et innocent, presque pur, pour François Alu.

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On continue dans la série des compliments (parce que j’ai vraiment passé une bonne soirée) ? Hugo Vigliotti fut bondissant tout comme il faut en joueur de flûte, lui aussi il n’est à ne pas quitter des yeux. Le corps de ballet, composé majoritairement de jeunes pousses, s’en est une fois de plus donné à cœur joie, même si un peu aphone sur la fin (Mais qui n’a pas chanté ? Je suis sympa, je ne citerais pas les noms). Et sans oublier les poulettes. Ahhh, les poulettes… Parce qu’on aura beau dire et on aura beau faire, la star de ce ballet, ça restera toujours la volaille.

Commentaires (3)

  • Aurelie

    Je n ai jamais trouve que Mathilde froustey surjouait, au contraire (j ai vu les séries précédentes, mais pas celle-ci). Merci pour ce compte rendu et vivement la reprise !

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  • HURLUBERLU

    j’y étais pour la dernière avec une distribution identique et miss froustey s’est montrée une fois de plus éblouissante, de meme que tousles autres interpretes; la musique est tres belle, et on oublie immédiatement le coté kitsch de tout ça pour n’en retenir que le brillant et l’émotion; merci à tous ces beaux artistes!

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  • Obs

    Oui, vive ces jeunes pousses. Espérons la programmation de l’an prochain leur laissera suffisamment de place…. A quoi, tiens le plaisir de ce ballet, difficike à dire. Moins virtuose et émouvant qu’Onéguine, moins raffiné que la source,…Vous avez raison, peut être que la magie de ce ballet, ce sont…. 😆 😎

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