Soirée Balanchine : épsiode 3
Lundi 15 octobre 2012. Soirée George Balanchine, par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. Sérénade : Laura Hecquet, Héloïse Bourdon, Mélanie Hurel, Hervé Moreau et Pierre-Arthur Raveau ; Agon : Mathieu Ganio, Nolwenn Daniel et Muriel Zusperreguy (1er pas de trois), Myriam Ould-Braham, Christophe Duquenne et Stéphane Phavorin (2e pas de trois), Ludmila Pagliero et Karl Paquette (pas de deux) ; Le Fils prodigue : Alessio Carbone (le Fils) et Sabrina Mallem (la Courtisane).
Cette soirée aurait-elle été la représentation Balanchine de trop ? Si les nouvelles distributions donnaient l’envie de voir quelque chose de nouveau, ce troisième épisode n’avait pourtant ni le charme irrésistible de la Première, ni les surprises de la seconde. Ce fut joli, ce fut parfois un ennui poli, et c’est dommage.
Sérénade resta ce soir encore le meilleur moment de cette soirée, sans tomber non plus dans le grand enthousiasme. Du haut de mon perchoir, les lignes ne paraissaient que plus bancales, mais ce n’était pas très grave. Une curieuse vision du ballet m’est alors apparu. Plus qu’une performance, nous étions dans un cours de danse (c’est après tout d’une répétition qu’est parti ce ballet). Exercices de ports de bras, grands écart, manège de piqués et jolies révérences. Comme dans tous les cours, rien ne peut être parfait, comme les chignons qui retombent dans les yeux des danseuses. Mais ces erreurs font partie de ce charme légèrement suranné d’une salle de danse. La star du cours (Laura Hecquet) arrive en retard, normal, mais tout le monde lui pardonne. Les élèves lui laissent même respectueusement la place pour qu’elle fasse une petite démonstration d’un pas de deux avec un partenaire aussi belle gueule que discret (soyons galant et laissons les femmes briller en scène).
Si Laura Hecquet ne joue pas non plus sur la veine dramatique, elle n’en reste pas moins une très belle soliste, au style raffiné et précis. Héloïse Bourdon y est allée de ses jolis mouvements de bras, à croire qu’elle nous rejouait Le Lac des Cygnes, mais cela restait là-encore de très agréables moments de danse. Ces deux danseuses ont en tout cas porté sans complexe leur rôle de soliste, et leur deux personnalités se complétaient plutôt bien. L’une d’elle s’écroule et tombe en scène. Se met-elle à rêver sous l’effet du choc ? Cela ferait un bon argument pour un acte blanc. Sérénade prend en tout cas une autre teinte. L’on quitte petit à petit le cours de danse pour entrer dans une ambiance plus rêveuse, plus onirique. Joli final comme il se doit, et globalement joli moment.
Agon fut encore une fois une déception. Ce ballet, si riche et complexe, devrait pourtant surprendre à chaque fois, et ce n’est pas vraiment le cas sur cette série parisienne. Dès le premier passage de groupe, Myriam Ould-Braham et Mathieu Ganio dominent la scène de leur musicalité. Mais faute de répondant dans le reste de la distribution, ils s’éteignent doucement. Lui est toujours aussi félin, mais il manque la petite étincelle de la Première. Elle est toujours aussi délicieuse, mais sans la touche canaille de jeudi dernier. Ludmila Pagliero et Karl Paquette se chargent du pas de deux, même si ici, la danseuse se pose plutôt en soliste accompagnée. Tout est impeccable, le geste est fluide, précis, la technique est transcendée. Mais il manque pourtant quelque chose. Les ballets de Balanchine ne sont pas censés raconter une histoire, et pourtant ils vont bien plus loin que des pas magnifiquement dansés sur de la musique.
Le Fils prodigue n’a suscité chez moi qu’un vague ennui mais je m’en voudrais d’accuser les solistes du jour. Alessio Carbone a interprété un personnage investi, dommage que cela fasse un peu du sous-Bélingard. La jeunesse et la fougue qui va avec n’étaiet pas forcément dès plus crédible au début, le danseur semblant déjà un homme. Quant à comparer Sabrina Mallem à Agnès Letestu, cela ne servirai à rien, puisque de toute façon Reine Agnès est inatteignable. Mais la Sujet a tenu son rôle avec beaucoup de crédibilité, femme froide et dominante, presque castratrice. C’est en fait dommage qu’elle n’ai pas eu droit à une ou deux soirée de plus.
La soirée Balanchine jusqu’au 18 octobre au Palais Garnier.
Joelle
Début du spectacle à 19h31..
Serenade : très joli, très poétique mais certaines des demoiselles à l’arrière sont souvent en retard… Les trois solistes furent pleines de grâce.
Agon : chorégraphie impeccable mais musique très particulière… – j’ai trouvé l’étoile brune (Ludmila ?) plus impressionnante que l’étoile blonde (Myriam) – @amélie : désolée…
Le Fils Prodigue : Le beau brun avait gardé sa couleur naturelle ! 😉 Ce fut très bien ! :-)(-: surtout en enchainant deux prestations qui m’ont paru très physiques ! Mais ses deux compères étaient bien affublés de perruques fort brunes 😀
Une mention particulière à Sabrina M., parfaite dans son rôle de courtisane, techniquement je ne peux pas dire, mais au niveau des attitudes.
Fin du spectacle : 21h45…
jigara
Je pense que 2 représentations étaient suffisantes !
(en tout cas elles l’étaient pour moi, et pourtant moi aussi j’aime Balanchine)
lou
Très jolies propositions artistiques dans Sérénade hier soir!
Mademoiselle Bourdon est la grâce même et ce rôle de l’Ange lui convient parfaitement…. Ah ses bras…Incroyables sur une scène française. J’ai hâte de voir son Cygne blanc au Concours.
Mademoiselle Hécquet ,un peu moins spectaculaire, est tout autant inspirée et parfaite. Elle offre une grande spontanéité balanchinienne et une superbe technique.
Quelque part elles se ressemblent et cela donnait une étrange gémellité à ce beau duo d’un soir.
Amélie
@ Joëlle : Merci de votre avis ! Mais oui, vous avez le droit de préférer Ludmila à Myriam 😉
@ Jigara : Disons que les nouvelles distributions de Sérénade ont tout de même apporté un intérêt, je suis surtout déçue pour Agon.
@ Lou : C’est que la ressemblance entre ces deux danseuses étaient intéressante, et cela formait un très joli duo… ce qui a malheureusement mis de côté Mélanie Hurel (ce n’est pas de sa faute, mais j’avais encore l’image de la bondissante Mathilde Froustey dans ce même passage).
Joelle
@Amélie : mais je suis sûre qu’on va revoir très bientôt Myriam (dans Don Quichotte je suppose ?). Donc ce sera un autre ballet, une autre salle, une autre chorégraphie et donc une autre danseuse ! 😉
petitvoile
Perso, je ne suis pas sûre que le cocktail de ces 3 Balanchine dans la même soirée était une bonne idée… Sérénade est et reste un ballet d’école très bien dansé par l’OdP mais jamais une pièce à subjuguer les publics car ce sont des mouvements en définitive très scolaires, le Fils prodique vaut à mon avis d’être rangé au grenier et au milieu, Agon le sublissime n’est pas mis en valeur c’est dommage.