Certificat d’interprétation danse classique du CNSMDP, promotion 2012
Les élèves du Junior Ballet classique du CNSMDP ont passé leur dernier examen le 21 mai dernier. Plus prestigieux qu’autre chose, ce Certificat d’interprétation de danse classique met fin à leurs cinq années d’étude, les élèves seront la saison prochaine professionnel-le-s à part entière.
Devant le public, chacun présentait une variation solo et un pas de deux extraits du répertoire. Et les élèves n’ont pas forcément brillé là où on les attendait. Les variations solo restaient ainsi assez inégales, le stress et quelques petits ratés techniques ont émaillé presque chacune des prestations. Les pas de deux étaient par contre d’un autre niveau. Désireux de montrer leurs qualités, mais aussi leur personnalité artistique, les élèves avaient choisi des extraits intéressants et variés. Je ne sais pas s’ils avaient eu l’occasion de les danser sur scène lors de leur spectacle, mais chacun des duos paraissaient bien plu rodés que les variations. Il ne s’agissait plus en tout cas d’un examen, mais d’un véritable petit spectacle, et de grande qualité.
Voici d’abord les résultats avant de passer aux commentaires.
Mention Très bien :
– Marge Hendrick
– Alice Petit
Mention Bien :
– Julia Rauch
– Juliette Fehrenbach
– Eleonora Enas
– Alexia Giordano
– Charlotte Lejeune
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– Alexandre Delamare
– Guillaume Lillo
– Guilhem Rouillé
– Andreas Giesen
Toutes les filles ont su briller par différences façons, et si encore une fois j’exprime quelques préférences, il s’agit d’impressions purement subjectives. Mon coup de cœur de la soirée était en fait allée à Juliette Fehrenbach, que je regrette de ne pas voir avec une mention Très Bien. Elle avait choisi la variation de la deuxième Ombre de La Bayadère. Simple, mais efficace, elle l’avait dansé avec beaucoup d’assurance technique. Pour le pas de deux, elle avait interprété un extrait de Sylvia de Neumeier, en compagnie d’Alexandre Delamare, avec beaucoup de personnalité et de musicalité. C’était en fait mon duo préféré.
Marge Hendrick, celle qui est arrivée en en tête, avait choisi la variation de L’Etoile de Paquita. Rien à redire techniquement, mais quelque chose m’avait gêné chez elle, j’avais l’impression qu’elle ne savait pas forcément se servir de ses grandes jambes, impression confirmée par son pas de deux La Chauve Souris de Roland Petit, dansé avec Pierre Devaux (non noté). Mais elle avait une présence affirmée, peut-être moins adolescente que ses consœurs.
Alice Petit a elle aussi fait part d’une belle personnalité scénique. En solo, elle n’avait pas eu peur de prendre la Claque de Raymonda, réalisée sans tache mais d’une façon un peu trop sèche à mon goût. Elle m’a surtout impressionnée dans un extrait de Lieder de Kylian, avec Adrien Delépine (non noté) : une danse belle, affirmée, avec beaucoup de personnalité.
Pour continuer dans la suite du classement, je trouve que Julia Rauch s’en tire bien en arrivant première des mentions Bien. Elle a pris des choix courageux, peut-être un peu trop. Elle ne semblait pas ainsi complètement dominer sa redoutable variation d’Henriette. Pour le pas de deux, elle avait choisi Appartement, le duo de la porte, avec Guilhem Rouillé. Les deux jeunes danseurs se sont sortis avec les honneurs de ce mythique passage, mais je trouve que Mats Ek se porte mieux avec des interprètes plus matures.
Eleonora Enas avait pour sa part fait un choix intelligent en prenant la variation de Cupidon de Don Quichotte. Un passage très court, mais qui mettait en avant ses qualités techniques, et réalisé avec beaucoup de vivacité. Elle est ensuite devenu une adorable Juliette, formant un couple tout ce qu’il y a de plus attendrissant, et crédible, avec Guillaume Lillo. L’extrait est très long, et il faut savoir tenir son personnage de bout en bout, ce que ces jeunes danseurs ont très bien réussi. Ils sont resté l’un de mes duos préférés.
Je n’ai pas forcément accroché à la Giselle d’Alexia Giordano, un peu trop gnangnan à mon goût, mais la danseuse s’est plus que bien sortie de Delibes suite, dansé avec Pierre Devaux (non noté). Mutine, précise, gracieuse, voilà un adorable moment de danse, mais peut-être un peu trop enfantin aux yeux du jury. Charlotte Lejeune a clôturé enfin ce classement, mais n’a pas à rougir de ses prestations. J’ai beaucoup aimé sa Sérénade de Suite en Blanc, dansée avec un effort visible pour s’approprier le style de Lifar. Son pas de deux 3 préludes de Ben Stevenson, avec Andreas Giesen, était aussi intéressant. Il s’agissait d’un duo autour d’une barre, peut-être moins impressionnant que les autres duos, mais qui n’en demandait pas moins de style et de finesse.
Chez les garçons, il n’y a pas eu de mention Très bien, ce qui me semble assez juste, l’ensemble restant assez homogène. Alexandre Delamare a d’emblée voulu montrer qu’il en voulait, en choisissant la redoutable variation de Solor, et en faisant une entrée plutôt impressionnante. Il s’est même lancé dans un manège de doubles assemblées, ce qui, comme l’a fait remarquer Pink Lady, n’est pas toujours fait sur la scène de l’Opéra. Comme dit plus haut, j’ai aussi beaucoup aimé son duo sur Sylvia, une première place méritée.
Guillaume Lillo s’est bien sorti du In the middle, somewaht elevated, avant de faire forte impression dans le pas de deux de Roméo et Juliette. Guilhem Rouillé a fait pour sa part un choix intéressant de variation, en prenant celle de l’ange d’Arepo, dansée avec beaucoup d’expressivité et de musicalité. Andreas Giesena enfin a choisi un autre morceau de bravoure, extrait de La Fille mal gardée, dansé avec un certain panache.
L’examen s’est déroulé devant une salle pleine et dans un silence religieux… jusqu’au moment des saluts où le public, visiblement composé de proches des élèves, s’est lâché en “Bravo” et autres bruyants applaudissements. Félicitations en tout cas à chaque danseur et danseuse, qui ont su montrer lors de cette soirée de quoi ils et elles étaient capable Commence désormais le plus dur, à savoir trouver une compagnie. J’espère que chacun trouvera l’engagement qui lui convient.
petitvoile
Notons qu’Alice Petit est engagée à l’Opéra de Prague et Marge Hendrick a reçu une proposition du Scottish Ballet. Je ne sais pas pour les autres !
Amélie
@petitvoile: Merci pour les infos ! N’hésitez pas à transmettre d’autres résultats si vous les avez plus tard.
petitvoile
Il est toujours difficile de connaître le parcours d’élèves sortant de ces grandes écoles. S’ils trouvent un engagement avant leur diplôme de fin d’études on sait, sinon bien peu continuent à garder relation avec leurs professeurs, ils reviennent souvent donner de leurs nouvelles plusieurs années après !
En ce moment, la période de crise mondiale n’arrange pas le métier, les métiers d’art sont hyper touchés par les subventions coupées partout, les parents d’élèves n’ont pas les moyens de payer des voyages d’auditions… On assiste à des situations impensables à foison: on en est à voir les cies pas petites du tout organiser une audition pour recruter deux ou trois danseurs surnuméraires pour 1 spectacle (!!!) avec 300 candidats…. Le Capitole de Toulouse engager un soliste confirmé pour un contrat de corps de ballet…..