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Ateliers d’hiver 2019 – Classes de danse classique et contemporaine du CNSMDL

À l’image du CNSMDP, les classes de danse classique et contemporaine du CNSMDL (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon) sont en spectacle en février, pour leur habituel programme Ateliers d’hiver. Il s’agit pour les trois premières années du cursus (la quatrième est consacrée au Junior Ballet) de se frotter à l’expérience de la scène, dans des pièces de répertoire ou spécialement montée pour les élèves. Avec souvent la complicité de leurs ami.e.s musicien.ne.s du Conservatoire. Un programme dense pour cette édition 2019 (onze pièces et pas loin de trois heures de danse), montrant la grande adaptabilité des élèves aussi bien en danse contemporaine que classique. Et des troisièmes années – qui préparent leur diplôme – avec beaucoup de personnalités. 


 

Le spectacle s’ouvre sur les deuxièmes années (DNSP1) avec une vraie marque de l’école française : un extrait du Grand pas de Paquita. Précision, placement, ensemble : on sent que l’on travaille bien les bases dans ces classes, et le résultat paye avec un joli ensemble maîtrisé, délicat et assuré. Deux élèves de troisième année gèrent avec un certain brio les variations de solistes, notamment Anaëlle Mariat, dont on sent que l’expérience au YAGP lui a donné une véritable assurance de la scène. Un peu plus tard, les premières années (Année préparatoire) filles reprennent un extrait du premier acte de Coppélia. Là encore, les ensembles comme le souci du style et le travail soigné sont à souligner, l’on est dans une jolie danse classique qui fait sens, même si les quelques passages de solistes sont un peu plus périlleux. L’expérience de la scène est ici presque toute neuve. 

Les troisièmes années (DNSP2) au complet (filles et garçons) proposent au cours de la soirée un excellent travail autour de Wayne McGregor, mené par leur professeur Stéphane Elizabé et Alvaro Dule, danseur au Ballet de l’Opéra de Lyon qui a souvent travaillé avec le chorégraphe anglais et qui a donné aux élèves des ateliers depuis le mois d’octobre. Construit comme un véritable petit ballet, la pièce reprend des phrases chorégraphiques emblématiques du style Wayne McGregor, avec une mise en place scénique intelligente, permettant à chacun.e de se placer en soliste tout en restant vigilant au groupe. Très à l’aise dans cette danse néo-classique, les élèves font preuve d’une danse mature, sachant montrer leur personnalité comme – là encore – un beau travail de précision. Le tout doublé d’un travail musical bienvenu et réussi avec le Collectif d’improvisation du Conservatoire qui accompagnent ces jeunes danseurs et danseuses, plus très loin maintenant de leur vie professionnelle. Cette même classe de troisième année revient un peu pus tard avec un travail s’inspirant cette fois-ci de Jerome Robbins. Justaucorps noirs, t-shirts blancs et musique de Chopin : nous sommes dans le néo-classique américain. Le travail se porte essentiellement sur l’adage. Si l’un des deux couples paraît un peu déséquilibré, le deuxième (nous n’avons pas le nom détaillé des jeunes artistes, désolé !) propose un très beau travail de duos, d’écoute mutuelle et de musicalité. Une belle façon de montrer la polyvalence des élèves du CNSMDL.

Polyvalence, c’est ce même mot qui revient pour évoquer les classes de danse contemporaine, assez bluffantes, il faut le dire, quel que soit l’âge. Dès la première année, les élèves montrent une vraie capacité pour se glisser dans la danse et la technique d’un.e chorégraphe, tout en sachant très vite montrer des personnalités scéniques qui se démarquent. Les premières années ont droit à une danse contemporaine efficace mâtinée de tango, une pièce bien efficace et dansée avec enthousiasme par les élèves. Les deuxièmes années proposent un extrait de R de Samuel Mathieu, pièce complexe et magnifique, très virtuose aussi, abordée là encore avec beaucoup de personnalité et un travail musical pointilleux, accompagnée par deux élèves percussionnistes. Une interprétation digne d’une troupe professionnelle et un travail vraiment en profondeur. 

Les troisièmes années proposent ensuite une pièce courte et étonnante, A Dance to the Music Time de Pierre Darde. Sorte de pastiche (mais pas tant que ça ?) d’un ballet antique comme on les aimait au début de la danse classique. Cela va à outrance, cela joue sur la délicate corde du second degré en habit doré, au son de la harpe jouant du Purcell… Mais cela danse aussi, et plutôt bien, montrant que les élèves de danse contemporaine à Lyon ont aussi un bagage en classique qui n’a pas à rougir. Et utilisé ici avec surprise et malice. Les élèves de danse classique ont d’ailleurs aussi eu droit à une pièce contemporaine, pour montrer eux aussi leur malléabilité. Mais Andante, E pur si muove n’a pas de véritable intérêt chorégraphique, et il manque de matière pour vraiment voir la danse et la capacité des élèves.  

Les troisièmes années proposent enfin une plus longue pièce d’Anne Martin, Introduzione all’Oscuro, morceau exigeant à l’image de la musique contemporaine de Salvatore Sciarrino, joué sur scène par l’Atelier XX-21, l’atelier de musique contemporaine du CNSMD. La musique a fait naître à la professeure un souvenir, une phrase chorégraphique, une émotion. Chaque élève y a répondu à sa manière, seul ou en groupe, laissant petit à petit ce puzzle chorégraphique se construire et se mouvoir. Moins facile d’accès que les pièces précédentes, parfois victimes de certaines longueurs, l’oeuvre montre néanmoins la grande exigence et la maturité de ces pourtant jeunes interprètes, offrant là encore un travail très personnel et une intelligence du groupe qui force l’admiration. L’on a déjà hâte de les retrouver sur scène dans une compagnie professionnelle. 

 

Ateliers d’hiver 2019 des classes de danse classique et contemporaine du CNSMDL, au Conservatoire. Paquita, extrait du Grand pas de l’acte III, relecture par Marie-Françoise Géry de la chorégraphie d’Oleg Vinogradov, par les classes de filles DNSP1 et DNSP2 danse classique ; Tanguons ensemble de Juliette Beauviche avec la complicité des élèves, par les classes de filles et garçons année préparatoire danse contemporaine ; Coppélia, extrait de la variation avec les petites amies de l’acte 1,  relecture par Marie-Françoise Géry de la chorégraphie de Pierre Lacotte, par les classes de filles année préparatoire danse classique ; Le bal des lascars de Philippe Lormeau par les classes de garçons année préparatoire et DNSP1 danse classique ; R Reloaded, extrait de R de Samuel Mathieu revisitée par les élèves, par les classes filles et garçons DNSP1 danse contemporaine ; Autour de Wayne McGregor d’Alvaro Dule et Stéphane Elizabé, par les classes de filles et garçons DNSP2 danse classique ; A Dance to the Music of Time de Pierre Darde par les classes de filles et garçons DNSP2 danse contemporaine ; Dances at a Gathering, extraits, de Stéphane Elizabé d’après Jerome Robbins, par les classes de filles et garçons DNSP2 danse classique ; Andante, 2 pur si muove d’Antonia Vitti avec la complicité des élèves, par les classes de filles et garçons DNSP1 danse classique ; Introduzione all’Oscuro d’Anne Martin, par les classes de filles et garçons DNSP2 danse contemporaine ; Summertime, Opéra Porgy and Bess, acte 1 scène 2 de George Gershwin, par les  classes de filles et garçons année préparatoire danse classique et danse contemporaine. Jeudi 14 février 2019.

 

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