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Soirée Mats Ek au Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

La soirée Mats Ek de l’été 2019 avait marqué les esprits à l’Opéra de Paris. D’une part, par le retour du chorégraphe, en retraite depuis quelques années. D’autre part, et surtout, par la grande force de ce programme très cohérent. C’est donc un plaisir de le retrouver, du 6 mai au 5 juin au Palais Garnier. Les distributions ont évolué en trois ans, certains reprennent leurs rôles, d’autres y font leur apparition, assez pour donner à cette reprise une tonalité stimulante. Petit point sur les deux castings qui se retrouveront en scène.

À noter : la représentation du 4 juin sera celle des adieux à la scène du Danseur Étoile Stéphane Bullion.

Mats Ek en répétition à l’Opéra de Paris

 

Carmen de Mats Ek

Marine Ganio (Carmen), Hugo Marchand (Don José), Hannah O’Neill (M), Florian Magnenet (Escamillo), Adrien Couvez (Gipsy) et Axel Ibot (Capitaine) : les 6, 7, 9, 15, 16, 21, 24, 27 et 28 mai, les 3 et 4 juin.

Letizia Galloni (Carmen), Simon Le Borgne (Don José), Ida Viikinkoski (M), Florent Melac (Escamillo), Takeru Coste (Gipsy) et Daniel Stokes (Capitaine) : les 11, 12, 17, 20 25 et 26 mai, les 1er, 2 et 5 juin.

Créée en 1992, cette Carmen de Mats Ek a gardé toute sa force dramatique avec les années. Et c’est assez naturellement qu’elle a pris sa place sur la scène du Ballet de l’Opéra de Paris, compagnie partenaire de Mats Ek de longue date. Les distributions ont presque toutes changé pour les rôles principaux en trois ans, et c’est avec une grande curiosité que nous verrons ces deux quatuors inédits en scène.

Lors de l’entrée au répertoire, Hugo Marchand dansait Escamillo, à vrai dire en passant un peu à côté. Mais le rôle principal de Don José est d’une autre matière, dans sa technique comme sa dramaturgie. Et l’on imagine bien l’Étoile dans ce genre de personnage, prenant. Marine Ganio, Sujet qui n’a eu que très peu de chances en premier rôle, est une personnalité affirmée, peu banale. On l’imagine bien se saisir de Carmen d’une façon inattendue. Et le duo a tout pour faire des étincelles ! Florian Magnenet, qui avait un tout à fait honorable Don José il y a trois ans, change de registre avec ce rôle plus classique dans sa technique. Hannah O’Neill a enfin sa chance en M, M comme la Mort ou Micaëla, rôdant sur scène comme le Destin. Faux personnage secondaire, il peut avoir une force particulière de celui qui tire les ficelles. Ce sera un plaisir d’y découvrir Hannah O’Neill, malheureusement souvent oubliée des premiers rôles.

Simon Le Borgne avait été un Don José percutant en 2019, et c’est un plaisir de le retrouver dans ce rôle, un peu de maturité et d’expérience en plus. Là aussi, on s’attend à un duo puissant, avec Letizia Galloni en Carmen, elle aussi forte personnalité qui n’a pas forcément eu souvent sa chance dans un premier rôle, même si elle est habituée du répertoire contemporain. Un duo inédit, mais qui semble prometteur sur le papier. Ida Viikinkoski, qui elle aussi n’a pas eu beaucoup de gros rôles à défendre ces derniers temps, revient dans un répertoire qu’on ne lui connaît pas forcément. Enfin Florent Melac avait séduit il y a trois ans en Escamillo, avec sa force brute et terrienne.

Carmen de Mats Ek – Marine Ganio et Hugo Marchand en répétition

Another Place de Mats Ek

Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion : les 6, 7, 9, 15, 17, 20, 24 et 26 mai, les 1er, 3 et 4 juin.

Alice Renavand et Mathieu Ganio : les 11, 12, 16, 21, 25, 27 et 28 mai, les 2 et 5 juin.

La création du programme il y a trois ans, vue comme un événement, était finalement apparue comme la pièce la moins forte du programme. Voilà un duo de 30 minutes, sur la musique de Liszt – la même utilisée par Frederick Ashton pour son Marguerite et Armand – sur le couple, ses turpitudes, ses petits bonheurs et la trivialité du quotidien. La définition de Mats Ek ! Évidemment que c’est beau, mais peut-être un peu trop attendu. Ce duo n’en reste pas moins un beau cadeau pour deux solistes.

Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion s’entendent bien, ils sont complices en scène. Et il semble évident que ce soit la danseuse argentine qui accompagne le Danseur Étoile lors de ses adieux à la scène. À vrai dire, l’on regrette presque que Stéphane Bullion s’en aille sur une courte pièce, quand il a apporté tant de forces à certains personnages – Ah, son Armand de La Dame aux camélias ! Mais c’est son choix, et la carrière de Stéphane Bullion a aussi été marquée par son travail avec le répertoire contemporain.

Bien sûr, ce duo des adieux sera à ne pas manquer, que ce soit pour la soirée du 4 juin que durant toute la série. Mais puis-je avouer que, tout subjectivement parlant, le deuxième duo me semble plus percutant pour cette pièce ? Les 30 minutes de Another Place peuvent vite sembler longuettes. Si Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion ont chacun des personnalités affirmées et un partenariat harmonieux, il y manque peut-être un peu de folie. Ce qui semble plus caractériser l’association entre Alice Renavand, toujours tout feu tout flammes, et le romantique et poétique Mathieu Ganio. Ces deux personnalités sont plus différentes, et c’est peut-être ce qui marche mieux pour ce genre de duo. Mathieu Ganio et Alice Renavand ont été peu associés, si ce n’est jamais, mais leur confrontation, quand ils ont eu des chemins artistiques si différents, fait très envie sur le papier.

Another Place de Mats Ek – Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion en répétition

Boléro de Mats Ek

Niklas Ek et Yvan Auzely en alternance (danseurs invités), et Alice Catonnet, Charline Giezendanner, Clémence Gross, Caroline Osmont, Lucie Devignes, Marion Gautier de Charnacé, Sofia Rosolini, Seohoo Yun, Marc Moreau, Yann Chailloux, Antoine Kirscher, Axel Magliano, Florent Melac, Fabien Révillon, Nikolaus Tudorin, Matthieu Botto, Hugo Vigliotti, Isaac Lopes Gomes, Alexandre Boccara, Giorgio Fourès, Loup Marcault-Derouard et Antonin Monié : sur l’ensemble des dates.

Il ne faut pas trop en dire sur cette création, au risque de gâcher la surprise. C’est d’ailleurs l’ambition de cette reprise : est-ce que l’intérêt de ce nouveau Boléro tient toujours quand on sait à l’avance ce qui s’y passe ? Gardons la surprise pour les néophytes, n’en racontant pas plus et rendez-vous pour notre chronique courant mai pour avoir le point de vue de DALP. Il y a peu de renouvellement pour le coup pour cette unique distribution, par rapport à la création de 2019. Mais c’est bien l’énergie de l’ensemble qui fonctionne.

Boléro de Mats Ek en répétition

Et vous, quelle distribution allez-vous voir ? Laquelle vous tente le plus ?
 



Commentaires (3)

  • MD

    Je reviens tout juste de l’avant-première jeune… et j’ai adoré. Mais je n’en dit pas plus et j’attends vos chroniques… 😉

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  • Anne

    « Mathieu Ganio et Alice Renavand ont été peu associés, si ce n’est jamais » : Le Parc (filmé), Le Rendez-Vous, Le Jeune Homme et la Mort…

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  • LucyOnTheMoon

    Le duo Renavand-Ganio hier soir, c’était la tendresse absolue… bonne idée de les avoir associés !

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