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En répétition – Un avant-goût de Mademoiselle Julie

Le ballet Mademoiselle Julie de Birgit Cullberg fera son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris le 21 février, dans une soirée mixte complétée de Fall River Legend d’Agnes de Mille.

Créé en 1950, Mademoiselle Julie suit de destin tragique d’une jeune aristocrate – Julie – séduisant un valet. Trois distributions se succèderont, dont une regroupant Eve Grinsztajn (Julie), Audric Bezard (Jean, le valet) et Ninon Raux (Kristine, la femme de Jean). Une répétition publique a été organisée autour de cette distribution, menée par Ana Laguna (avec la cheffe de chant Kathy Ernould).

Audric Bezard, Ana Laguna et Ninon Raux - Répétition de Mademoiselle Julie

Audric Bezard, Ana Laguna et Ninon Raux – Répétition de Mademoiselle Julie

Eve Grinsztajn devant assurer Olga dans Onéguine, la séance publique n’a eu lieu qu’avec les deux autres protagonistes, réduisant un peu la durée de la répétition. Cette dernière n’en a pas moins été très intéressante pour commencer à appréhender le style de Birgit Cullberg et le drame du ballet. Ana Laguna a pris soin, comme à son habitude, d’être la plus pédagogue possible avec le public pour lui donner les premières clés pour comprendre.

Le groupe commence à répéter une scène se situant après une fête des serviteurs du château. Kristine est chez elle, préparant la nourriture du chien de Julie. Fatiguée, elle préfère se faire belle en attendant son mari Jean. La gestuelle, s’inspirant de pas folkloriques et de danse contemporaine, rappelle celle de Mats Ek, le fils de Birgit Cullberg (ce qui serait d’ailleurs plutôt l’inverse, Mats Ek s’inspirant du travail de sa mère). La danse est basée sur la vie quotidienne. “Pour Birgit, tout doit être très expressif. Chaque geste veut dire quelque chose. Le danseur doit croire à ce qu’il fait“, insiste Ana Laguna. Elle reprend Ninon Raux sur quelques gestes qui ne sont pas assez précis, qui peuvent être marqués encore plus.

Audric Bezard entre ensuite en scène. Il revient de la fête où il y a croisé Julie. Il se moque un peu d’elle et de sa gestuelle d’aristocrate. La danse est ici relativement classique, par comparaison à la danse de Kristine, plus brut. “Birgit a travaillé avec la technique classique sur ce ballet pour utiliser la noblesse de cette danse“. Le personnage de Julie danse ainsi sur pointes. Le contraste s’installe d’emblée entre la fille du comte et les domestiques. L’on comprend en quelques scènes que le poids des classes sociales et de son appartenance est l’une des clés de ce ballet.

Audric Bezard et Ninon Raux - Répétition de Mademoiselle Julie

Audric Bezard et Ninon Raux – Répétition de Mademoiselle Julie

Ana Laguna fait ensuite répéter une deuxième scène, quand Kristine se rend compte que son mari a passé la nuit avec Julie. “Ton centre de gravité bouge plus, c’est très important“, lance-t-elle à Ninon Raux en pleine arabesque. Mais plus encore que les pas, Ana Laguna guette les intentions, les regards. “Tu regardes d’abord vers le feu, ensuite vers Julie“, explique-t-elle, marquant la place de l’héroïne absente. “À quoi penses-tu ?“, lance-t-elle régulièrement aux interprètes.

Les deux personnages n’ayant finalement assez peu de scènes en commun, et Ana Laguna voulant garder quelques surprises, la répétition s’arrête là. En 3/4 d’heure s’est dessiné pour le public un ballet dramatique, aux gestes forts et lourds de symboles. À suivre…

 

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