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Et si Patrice Bart quittait l’Opéra ?

Et si, en cette fin d’année, on se posait des questions existentielles ?

Tour démarre avec l’article que j’ai écrit dimanche. J’y évoque une grosse rumeur d’un Défilé pour la dernière de Coppélia. Quel événement pourrait justifier cette programmation ? Les adieux de José Martinez ? J’évoque rapidement, et sans aucune arrière-pensée, que cette soirée est peut-être réservée au départ de Patrice Bart. Après quelques échanges de mails, il semblerait que cette deuxième solution soit la bonne, avec tout le conditionnel qui s’impose.  

Patrice Bart, qui sait ? Le maître de Ballet associé à la Direction de la danse de l’Opéra de Paris, depuis 1990. Il a été, bien avant, petit rat, puis danseur dans le corps de ballet, puis répétiteur et bras droit de Noureev. Patrice Bart, c’est aussi pour la grande majorité des balletomanes, la raison de tous les maux de la compagnie, à égalité avec Brigitte Lefèvre.

Son départ, s’il a lieu, n’est pas vraiment étonnant. Si je calcule bien, il a 65 ans, âge raisonnable pour prendre sa retraite. Et Coppélia est son Grand Ballet, le premier créé pour l’Opéra de Paris. Ses adieux sur ce spectacle et cette année n’ont donc, objectivement, rien d’étonnant. Même si, à force de le voir, on a fini par croire qu’il était inamovible.

D”après ce que je lis par ci-par là, Patrice Bart n’est donc pas en tête dans le coeur des spectateur-rice-s. Trop présent, depuis trop longtemps, tyrannique, donnant de mauvaises impulsions, et sans respect pour les oeuvres. La seule fois où je l’ai plus ou moins approché, c’était lors d’une répétition publique du Lac des Cygnes. J’avais été soufflé par sa connaissance du ballet. Il transmettait aux interprètes où seulement les pas, mais aussi la construction complexe de chaque personnage, et le pourquoi du comment Noureev avait voulu chaque pas. Bref, une encyclopédie vivante.

S’il s’en va – et même si ce n’est pas avec Coppélia, ça ne sera pas dans dix ans – qui pourra le remplacer dans ce rôle ? Laurent Hilaire, en bonne place pour lui succéder, maîtrise-t-il autant que lui tous ces ballets, sur lesquels se reposent l’Opéra pour une grande partie de son répertoire classique ? Est-ce que son départ ne marquerait le signe, que, peut-être, il serait temps de passer à autre chose ?  Pas d’oublier Noureev, trop important, mais peut-être de voir ce qu’il se fait d’autre, ou laisser sa chance à d’autres personnes. Il est ainsi dommage de voir que Florence Clerc, ancienne étoile de l’Opéra, part à Boston pour monter sa version de La Bayadère.

On devrait en tout cas assister à un tournant d’ici quelques années, le duo Lefèvre/Bart arrivant à bout de souffle. Pour les “ancien-ne-s” spectateur-rice-s, ce duo, c’est un peut la mort de la compagnie. Beaucoup parlent avec des trémolos dans la voix de la graaaaande générations d’étoiles Noureev, cette flopée de danseur-se-s plus merveilleux-ses les un-e-s que les autres. Je suis un peu trop jeunes pour vraiment les avoir vu sur scène. Mais comme toute personne ayant appris la danse en France, même en pure amateure, le mythe de la génération Noureev était bien là.

Je ne peux pas comparer avec ce que je vois, mais je trouve qu’il y a toujours d’immenses talents à l’Opéra, qui n’auraient pas à rougir avec la génération d’avant. Nicolas le Riche, notre Maître à tous (je crois que je tiens le début d’une idée d’un pseudo) en tête, Impératrice Aurélie, Reine Agnès… Et puis les jeunes pousses Dorothée Gilbert et autres Mathias Heymann.

Le problème est qu’ils-elles sont un peu noyé-e-s au milieu d’autres qui ne méritent pas le titre d’étoile. Suivez mon regard vers la première du Lac des Cygnes, revenons sur terre.

Et puis il y en a encore qui n’ont pas totalement explosé, des p’tits d’jeunes qui n’attendent que d’être guidé-e-s dans le bon sens, dans le corps de ballet ou à l’Ecole de danse. En fait, je trouve même que la génération à venir est plutôt prometteuse. Une nouvelle direction ne pourrait donner qu’une nouvelle et forte impulsion, et je suis vraiment curieuse de voir ce que ça peut donner.

Patrice Bart, et avec lui Brigitte Lefèvre, semble en tout ca savoir fait leur temps. Je ne m’y connais pas assez, et je ne suis pas l’Opéra pour avoir grand chose à leur reprocher. Mis à par bien sûr La Petite Danseuse de Degas, l’un des plus gros navets chorégraphique jamais inventés dans l’histoire de l’Humanité. C’est vrai, Brigitte Lefèvre a beaucoup privilégié le contemporain au détriment du classique. Mais avait-elle vraiment le choix, quand on sait que les directeurs de l’Opéra étaient tout sauf des amoureux de la danse ? Monter plusieurs grands ballet classiques dans l’année coûte cher, elle ne maîtrise pas tout son budget. Il y a eu tout de même beaucoup d’entrées au répertoires très intéressantes, et pas que du pur contemporain, La Dame aux Camélias en tête (j’ai déjà dis que j’adore ce ballet ?).  

C’est plutôt la mauvaise gestion humaine que je pourrais pointer du doigt. De tous temps, il y a eu des conflits de personnalités, et des solistes freinés par des maîtres de ballets par conflit d’intérêt. Mais les abérrations sont tout de même assez nombreuses en ce moment. ça me rend folle de voir de si grands talents cantonnés à des purges.

Je sens juste que tout cas s’endort doucement, mais qu’il suffirait de pas grand chose, d’une nouvelle et forte personnalité à la tête de la compagnie, pour raviver la flamme en un rien de temps. 

Bref, où va Patrice Bart ? Où va l’Opéra de Paris ? Et Brigitte Lefèvre, ça en est où ? Voila les questionnements en cette fin d’année. Réflexions existentielles qui ne font que relancer notre feuilleton de l’année qu’on aurait presque oublié : et sinon, c’est quand les adieux de José Martinez ?

Commentaires (5)

  • Tsss…. La Petite Danseuse de Degas est un chef d’œuvre incompris… ça a été l’un de mes programmes préférés de la saison dernière : une découverte chorégraphique, une atmosphère prenante, des personnages touchants et des tableaux d’ensemble magnifiques. C’était tellement vivant que je trouve la comparaison avec un légume assez audacieuse ! :p
    Sinon en réponse à ta dernière question, personne n’a osé lui demander ?

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  • @Pink Lady : Et bien non ! Il paraissait crevé, et pas vraiment dans l’état d’esprit d’en parler.

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  • @Pink Lady : Je suis parfaitement d’accord avec vous quant à cette Petite Danseuse. J’ai eu la chance de rencontrer Mme Kahane qui en a co-écrit le livret ; je pense que si les ballettomanes s’attachaient a essayer de comprendre une oeuvre d’art quand sur elle repose un ballet et même si ce n’est pas de la danse, ce ballet aurait été davantage apprécié !

    On entendra les même critiques pour La Coppélia de Patrice Bart… Un conseil… A tous les futurs spectateurs : lisez le conte d’hoffmann L’Homme au sable, source véritable du ballet !

    Un dernier mot sur La Petite Danseuse : il faut savoir que les danseurs trouvaient pour certains la chorégraphie “insensée” au départ, mais en l’apprenant l’ont beaucoup appréciée !

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  • Pour ce qui est de Patrice Bart, j’ai eu l’immense chance de le croiser un jour en attendant une amie à l’Opéra… Eh bien, il m’a tout simplement invitée à venir voir danser cette amie en répétition, alors même qu’il faut théoriquement passer par des autorisations pour faire cela…

    Certes, il n’est pas tendre parfois avec les danseurs…

    bon, je ne crois pas en tout cas qu’il faille faire peser tous les maux sur ses épaules et sur celles de la Directrice de la danse…

    L’Opéra est un système bien complexe… Vous le suggérez, Amélie… Et on dit peut-être trop ce qui a été “raté” par le duo…

    J’ajouterai qu’en lisant “qui pour remplacer ?” je me dis : dommage de voir partir José Martinez vers son Espagne natale…

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  • @Fée Dragée:Oui, je suis contente que ces grandes étoiles trouvent une nouvelle vocations, mais quel dommage qu’ils ne puissent pas rester à Paris.

    Et pour La Petit Danseuse, si je n’ai pas aimé le ballet, ce n’est pas pour le propos. Je trouve que l’histoire est bien trouvée, et le livret intelligent. Mais j’ai trouvé la chorégraphie totalement insipide et pleine de clichés, et la musique proprement insupportable (et je ne suis pourtant pas réfractaire à la musique contemporaine). Non seulement je m’y suis ennuyée, mais j’en suis ressortie toute énervée. 🙂

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