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Come Out d’Olivier Dubois – Ballet de Lorraine

Pour cette première collaboration avec le CCN-Ballet de Lorraine, Olivier Dubois a choisi de confronter les 23 interprètes de la compagnie avec la musique du compositeur américain Steve Reich. Dans ce Come Out hypnotique, “allégorie de nos combats. Pour la vie, pour l’espoir, pour l’amour…“, on retrouve certaines obsessions du chorégraphe comme l’exploration de la répétition, la quête du mouvement ab libitum, l’art comme acte de résistance. On en ressort subjugué par cette vague rose. Mention spéciale à la compagnie qui se glisse avec beaucoup d’engagement physique dans l’exigence duboisienne.

Come Out d’Olivier Dubois – Ballet de Lorraine

Come Out s’est élaborée sur la partition musicale éponyme de Steve Reich d’une durée de 13 minutes, déjà utilisée dans Fase de Anne Teresa de Keersmaeker. Réarrangée par Olivier Dubois, la partition musicale atteint au final une heure. Le chorégraphe est coutumier du fait : on trouvait déjà ce parti pris il y a dix ans dans Révolution basée sur le Boléro de Ravel qui durait plus de deux heures. Pendant tout le déroulement de la pièce, les boucles musicales vont aller de concert avec des boucles chorégraphiques. Une répétition qui conduit à une danse à la puissance virtuose et hypnotique.

Couverts d’un académique rose poudré – référence au célèbre vers répétitif “A rose is a rose is a rose is a rose…” de la poétesse américaine Gertrude Stein – , les 23 danseurs et danseuses sont en place, en seconde, bras brandi en arc de cercle. Alors que chacun.e commence à donner de l’ampleur au mouvement par des isolations du haut du corps, comme un fluide, un souffle vital qui semble circuler entre chacun d’entre eux. Ils semblent danser à l’unisson. Ancrés dans le sol, comme indéboulonnables, ils répètent  jusqu’à plus soif cette même séquence chorégraphique. Combien cela dure-t-il ? Le public perd la notion du temps un peu comme les interprètes embarqués dans ce marathon chorégraphique. On achève bien les danseurs ? Non, car de cette répétition très construite émerge parfois des pas de côté frondeurs. Le groupe si soudé par moment se désolidarise. Les interprètes s’individualisent tels des électrons par rapport au noyau.

Dans cette saturation de rose, on se surprend à noter quelques dissonances. Comme quand nos yeux s’habituent à l’obscurité et qu’on parvient à un certain moment à percevoir quelques petites lueurs dans le noir. On attendrait qu’il y ait un bug, que les choses dérapent et non, la régularité se perpétue. Il y a comme une montée en puissance, mais pas de climax libérateur.

Comme la référence au texte de Steve Reich l’induit, il est ici question de combat. Mais s’il y a combat sur scène, c’est bien celui que se livrent les danseurs et danseuses contre eux-mêmes, contre l’épuisement des résistances physiques. Un grand coup de chapeau à la compagnie qui fait montre d’un très bel investissement dans cette performance physique, proche de l’ascèse.

Come Out d’Olivier Dubois – Ballet de Lorraine

 

Come out d’Olivier Dubois par le CCN à l’Opéra de Nancy. Musique : Steve Reich, arrangements par Olivier Dubois et François Caffenne. Lumières : Emmanuel Gary. Avec Jonathan Archambault, Esther Bachs Viñuela, Alexis Bourbeau, Justin Cumine, Charles Dalerci, Inès Depauw, Flavien Esmieu, Angela Falk, Nathan Gracia, Léo Gras, Inès Hadj-Rabah,Tristan Ihne, Vivien Ingrams, Matéo Lagière, Margaux Laurence, Valérie Ly-Cuong, Emilie Meeus, Elsa Raymond, Rémi Richaud, Ligia Saldanha, Willem-Jan Sas, Céline Schoefs et Luc Verbitzky. Dimanche 17 novembre 2019.

Le Ballet de Lorraine est actuellement en tournée avec des pièces de Merce Cunningham dans le cadre du centenaire de la naissance du chorégraphe.




 

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