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Dystopian Dream – S’envoler avec le duo Wang Ramirez

Honji Wang et Sebastien Ramirez nous émerveillent depuis 10 ans avec leurs créations singulières, fondées sur leur maitrise de la danse hip-hop. Leur dernier spectacle Dystopian Dream s’aligne sur ces mêmes exigences en s’alliant avec un compositeur britannique, Nitin Sawhney, et une interprète de blues, Eva Stone qui partage la scène avec le couple Wang/Ramirez.

Dystopian Dream – Wang Ramirez

La production de luxe est initiée par le Sadler’s Wells de Londres, qui est à l’origine de cette proposition artistique : chorégraphier et danser l’intégralité de l’album Dystopian Dream de Nitin Sawhney. Le musicien est familier de l’univers de la danse : il a notamment écrit la partition de Zero Degrees d’Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui. Mais cette expérience était toute nouvelle pour le duo Wang/Ramirez car l’album préexistait au projet de spectacle. Il s’agissait de traduire sur scène les thèmes développés par Nitin Sawhney : “L‘album se concentre sur les thèmes de la perte, de l’isolement, de la célébration de la reddition, autant d’idées abstraites qui m’ont semblé pouvoir être transcrites en mouvement“, explique Nitin Sawhney dans la note d’intention du programme.

Déjà présente sur l’album Dystopian Dream, la chanteuse Eva Stone a poursuivi l’aventure sur scène pour interpréter les chansons en direct sur une bande-son, mais aussi se mêler à Honji Wang et Sébastien Ramirez et accepter de danser avec eux. Le résultat est saisissant de beauté et de raffinement. Il y a tout d’abord le décor signé de la scénographe japonaise Shihuza Hariu, elle aussi rompue aux exigences des danseurs et des danseuses. Elle avait réalisé la sublime scénographie de Sacred Monsters, co-interprété par Akram Khan et Sylvie Guillem. On retrouve là son style épuré où rien de superflu n’encombre ni les artistes, ni le public. L’élément principal est un escalier qui ne va nulle part et que l’on gravit en vain. S’ajoutent les projections visuelles du londonien Nick Hillel, collaborateur régulier d’Akram Khan.

Dystopian Dream.

Si cet environnement artistique proposé par le Sadler’s Wells constitue une affiche prestigieuse, on pouvait redouter qu’il enferme le duo Wang/Ramirez dans une esthétique qui n’est pas forcément la leur, et au bout du compte formate le spectacle pour en faire un produit international. Ils évitent cet écueil sans problème en imposant sur scène leur art et leur style. On retrouve dans Dystopian Dream l’univers singulier qui a fait le succès du duo, le hip-hop, terrain de jeu sur lequel ils se sont rencontrés et qu’ils ont transcendé pour en faire un langage qui leur est propre. Les arts martiaux qui sont venus enrichir leur vocabulaire mais aussi le ballet classique.

Sébastien Ramirez approfondit dans Dystopian Dream son travail sur le gréage chorégraphique qui est sa signature. Il n’aime rien tant que défier la gravité, qu’il soit suspendu à un filin pour danser en position horizontale, les pieds sur le tableau de fond de scène, ou bien qu’il réalise des figures de hip-hop et de break danse. Honji Wang déploie pour sa part une danse plurielle où se fondent toutes les influences qui furent les siennes avec un travail de bras remarquable. L’une et l’autre livrent une chorégraphie magistrale, éthérée et moderne.

Dystopian Dream

Pour Dystopian Dream, le duo est donc devenu trio. Eva Stone investit la scène du début à la fin du spectacle pour chanter merveilleusement les titres de l’album, mais aussi comme troisième personnage dans cette quête voulue par Nitin Sawhney “entre la vie et la mort et entre la réalité et le rêve”. Avec sa présence frêle, elle met au service du spectacle sa voix aux échos de blues et de soul. Il y a une infinie poésie dans Dystopian Dream mais aussi beaucoup d’humour en dépit d’une thématique sombre.

Honji Wang et Sébastien Ramirez poursuivent leur aventure artistique avec détermination en hissant très haut leur art et leurs exigences artistiques. Dystopian Dream – sans doute leur spectacle le plus abouti – confirme leur place majeure dans la danse contemporaine internationale. Un vrai bonheur de spectateur.

Dystopian Dream

 

Dystopian Dream de et avec Honji Wang et Sébastien Ramirez, avec Eva Stone (chant) à l’Espace Cardin (Théâtre de la Ville hors les murs). Mercredi 31 janvier 20187 . À voir en tournée internationale et à l’Espace Cardin du 22 au 26 mai.

 

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