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Jean-Christophe Maillot et Les Ballets de Monte-Carlo enchantent Le Songe

La saison danse s’achève en feu d’artifice au Théâtre de Chaillot avec la venue des Ballets de Monte-Carlo. La troupe reprend Le Songe dans la chorégraphie de leur directeur Jean-Christophe Maillot, qui prend pour livret le chef d’oeuvre de Shakespeare Le Songe d’un Nuit d’été sur la partition sublime, truffée de tubes de Felix Mendelssohn. Un spectacle enchanteur et réussi sur toute la ligne avec une troupe au sommet qui emmène avec bonheur et talent dans le dédale de ce conte shakespearien.

Le Songe de Jean-Christophe Maillot – Les Ballets de Monte-Carlo

Si Shakespeare fournit un matériau de luxe pour le livret, il n’est pas simple pour autant d’écrire une chorégraphie lisible et compréhensible sur ce Songe d’un Nuit d’été. Dans ce conte cruel où se côtoient et s’affrontent différents univers, le public peut parfois s’y perdre. George Balanchine avait choisi de simplifier l’histoire pour en faire une comédie légère. John Neumeier en avait donné une version plus complexe en  augmentant la partition avec les notes de György Ligeti. Jean-Christophe Maillot en livre une version tout en nuances, fidèle au texte et à l’esprit de Shakespeare. Lui-aussi a procédé à quelques ajouts musicaux signés Daniel Teruggi et Bertrand Maillot mais sa chorégraphie suit la partition de Mendelssohn.

La complexité du Songe, c’est ce foisonnement de personnages appartenant à des univers différents auquel s’ajoute l’incontournable théâtre dans le théâtre. Cette mise en abyme, Jean-Christophe Maillot, homme de théâtre tout autant que chorégraphe, en fait son miel. Sans pantomime, il parvient à singulariser les trois mondes qui cohabitent dans le Songe d’une Nuit d’été : les Athéniens, les Fées et les Artisans, grâce aux costumes de Philippe Guillotel, à la  scénographie d’Ernest Pignon-Ernest et au style chorégraphique propre de chaque univers. Les Athéniens sont dans un registre purement académique. Le monde des Fées y ajoute une touche de sensualité exacerbée, incarnée dans des portés  audacieux et un jeu de bras sophistiqué. Les Artisans sont par définition plus triviaux mais ce sont eux qui mènent la comédie sur un rythme échevelé d’une drôlerie irrésistible. Jean-Christophe Maillot s’est adjoint les conseils de Nicolas Lormeau pour peaufiner la mise en scène de cette partie du spectacle.

Le Songe de Jean-Christophe Maillot – Les Ballets de Monte-Carlo

Le Songe a été crée en 2015. Il n’a pas pris une ride ! Le directeur  des Ballets de Monte-Carlo y développe son style et affine sa grammaire. Le ballet narratif est un produit rare en France depuis plusieurs années. Jean-Christophe Maillot prouve à l’inverse que ce genre est loin d’avoir épuisé ses possibilités. C’est un répertoire qui permet plusieurs niveaux de lectures et satisfait ainsi tout type de public, du béotien au.à balletomane le.la plus aguerri.e. Ce travail précieux est le fruit de cette osmose qu’il a su créée avec sa compagnie depuis 25 ans. Il a soigneusement recruté toutes les danseuses et tous les danseurs de la troupe. Ils sont excellents, à la fois grands techniciens et artistes accomplis du niveau d’une grande compagnie internationale. Il faudrait toutes et tous les citer. Contentons-nous de nommer Marianna Barabas qui est une Titiana extraordinaire, piquante et artiste jusqu’au bout des ongles. Enfin, il n’est pas de Songe réussi sans un Puck de qualité. Michaël Grünecker fait mieux que cela. Bondissant et toujours près à s’envoler,  il vole le show !

Le Songe de Jean-Christophe Maillot – Les Ballets de Monte-Carlo

 

Le Songe de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo au Théâtre de Chaillot. Avec Anne-Laure Seillan (Hermia), Lennart Radtke (Lysandre), Koen Havenith (Démétrius), Gaëlle Riou (Helena), Christian Tworzyanski (Egée), Marianna Barabas (Titiana), Francesco Mariottini (Oberon) et Michaël Grünecker (Puck). Dimanche 11 juin 2018. À voir jusqu’au 15 juin.    

 

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