Wednesday, Oct. 4, 2023

L’École de Danse de l’Opéra de Paris sur scène pour son Tricentenaire

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18 avril 2013

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Ce Gala du Tricentenaire est diffusé sur Arte le dimanche 28 avril à 20h45.

Spectacle de l'École de Danse de l'Opéra de Paris, au Palais Garnier. Lundi 15 aril 2013.

Cinq ballets : D'Ores et déjà de Béatrice Massin et Nicolas Paul (création), avec Valentin Chou et seize danseurs ; La Nuit de Walpurgis de Claude Bessy, avec Roxane Stojanov (Hélène), Ida Viikinkoski (Cléopâtre), Perle Vilette (Phrynée), Adèle Belem (Aspasie), Célia Drouy (Laïs) et 32 danseuses; Célébration de Pierre Lacotte (création), avec Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio ; Péchés de Jeunesse de jean-Guillaume Bart, avec Roxane Stojanov et Mathieu Rouaux (premier pas de deux), Clémence Gross et Antoine Kirscher (second pas de deux) et douze danseur-se-s ; Aunis de Jacques Garnier avec Simon Valastro, Axel Ibot et Mickaël Lafon.

La pose finale lors du Défilé du Ballet clôturant la soirée.

La pose finale lors du Défilé du Ballet clôturant la soirée.

"Nous fêtons notre style plutôt que nos 300 ans", déclarait Élisabeth Platel lors d'une rencontre précédant le spectacle. Pour marquer le Tricentenaire, la directrice de l'École de Danse a choisi un programme difficile, technique, faisant la part belle à la virtuosité classique portée par la musicalité. L'Opéra a décidé d'en faire une soirée AROP, et donc fermé financièrement à un large public. Dommage que ce qui se présentait comme l'événement de l'année a eu un petti goût de "restons entre nous". Car cette fête rendait un bel hommage à son École. Et les élèves, qui frappent toujours par leur professionnalisme, ont bien montré que la danse française, si elle est un peu morne dans le corps de ballet en ce moment, est bien vivace à Nanterre.

Le spectacle démarre de la plus belle des façons, par la création de Béatrice Massin et Nicolas Paul, D'Ores et déjà. Sur scène, un cadre doré. Devant, Louis XIV, en habit de lumière, cédant vite sa place à 17 jeunes danseurs d'aujourd'hui. Béatrice Massin (car j'y ai vu beaucoup de son esprit dans cette oeuvre) a tout compris à la soirée : voilà une pièce qui à la fois rend hommage au Tricentenaire, souligne l'importance de la danse classiques et montre comment cela amène aux gestes de demain. Les hauts des corps sont baroques, légèrement courbés et cassés. Le bas de jambe est classique, pieds tendus et jambes en-dehors... jusqu'au passage au sol et contorsions contemporaines.Et tout cela s'imbrique de la plus naturelle des façons.

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D'Ores et déjà est sobre, sans être facile. C'est une belle utilisation du plateau, entre ces groupes qui se font et se défont, et d'une vrai musicalité. Les plus vieux des élèves y ont une certaine distance, les plus jeunes plus de fougue. Entre eux aussi le mélange se fait, on sent l'écoute, les respirations et gestes coordonnés, l'énergie de l'ensemble. Il faut un petit temps pour se laisser porter par cette apparente simplicité, mais l'intelligence de la pièce finit par l'emporter. Voilà donc une belle découverte, que l'on aimerait voir redanser par l'École un peu plus tard, ou pourquoi pas par la compagnie.

La Nuit de Walpurgis nous fait retomber un siècle plus tôt. Pas d'orgie débridée comme l'ont fait les Trocks il y a quelques mois, mais 32 jeunes filles montrant une belle technique classique pur et dure, sur une musique un peu gnan-gnan tout de même (j'ai élu cette musique de Faust la partition la plus gnan-gnan du répertoire). Cela pourrait vite devenir poussiéreux s'il n'y avait pas cette virtuosité maîtrisé et ces ensembles au cordeau. Claude Bessy, qui a chorégraphié et fait répéter, n'aime pas l'approximation, et cela se sent. Le stress (gala, représentation filmée, première...) ont toutefois rendu le début de cette pièce un peu sage. Les 32 danseuses ont su cependant se libérer au fur et à mesure, pour dévoiler un vrai plaisir de danser er d'être sur scène, mesdemoiselles les Nubiennes en tête. Le tout porté par Roxane Stojanov et Ida Viikinkoski, deux belles ballerines et vraies solistes dans l'âme.

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Péchés de Jeunesse de Jean-Guillaume Bart a un peu souffert des mêmes défauts : un début crispé par l'enjeu qui peut vite provoquer l'ennui. Les ensembles et pas de deux sont plus néo-classiques, inspirés par Balanchine et sa grande importance de la musique. Il a fallu finalement la moitié de la pièce pour que les élèves se sentent enfin à l'aise. Peut-être qu'être ensemble les rassurent ? C'est en tout cas avec un passage de groupe que le ballet a vraiment pris son envol, faisant place à un beau sens de la musique, et de la joie de danser. Là encore, Roxane Stojanov s'est démarquée en faisant preuve d'un beau lyrisme du haut du corps, déjà professionnelle, tandis que son partenaire, tout en étant un très bon danseur, se classait plus parmi les élèves. Clémence Gross et Antoine Kirscher furent un très joli second couple, faisant preuve là encore d'une belle écoute et de musicalité.

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Le reste de la soirée était dansé par la compagnie. Célébration de Pierre Lacotte, arrivé au milieu du spectacle et présenté uniquement pour le gala, s'est révélé finalement assez inutile. Sur une musique d'Auber, le chorégraphe a imaginé tous les pièges techniques possible. Soit. Sauf que les huit danseurs et danseuses du corps de ballet n'avaient visiblement pas eu assez de répétition dans les jambes. Cela a donc donné un ensemble crispé par la difficulté sans grand esprit. Je revoyais encore sur Youtube Sylvie Guillem dans le Grand Pas Classique du même compositeur Auber : enchaînement de virtuosité dans les jambes et un petit air de dire "Pff, c'est tellement facile tout ça, je pourrais faire tellement plus dur, mais restons distante et élégante". Bref, on y était assez loin. Le couple d'Étoiles, Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio, ont par contre surmonté les difficultés techniques avec une facilité ébouriffante. Mais lui avait l'air de passablement s'ennuyer tandis qu'elle nous a refait Don Quichotte. Problème d'esprit, là encore.

Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio - Célébration

Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio - Célébration

Sans parler des interprètes, Célébration de Pierre Lacotte n'apportait pas forcément grand chose à la soirée en elle-même, déjà composée de nombreuses pièces classiques. Un ballet un peu plus de caractère aurait été plus appréciable, à l'image d'Aunis, qui clôturait la soirée.

Si D'Ores et déjà s'inspire des danses savantes, Aunis va chercher dans les danses populaires, celles de la Vendée. Les trois danseurs sur scène, accompagnés de deux accordéonistes, se servent de ces gestes pour partir sur une danse contemporaine, profondément enracinée dans la terre de son pays. On est là encore dans l'apparente simplicité, car au final, Aunis étreint le coeur, avec son mélange de nostalgie et d'insouciante jeunesse. Dommage de ne pas avoir laissé des élèves de l'École l'interpréter pour le gala, même si les danseurs du soir, Simon Valastro, Axel Ibot et Mickaël Lafon, furent magistraux.

le 15 Avril 2013

Qui dit soirée AROP, dit Défilé, qui cette fois-ci clôturait la soirée. Qui dit soirée AROP dit aussi ambiance morose, certains étant là pour les mondanités et le souper après. Eleonora Abbagnato arrive pour saluer, c'est son premier défilé en tant qu'Étoile, et pas un bruit ? Du haut de leur troisième loge, les twitteur-se-s danse ont heureusement donné de la voix et moult applaudissements pour accueillir comme il se doit la nouvelle élue, suivie par Myriam Ould-Braham ovationnée. La salle se réveillant enfin a vivement salué Isabelle Ciaravola et Agnès Letestu, dont c'était le dernier Défilé, avant de réserver une ovation pour Nicolas Le Riche... Et jusqu'à lancer trois rappels, alors que la salle était déjà rallumée, mais si, tout arrive.

Ce joyeux Défilé a donc clôturé d'une très jolie façon cette belle soirée, comme le sont en général les spectacles de l'École. Je suis même ravie de revoir le samedi 20 avril, pour le Gala des Écoles, La Nuit de Walpurgis et Péchés de jeunesse, sûrement plus libérés après une semaine de scène. Bravo en tout cas à tous les élèves du soir, tous impressionnants. J'en ai cité quelques uns, par coup de coeur subjectif, mais tous ont le mérite de la réussite de cette soirée.

© Photos 1 et 4 : Elendae.

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Amélie Bertrand

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