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Les espagnolades de Paquita, épisode 1

Après Roland Petit, direction Paquita. Le Ballet de l’Opéra de Paris donne ce spectacle de Pierre Lacotte jusqu’au 7 novembre au Palais Garnier.

Petite précision : ce premier épisode a eu lie lors de la répétition générale, qui est censée être une séance de travail. J’ai eu toutefois tellement l’impression d’assister à un vrai spectacle que je vais faire un compte-rendu comme d’habitude, même s’il faut voir entre les lignes de l’indulgence pour des propos parfois un peu secs. 

Paquita, donc. Ses espagnolades, sa trame dramatique mince comme un Petit Rat, ses danses de groupe, en trio, en duo, en solo. Comme je l’avais dit en début de saison, on ne va pas voir Paquita pour être ému(e), mais pour son prendre plein la vie. C’est du brillant pour du brillant, mais moi, ça me plait. Paquita, c’est très représentatif du style et de l’élégance française, où les pieds tricotent. ça pourrait être assez ennuyeux si la chorégraphie n’était pas très inventive et remarquablement bien dansée par la troupe. Je suis bon public, et j’aime, de temps en temps, applaudir 32 fouettés et être enthousiasmée par des danses de groupe enlevées. Forcément, là, je suis servie.

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Je partais toutefois avec une certaine réserve sur le couple principal : Marie-Agnès Gillot dans Paquita et Karl Paquette dans Lucien d’Hervilly. Mon dernier souvenir de MA Gillot dans du classique, c’était sa Raymonda, et ça ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Quant au partenariat, leur crispation dans En Solau printemps dernier m’avait laissé dubitative. Finalement, ce fut bien moins pire qu’imaginé, voir même très agréable.

Néanmoins, il y a un gros problème entre Paquita et MA Gillot. La première est sensée être une jeune fille primesautière, discrète, un peu naïve et facilement intimidable. La seconde est, physiquement, une femme fatale, forte du haut du corps, qui s’impose naturellement. Et forcément, ça ne collait pas du tout. MA Gillot avait pourtant une technique brillante, et un vrai entrain dans la pantomime bien en place. Mais ça ne passait pas. Je n’ai pas cru une seconde à son personnage, et n’étais pas loin de rire au moment de son évanouissement. Son enthousiasme passait toutefois à la fin de premier acte, dans la maison, où je finissais par y croire.

Mais au 3/4 du ballet, tout change. Paquita reprend sa place de princesse, elle n’est plus timide. C’est une femme assumée qui n’a pas peur de briller. Et forcément, ça va tout de suite mieux à MA Gillot. Sa technique et sa prestance naturelle m’en ont mis plein la vue. Certains diront qu’elle était peut-être un peu en force lors de sa diagonale de grands jetés. Peut-être, mais je trouve que ça servait le personnage. Ses 32 (simples, doubles, triples) fouettés ont brillé, elle a dominé la scène, et on trouvait même un certain lyrisme lors du pas de deux. Elle m’a complètement emporté, et, au moment, des saluts, j’ai (un peu) oublié le premier acte 1/2 pour l’applaudir très chaleureusement et sincèrement.

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Physiquement, c’est sûr, Karl Paquette fait beaucoup prince charmant tout droit sorti d’un conte de Walt Disney. Artistiquement, j’ai bien aimé sa prestation. Il joue un prince plutôt réservé, mais très juste, et très investi tout au long du ballet. Techniquement, il s’est révélé un très bon partenaire, bien moins crispé qu’il y a quelques mois avec la même danseuse, et sachant la mettre en avant quand il le fallait. Dans ses variations, ça ne décollait pas du tout, c’est dommage dans un ballet brillant, mais ça ne m’a pas beaucoup surpris de sa part.

Du côté des personnages secondaires, une grosse mention spéciale à Stéphane Phavorin, irrésistible dans le rôle d’Inigo. C’est un vrai danseur-acteur, qui ne se contente pas de faire sa pantomime, mais d’être son personnage. Le pas de trois était lui aussi très enlevé, avec un Emmanuel Thibault très en forme, et une Muriel Zusperreguy à la danse tout en finesse et en piquant. Au deuxième acte, comme d’habitude, la polonaise des Petits Rats a remporté haut la main l’applaudimètre (le public est faible, il adore tout ce que font les Petits Rats).

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Au final, j’ai passé une très agréable soirée, venue trouver ce que j’étais venue chercher. J’espère renouveler l’expérience avec le couple Gilbert/Ganio, et ne désespère pas de voir ma chouchoute Myriam Ould-Braham dans le rôle principal. 

© Photos : Agathe Poupeney / Opéra national de Paris

Commentaires (2)

  • J’ai presque honte de l’avouer mais moi j’ai beaucoup aimé la Paquita de Marie-Agnes Gillot!! C’est vrai que ce n’est pas ce qu’on attend du personnage. C’est différent mais plaisant.
    Lors de la représentation à laquelle j’ai assisté la scène de pantomime du premier acte fonctionnait vraiment très bien.
    En revanche je te rejoints complètement sur Karl Paquette, pas désagréable mais pas vraiment à la hauteur.

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  • @Cams:De toute façon, je n’ai jamais vraiment été séduite par Karl Paquette, et restait assez perplexe devant l’engouement de certaines personnes.

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