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Philippe Decouflé revisité par lui-même

Jeudi 7 juin 2012. Panorama de Philippe Decouflé, à la Grande Halle de La Villette. Avec Julien Ferrantinn Rémy-Charles Marchant, Ioannis Michos, Matthieu Penchinat, Lisa Robert, Marie Rual et Violette Wanty.

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Philippe Decouflé à la Villette, je crois qu’il était difficile de passer à côté. Interviews, reportages… L’artiste est partout ces derniers-jours, y compris sur ce blog. Mais l’événement n’est pas non plus anodin. En général, un chorégraphe ne pense qu’à sa prochaine pièce. Ici, il s’agit plutôt de faire un retour en arrière.

Panorama, on n’aurait pas pu trouver meilleur titre, est vraiment un panorama de l’œuvre de Philippe Decouflé. C’est-à-dire une vision de qui est l’artiste : sa marque de fabrique, son imaginaire, ses outils préférés. La pièce est un assemblage de pièces : des petits extraits piochés ici et là, dans ses chorégraphies très connues ou plus jouées depuis 20 ans. Plein de petits bouts mis bout à bout, un peu transformés (des parties dansées par des hommes le sont maintenant par des femmes), judicieusement mis en scène, liés entre eux par un fil invisible qu’est l’univers du chorégraphe. Pour donner un ensemble diablement séduisant.

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Le but de Panorama n’est pas tellement de montrer le génie du chorégraphe, et regardez comme sa danse a bien vieilli. Parce qu’en fait, tout n’a pas bien vieilli. Les costumes de Decodex, qui avaient fait tellement parler à l’époque, font maintenant vaguement penser à des héros de Disney. Certains ballets anciens n’arrivent pas non plus à se départir de leur étiquette année 80 (ahh, les vestes de costume fluo à épaulettes) (ahhh, la musique synthé/boîte à rythme). Panorama montre  plutôt comment est Decouflé, à maintenant 50 ans et plus de 30 ans de carrière derrière lui, avec ce qu’il a réussi ou non, mais qui fait aussi partie de son parcours artistique.

Pour les connaisseurs et connaisseuses de Philippe Decouflé, Panorama est un amusant voyage en arrière, et un beau moyen de se remémorer quelques souvenirs (comme mes voisines de derrière qui pouvaient citer de mémoire chaque ballet présenté). Pour les néophytes comme moi (qui ne connais du chorégraphe qu’Octopus), c’est une des meilleures façons de découvrir le chorégraphe : ses costumes bizarres ou faits de lumières, un certain amour du cirque, ses jeux d’ombre, sa fantaisie pop-culture, son humour poétique… Voyage riche et complexe.

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Derrière la scène, un rideau noir, qui s’ouvre de temps en temps sur l’exposition Opticon, rassemblant tous les “outils” scéniques du chorégraphe. Sur les côtés, les coulisses, visibles, où les sept danseurs et danseuses changent de peau en autant de petits ballets. Et au milieu, un étrange maître de cérémonie. Au départ, il donne studieusement le nom du ballet dont l’extrait vient d’être présenté, tout en expliquant que tous ces nouveaux artistes n’étaient pas nés au moment de la création. Mais très vite, il s’affranchit de ce rôle pour devenir l’électron libre, celui qui rappelle que nous sommes en 2012 malgré ce voyage dans le temps, à l’aide d’espèces de sketchs burlesques.

Panorama commence avec des majorettes, avant de voir débarquer des silhouettes à la Jean-Paul Goude. Puis l’on passe à une pièce de jeunesse, une danse aérienne, un combat drôlissime singeant les jeux vidéos, ou à un ballet d’étranges créatures. Plein de petits bouts mélangés, dans le désordre, et qui donne un tout absolument cohérent.

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