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Soirée Danse élargie – Pauline Simon et Tanguy/Sala Reyner/Marchal – au Théâtre de la Ville

Le Théâtre de la Ville a décidé de démarrer sa saison non pas avec une star de la danse contemporaine, mais au contraire avec de jeunes pousses. Pauline Simon et le trio Simon Tanguy/Roger Sala Reyner/Aloun Marchal se sont fait remarquer au concours Danse élargie, respectivement lors des éditions 2012 et 2010, organisé par le théâtre. Leur performance ont assez convaincu pour avoir une soirée rien que pour eux/elle.

Alors, révélation ? Honnêtement, non. Mais quelques pistes toutefois, et un sérieux fou rire en fin de spectacle.

Pour ExploitPauline Simon a misé sur la performance et la vidéo. Derrière le public, au-dessus des gradins, est installé un écran. Y est projetée la chorégraphie, filmée précédemment dans un studio, de dos. Sur scène, les sept interprètes ne copient pas ce qui se passe à l’écran, mais le complète. Le film est leur partition de musique, leur fil conducteur. Le public s’en aperçoit d’ailleurs petit à petit. C’est en observant les danseurs et danseuses regarder un point précis que chacun se retourne et découvre le procédé. C’est une véritable performance, mais qui reste assez abstraite pour le public. Pas moyen en effet de voir ce que donne le mélange des deux, la scène et le film, le procédé n’étant pas fait pour être vu.

Pauline Simon veut travailler dans Exploit sur le culte de la performance. Mais à vrai dire, cela ne se ressent pas forcément. Le clin d’oeil à la compétition vient des commentateurs de France 2, dont on entend les voix lors du sacre d’Eunice Barber lors des championnats du monde. Pauline Simon se moque gentiment du faux suspens, mais l’on rit, c’est bien plus du chauvinisme exacerbé des journalistes sportifs de ce que l’on voit sur scène.

exploit
Pauline Simon explore des outils techniques, la vidéo, le son, avec forcément un rapport différent à la musique. Mais sait-elle bien vraiment ce qu’elle veut dire avec ces techniques ? La danse, du contemporain assez traditionnel s’il est possible de mélanger ces deux expressions, semble un peu noyé dans les images. La chorégraphe cherche encore une voie. Et malgré l’engagement des interprètes, ne reste au final que l’impression d’avoir vu un – certes rigoureux – mais consciencieux exercice de fin d’année d’élèves du CNSM.

Pour Gerro, Minos & him de Simon Tanguy, Roger Sala Reyner et Aloun Marchal, c’est une toute autre ambiance. Fatigante, énervante, mais dont il reste au final – et je suis toute étonnée d’écrire cela tant les minutes se sont écoulées lentement –  plus de choses que la pièce précédente.

Simon Tanguy, Roger Sala Reyner et Aloun Marchal arrivent sur scène, vêtus d’assez longs t-shirts pour que l’on ne puisse pas voir tout de suite qu’il n’y a pas de caleçon en dessous. Et démarre alors un grand n’importe quoi volontaire sur scène. Ça saute à poil dans tous les sens, ça se rentre dedans, ça crie, ça secoue des fesses. C’est tellement absurde et libéré de toute peur du ridicule que oui, Gerro, Minos & him fait rire. Vaguement. Pendant trois minutes. La pièce en compte 45. Voilà voilà voilà.

Gerro_Minos_Him
S’ensuit une flopée de questions existentielles. Mais que fais-je ici ? Pourquoi j’aime la danse déjà ? Qui va partir en premier ? Gagné ! Ce fut mon voisin de derrière, qui soupirait depuis le début, et qui quitte la salle au bout de 20 minutes, en se cassant la figure dans les escaliers (ce que je le soupçonne d’avoir fait exprès pour faire encore plus de bruit). Dans une autre société, cette totale liberté sur scène aurait peut-être provoqué une envie libératrice au public, qui voulant lui aussi rejeter les lois de la pudeur, aurait rejoint les trois danseurs sur scène dans une transe déchaînée et dévêtue (allez, tous à poil !). À Paris, cela provoque plutôt quelques soupirs et une vague lassitude (la nudité dans la danse contemporaine, quelle répétition). Le public se divise alors en trois clans : ceux et celles qui regardent fasciné-e-s, ceux et celles qui regardent hébété-e-s, et ceux et celles qui regardent leurs mails (on s’occupe comme on peut).

Le trio continue, suant et toujours aussi désapé, se roulant par terre en criant de l’air le plus débile qui soit. Mais (et c’est pourquoi il ne faut jamais quitter la salle avant que tout ne soit fini), révélation à la 40e minute : ces garçons ont de l’humour. Vraiment. Alors qu’ils sont alignés au fond de scène, la lumière s’éteint progressivement, comme pour montrer la fin du spectacle. Croyant en avoir fini, le public pousse un soupir de soulagement parfaitement audible. Sauf que, et non, c’était une blague, la pièce reprend de plus belle. Pris à son propre jeu, le public éclate de rire, et ne s’arrête plus devant la plus totale absurdité de ce qui se passe sur scène (les trois danseurs en sont maintenant à faire un concours de claques). Avouons-le, c’est assez libérateur. Le point culminant, arrive à la fin, la vraie. Craignant tellement les tomates et les huées après ce qu’ils viennent de proposer, les interprètes vont saluer à reculons, osant à peine baisser la tête et affronter l’avis du public. Il n’en fallait pas plus pour se le mettre dans la poche, et c’est sous une ovation et de vrais rires que se termine la pièce. Mais tout ça tout ça, était-ce vraiment nécessaire ?

 

Soirée Danse élargie jusqu’au 14 septembre au Théâtre des Abbesses. Exploit de Pauline Simon, avec Pauline Simon, Aurélie Berland, Celia Gandol, Léa Lansade, Claire Laureau, Corentin Le Flohic et Roberto Martineze. Gerro, Minos & him, de et avec Tanguy Roger Sala Reyner et Aloun Marchal. Mercredi 11 septembre 2013.

Commentaires (1)

  • J’y étais aussi et, si je me suis franchement ennuyée dans la première partie, le côté déjanté et risque-tout du deuxième spectacle m’a finalement séduite. Etait-ce de la danse? C’est une autre histoire.

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